Test Le Seigneur des Anneaux Gollum : un jeu qui sent le poisson fort peu goûteux
- L'histoire originale
- Des doublages en VO de qualité
- L'exploitation de la double personnalité de Gollum dans les dialogues
- Un naufrage technique digne de la PS3
- Des cinématiques en 30 FPS remplies de bugs
- Des contrôles approximatifs et infernaux dans les phases de plateforme
- Une partie infiltration totalement ratée
- L'IA des ennemis à revoir intégralement
- Des animations faciales d'un autre temps
- Mise en scène d'une pauvreté abyssale
- Vendu au prix fort de 59,99 €
Le Seigneur des Anneaux : Gollum vous invite à suivre les mésaventures de Sméagol, la misérable créature rongée par l'Anneau unique. Le scénario a de quoi plaire aux fans, d'autant qu'il raconte une histoire jamais contée par Tolkien. Seulement, une bonne intrigue ne suffit pas à faire un bon jeu et en l'occurrence, ce LOTR Gollum n'a pas grand chose d'autre à offrir.
Le Seigneur des Anneaux : Gollum a été annoncé initialement en 2019. Comme son nom l'indique, le titre vous invite à prendre les commandes de Sméagol/Gollum, un personnage clé de la saga. Sur le papier, l'idée est intéressante, surtout pour les fans de Tolkien, d'autant plus que le studio Daedalic Entertainement a opté pour un scénario original. En effet, le titre a pour ambition de conter toute une histoire ignorée par l'auteur britannique et son fils, à savoir les aventures du héros pendant les 60 ans qui séparent la fin du Hobbit et le début de la Communauté de l'Anneau.
Au début de l'aventure, Gollum n'est plus en possession du Précieux. Il broie donc du noir dans la grisaille du Mordor, bien déterminé à retrouver la trace de ce satané Bilbon Sacquet. Seulement, pas de chance puisque notre anti-héros est capturé par les Nazguls (ndrl : les fameux serviteurs spectraux de Sauron) avant d'être jeté dans une geôle dans les profondeurs de la Tour sombre.
Sans rentrer dans le spoil, on découvre ensuite les terribles années de captivité de Gollum, avant son évasion et son voyage vers la Comté. Notez bien que cette aventure sera l'occasion pour les fans de croiser certaines têtes connues, comme Gandalf, la Bouche de Sauron ou encore Thranduil, le seigneur de la Forêt Noire (et accessoirement père de Legolas).
Voilà donc en quelques mots l'histoire de ce Seigneur des Anneaux : Gollum. Si le scénario paraît séduisant pour tout fan de la saga qui se respecte, qu'en-est-il manette en mains ? Autant le dire tout de suite, le jeu sent le poisson avarié, au grand dam de Gollum.
Un naufrage technique digne de la PS3
Les bandes-annonces de gameplay publiées ces derniers mois laissaient présager le pire pour l'aspect technique du titre. Malheureusement, on constate dès les premières minutes de l'aventure que les trois reports consécutifs n'ont pas suffit à redresser la barre.
N'ayons pas peur de mots, le titre de Daedalic Entertainment fait peine à voir sur PS5. Si les 60 FPS sont tenus en mode Performance, c'est au prix d'une qualité graphique désastreuse. Les environnements sont pauvres, les textures baveuses et floues, les effets de lumière et d'ombres complètement ratés et sans relief, tandis que les animations faciales accusent dix ans de retard, si ce n'est plus.
Et c'est valable aussi bien pour Gollum que pour tous les autres personnages. Andy Serkis peut se rassurer, sa performance de motion capture dans les films de Peter Jackson reste inégalée. Il faut également évoquer de nombreux bugs durant les cinématiques (personnages totalement flous, objets en lévitation, etc.).
La direction artistique, morne dans l'ensemble, offre quelques fulgurances. De quoi oublier parfois ces énormes défauts techniques. On notera tout de même un certain travail sur la gestuelle du hobbit maudit, plutôt bien retranscrite.
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Un gameplay d'une pauvreté confondante
Vous l'aurez compris, Gollum est loin d'être une claque graphique, que ce soit sur PS5 ou PS4. Néanmoins, on pourrait se dire que les développeurs ont fait en sorte de compenser ses faiblesses techniques avec de bonnes idées de gameplay. Eh bien, non. Malheureusement, le Seigneur des Anneaux : Gollum se présente comme un énième jeu d'aventure/infiltration comme on pouvait en trouver à la pelle sur la génération PS3/Xbox 360.
Le gros du gameplay consiste à faire de la grimpette sur des murs recouverts de lianes, des planches marquées d'un gros X à la craie blanche bien visible, des corniches dorées et des poteaux accrochés ici et là.
En plus de n'offrir aucune sensation manette en mains (les capacités de la DualSense ne sont jamais exploitées), ces phases de plateforme peuvent rapidement tourner à la crise de nerfs, la faute à des bugs de collision et des combinaisons de touches absolument atroces.
