Test Infinity Strash Dragon Quest : davantage un manga interactif qu’un jeu
- Une bonne réalisation technique, même sur Switch
- Un gameplay inspiré des Soul-like mais plus accessible
- Un scénario très proche de l'histoire originelle
- La mécanique des souvenirs pour améliorer les personnages
- Une durée de vie assez courte
- Le jeu n'inclut que la moitié du manga
- Une narration lente, répétitive et segmentée
- Tous les contenus originaux sont facultatifs
- Pas assez de niveaux d'exploration
- Si proche du scénario originel que cela devient une contrainte
Dragon Quest – Dai no Daibouken (ou la quête de Daï en français), spin-off de la célèbre série de RPG japonais, est un manga culte des années 90, adapté en animé sur la même période. Plus de 30 ans après sa création, la série revient à la télévision, mais aussi sous la forme d’un Action-RPG. Sorti sur Switch, PC, Xbox Séries X et PS4/PS5, ce nouveau jeu est d’une grande fidélité au manga originel. Mais il en oublie parfois qu’il est avant tout un jeu. Explications.
Ayant inspiré les premiers Final Fantasy, Dragon Quest est l’une des licences les plus populaires au Japon. Depuis l’arrivée du premier épisode en 1986, il y a presque 40 ans, cette série a été déclinée sur quasiment toutes les consoles, ainsi que sur smartphone, PC et borne d’arcade. Elle couvre pratiquement tous les genres, même si elle a une prédilection pour le RPG et ses déclinaisons. Et, bien sûr, elle a connu quelques adaptations en manga et en animé.
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C’est à la fin des années 80 que les adaptations vont se multiplier dans les librairies et les télévisions japonaises. Roto no Monsho, Yuusha no Abel, ou encore Dai no Daibuken (“les aventures de Daï” en France), que les plus vieux d’entre nous connaissent aussi sous le nom de Fly. Ce manga n’est pas inspiré d’un jeu de la série. Il s’agit d’un spin-off supervisé par le créateur de la série et s’inspirant librement du folklore de Dragon Quest.
Infinity Strash, où la difficulté d'adapter un animé en jeu
Manga et animé culte des années 90, que ce soit au Japon ou en France, les aventures de Daï reviennent 30 ans plus tard sous le feu des projecteurs. En 2020 sont annoncées une nouvelle adaptation en animé du manga originel, un nouveau manga centré sur le héros Avan et plusieurs jeux dont un Action-RPG pour console : Infinity Strash – Dragon Quest, développé par Square-Enix. Trois ans plus tard, celui-ci arrive sur Switch (notre version de test), mais aussi sur Xbox Series X, PS4, PS5 et PC. Ainsi, la boucle est bouclée.
Adapter un animé ou un manga populaire en jeu vidéo est une tâche souvent difficile et souvent ingrate. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder la longue liste des adaptations de Dragon Ball ou de One Piece. Elles ne font pas toujours honneur à l’œuvre d’origine. Et c’est d’autant plus vrai pour « Les aventures de Daï ». Pourquoi ? Parce que cette série est elle-même l’adaptation libre d’un jeu culte, comme nous venons de le souligner.
Le succès d’une adaptation dépend de nombreux choix. Faut-il reprendre le scénario d’origine ou écrire une partie inédite de l’histoire qui viendrait enrichir l’œuvre d’origine ? Faut-il s’adresser aux fans de la série ou aux nouveaux joueurs ? À ceux qui ont lu le manga dans les années 1990 ou ceux qui ont vu l’animé dans les années 2020 ? Et surtout, quel gameplay adopter ? Pour Infinity Strash, Square-Enix a fait trois choix sur le scénario, la narration et le gameplay.
Infinity Strash Dragon Quest suit scrupuleusement l'histoire de l'animé
D’abord, côté scénario, Square-Enix choisit de reprendre à l’identique l’histoire originelle du manga : hormis l’ellipse temporelle qui sert de prologue et de prétexte à revivre l’aventure depuis son démarrage, l’histoire de Daï démarre sur l’Ile aux monstres et suit scrupuleusement toutes les étapes de son épopée jusqu’à la moitié de l’animé (approximativement), depuis sa rencontre avec Avan jusqu’au combat contre Rochdémon. Infinity Strash ne prend donc aucune liberté et reste dans les clous.
D’un côté, cette décision est bonne : les joueurs qui n’ont jamais lu le manga profitent ainsi du récit originel, sans altération. D’un autre côté, cette décision est frustrante pour tous les fans de Daï qui ont déjà vu (et parfois revu) les aventures de Daï et ses amis. Nous aurions apprécié quelques circonvolutions inédites supplémentaires, en accord avec l’histoire, pour apporter de l’intérêt aux fans. Peut-être faudra-t-il attendre des DLC pour profiter de récits courts inédits. Mais ce sera bien trop tard.
Ensuite, côté narration, Square-Enix fait le choix de découper le jeu comme s’il s’agissait d’un manga. Chaque arc narratif constitue un chapitre. Et chaque chapitre est divisé en épisodes ou en niveaux. Il existe trois types d’épisode : les niveaux « histoire », qui s’apparentent à un visual novel reprenant des cases du manga (et non de l’animé) ; les niveaux « combat » qui vous placent dans une arène contre un ennemi ; et les niveaux « aventure » qui vous donnent une certaine liberté d’action et qui sont généralement facultatifs. Ces derniers, les plus intéressants, sont aussi les moins nombreux, donnant un rythme narratif très haché et assez lent.