Certains mouvement avancés demandent d'appuyer sur trois ou quatre boutons en même temps. Il m'est par exemple arrivé de rester coincé dans un petit caillou en plein sprint et d'être fatalement rattrapé par les orcs. Echec de la mission et retour au dernier point de contrôle… Rageant.
Ne comptez pas sur l'infiltration
La boucle de gameplay se divise ensuite entre infiltration et énigmes environnementales. Lorsque Gollum ne peut pas se la jouer Yamakasi, la créature doit évoluer dans l'ombre pour éviter les orques et les elfes en patrouille. Fort heureusement, vous aurez à votre disposition de nombreux outils pour varier les approches.
C'est faux bien entendu. Hormis des cailloux que l'on pourra jeter sur certains éléments du décor pour distraire les gardes quelques instants, Gollum n'a rien d'autre à offrir. On peut bien essayer d'étrangler les adversaires qui n'ont pas de casque, mais il faudra poser un RTT tant la procédure est interminable. Rajoutez à cela une IA aux comportements erratiques, avec des gardes qui vous repèrent à 5 km ou complètement aveugles, et vous aurez vite compris qu'il vaut mieux courir comme un dératé pour atteindre la fin du niveau.
Les énigmes et les dialogues relèvent un peu le niveau
Les énigmes, qui sans être renversantes d'originalité, ont le mérite d'apporter de la variété à l'ensemble. Si elles consistent pour la plupart du temps à analyser l'environnement proche pour trouver la solution, elles introduisent surtout des cinématiques avec des dialogues à embranchements.
Comme vous le savez peut-être, Gollum n'est pas seul dans sa tête. Les développeurs ont eu la bonne idée d'exploiter la double personnalité du personnage. A plusieurs reprises, le joueur sera amené à prendre position pour Sméagol ou Gollum.
Il faudra ensuite convaincre son alter-ego en choisissant les bons arguments parmi différentes propositions. Vos choix altéreront (un peu) la suite du récit et pourront sceller le destin de certains personnages secondaires. Il s'agit sans aucun doute d'un des rares points forts du jeu.
Et si la mise en scène des cinématiques est d'une tristesse affligeante (de simples champ-contrechamps), il faut bien tirer son chapeau devant l'excellente qualité des doublages. En VO du moins, la VF n'étant pas disponible sur la version de test fournie par l'éditeur. Le comédien de doublage derrière Gollum livre une belle prestation, et il va de même pour les autres personnages principaux et secondaires, y compris les orques.
Un jeu qui s'adresse aux fans hardcore, et encore
Après ce tour d'horizon peu reluisant, on peut difficilement recommander ce Seigneur des Anneaux : Gollum à qui que ce soit. Les fans inconditionnels de l'univers de Tolkien seront peut-être enclins à se laisser séduire pour découvrir cette histoire originale… Avant de se décourager devant l'avalanche de défauts décrite plus haut.
D'autant que le jeu, disponible dès ce jeudi 25 mai 2023 sur PC, PS5/PS4, Xbox Series et One et Nintendo Switch, se paie le luxe d'être vendu à 59,99 € ! Proposé à 30 ou 40 €, la pilule passerait mieux, mais là, on est tenté de crier au scandale.
Surtout, on voit mal comment Gollum pourra tirer son épingle du jeu en cette fin mai 2023. Si on se met à la place d'un joueur qui a 60 € à dépenser, pourquoi les investir dans Gollum ? The Legend of Zelda : Tears of The Kingdom vient tout juste d'arriver, tandis que Diablo IV doit débarquer dès le 6 juin, suivi de près par Street Fighter 6 et Final Fantasy XVI. Finalement, un 4e report de sortie pour Gollum n'aurait pas été de trop et lui aurait peut-être permis de sortir dans un meilleur état… Un conseil, oubliez ce Seigneur des Anneaux : Gollum.
Le Seigneur des Anneaux : Gollum porte les stigmates d'un développement laborieux. En voulant taper dans différents genres (jeu de plateforme, d'infiltration, narratif), le titre de Daedalic Entertainment n'excelle dans aucun domaine. Très en retard sur le plan technique, le jeu ne brille pas non plus par son gameplay, approximatif et ennuyeux au possible. Reste une histoire originale à même de séduire les fans de l'univers de Tolkien, portée par d'excellents doublages. Mais à 60 €, difficile de recommander ce jeu cassé sur de nombreux aspects.
- L'histoire originale
- Des doublages en VO de qualité
- L'exploitation de la double personnalité de Gollum dans les dialogues
- Un naufrage technique digne de la PS3
- Des cinématiques en 30 FPS remplies de bugs
- Des contrôles approximatifs et infernaux dans les phases de plateforme
- Une partie infiltration totalement ratée
- L'IA des ennemis à revoir intégralement
- Des animations faciales d'un autre temps
- Mise en scène d'une pauvreté abyssale
- Vendu au prix fort de 59,99 €