Vous avez également un niveau appelé le Sanctuaire, seule entorse à l’extrême rigueur du scénario vis-à-vis de l’histoire d’origine. Il s’agit d’un donjon aléatoire qu’il faut faire et refaire pour acquérir des souvenirs que vous pouvez collectionner comme avec un album Panini. Le sanctuaire sert également à collecter des matériaux pour améliorer ces souvenirs et les compétences des personnages. Parcourir le sanctuaire, comme les niveaux d’explorations, n’est pas obligatoire, mais les bonus qu’ils apportent ne sont pas négligeables.
Square-Enix opte pour un Action-RPG très classique pour Infinity Strass
Parlons enfin des choix de gameplay. Infinity Strash est un Action-RPG, un style très populaire chez les développeurs et éditeurs pour les adaptations vidéoludiques. Le jeu vous propose plusieurs personnages dont le gameplay est assez similaire : sur quatre personnages jouables, trois (Daï, Maam et Hyunckel) sont des spécialistes du corps à corps, tandis que le quatrième (Popp) est plus efficace à distance. Vous n’aurez cependant pas souvent le choix des personnages accessibles, pour maintenir cette proximité avec le récit originel.
Si les niveaux « aventures » sont assez simples à accomplir, car vous pouvez généralement compter sur la complémentarité de tous vos personnages (Hyunkel / Daï servant de tank, Maam s’occupant de la guérison et Popp achevant les ennemis à distance), les niveaux « combat » demandent un peu plus de stratégie. D’abord parce que vous n’avez pas le choix de vos personnages. Vous n’avez généralement qu’un seul personnage et votre guérisseur n’est quasiment jamais concerné. Cela veut dire que vous devez gérer les rares sources de points de vie.
Ensuite parce que les niveaux « combat » vous demandent d’user plus judicieusement de l’esquive, avec un bonus non négligeable en cas de parade parfaite. Une vraie ballade pour les habitués des Soul-likes, même si la maniabilité est souvent poussive. En revanche, les plus jeunes joueurs, à qui le jeu s’adresse certainement plus, peuvent rencontrer quelques difficultés à passer quelques niveaux. Ils doivent alors passer un peu plus de temps dans le Sanctuaire.
Les combats contre les différents boss sont variés, mais vous devez combattre chaque boss à plusieurs reprises, une fois encore pour coller à l’histoire. Rares sont également les combats où vous aurez besoin d’une compétence particulière pour battre un ennemi. Toutes fonctionnent relativement bien, à condition de monter régulièrement leur niveau grâce aux matériaux que vous récupérez dans le sanctuaire et dans les niveaux libres.
Trop de quêtes sont optionnelles, Infinity Strash devient trop court
Plus rares encore sont les souvenirs qu’il est important d’équiper. Les souvenirs sont répartis en trois classes : argent, or et platine. Et chacun offre un gain de statistiques différent (force, magie, points de vie, vitesse de récupération, puissance d’une capacité, etc.). Une fois que vous avez trouvé la combinaison la plus adaptée, vous n’en changez que très rarement. Il suffit ensuite de trouver les matériaux nécessaires à leur amélioration.
La durée du jeu est relativement faible si vous décidez de ne pas investir de temps dans le Sanctuaire ou dans les niveaux d’exploration. Bien sûr, ne pas le faire augmente la difficulté du jeu. En effet, d’une part vous augmentez votre niveau d’expérience et le niveau de vos compétences plus lentement. Et d’autre part vous n’améliorez pas vos souvenirs. En revanche, si vous maitrisez l’esquive parfaite, améliorer vos personnages ne devient finalement qu’une « option ».
Faut-il jouer à Infinity Strash ? La réponse à cette question dépend de votre empathie vis-à-vis du manga « Les aventures de Daï » ou de la série « Dragon Quest ». Si vous êtes fan et que vous avez envie de revivre le récit d’une façon plus interactive que devant votre télé, ce jeu vous fera passer de bons moments. Pour les fans de la série Dragon Quest sur console, Infinity Strash doit être considéré comme une autre initiative d’élargir le gameplay, à l’image de Dragon Quest Builders, Dragon Quest Monsters ou Dragon Quest Heroes. Une initiative qui n’est pas déplaisante, mais qui manque d’ambition. Parfois brouillonne au niveau maniabilité, elle est surtout un peu trop scolaire sur la narration.
Infinity Strash Dragon Quest est une adaptation sage du manga et de l'animé L'aventure de Daï. Suivant trop scrupuleusement le scénario originel, le jeu adopte une narration hachurée et lente, ne laissant que très peu de liberté au joueur, que ce soit au niveau de la progression que du gameplay. Techniquement bien réalisé, même dans sa version Switch, Infinity Strash n'est pas un jeu désagréable à jouer. Mais il lui manque cet éclat si caractéristique que vous retrouvez dans d'autres jeux de la saga, que ce soit les opus principaux ou les spin-off comme Monsters ou Builders.
- Une bonne réalisation technique, même sur Switch
- Un gameplay inspiré des Soul-like mais plus accessible
- Un scénario très proche de l'histoire originelle
- La mécanique des souvenirs pour améliorer les personnages
- Une durée de vie assez courte
- Le jeu n'inclut que la moitié du manga
- Une narration lente, répétitive et segmentée
- Tous les contenus originaux sont facultatifs
- Pas assez de niveaux d'exploration
- Si proche du scénario originel que cela devient une contrainte