Test Lenovo Yoga Book 9i : un PC portable à deux écrans qui sort trop des sentiers battus

Notre avis

Le Lenovo Yoga Book 9i est un ordinateur étonnant. Équipé de deux écrans OLED tactiles, il veut complètement repenser nos usages. Un ultra-portable 13 pouces audacieux servi par une technique impeccable, mais qui se montre souvent déroutant, voire agaçant.

Un ordinateur portable, c’est un écran accolé à un clavier/trackpad, le tout se fermant comme une boîte à bijoux. Un format utilisé depuis plus de trente ans maintenant, mais que certains produits tentent parfois de bousculer. C’est le cas du Yoga Book 9i de Lenovo.

Il propose deux écrans OLED de 13 pouces capables de pivoter sur eux-mêmes à 360 degrés. Avec ce PC, Lenovo veut offrir trois usages : un grand affichage utilisant les deux dalles, un mode tablette, mais aussi un mode PC classique en transformant un des écrans en clavier tactile. Pour encore plus de flexibilité, un clavier Bluetooth externe ainsi qu’un stylet sont fournis.

Sur le papier, nous avons donc un concept intéressant, poussé par des caractéristiques techniques solides (Intel Core i7, 16 Go de RAM…), mais qu’en est-il dans la pratique ? Nous avons vu par le passé que ce genre d’expérience n’était pas forcément concluante. Le Lenovo Yoga Book 9i arrive-t-il à nous convaincre ? La marque chinoise a-t-elle enfin trouvé la formule magique ? Réponse tout de suite.

Prix et disponibilité du Lenovo Yoga Book 9i

Le Lenovo Yoga Book 9i est disponible sur le site officiel du constructeur et chez les revendeurs partenaires. Il n’est vendu qu’en une seule configuration à un prix de 2 799 euros. Un tarif très élevé pour un ultra portable de 13 pouces. L’on doit évidemment ça à ses deux écrans.

À titre de comparaison, le ZenBook Fold 17 d’Asus, qui adopte le même format, mais avec un seul écran pliable, est lui vendu presque 3500 euros. Nous sommes donc dans le domaine du Premium et en conséquence, nous serons intransigeants. Le Lenovo Yoga Book 9i n’a pas le droit à l’erreur.

Une fiche technique très solide

Quand on regarde juste sa fiche technique, on pourrait penser que le Lenovo Yoga Book 9i est un ultra-portable haut de gamme classique. Il est équipé d’un processeur Intel Core i7-1355U, d’un eGPU Intel Iris Xe, de 16 Go de RAM ainsi que d’un SSD de 1 To. Ce sont bien entendu les deux dalles 13,3 pouces qui mettent la pouce à l'oreille sur sa particularité.

Lenovo Yoga Book 9i
Ecran13,3 pouces
OLED
2880 x 1800 pixels
60 Hz

13,3 pouces
OLED
2880 x 1800 pixels
60 Hz
Epaisseur299 x 204 x 16 mm
Poids1,4 kilo
CPUIntel Core i7-1355U
GPUIntel Iris Xe
RAM16 Go
Stockage1 To
Connectique- 3 x USB-C Thunderbolt

A lire aussi – Test Lenovo Tab Extreme : la tablette surprise de l’été

Un design atypique

C’est bien évidemment la présence des deux écrans qui rend le produit si curieux. La partie clavier disparaît au profit de deux dalles OLED collées ensemble par une charnière et qui peuvent pivoter à 360 degrés. Un form factor qui n’est pas tout à fait nouveau chez le constructeur, puisqu’on se souvient du Yoga Book C930 en 2019. Ce dernier remplaçait le clavier par un écran e-Ink. Le résultat était alors peu convaincant.

Une fois le Yoga Book fermé, nous avons un PC « classique » avec un châssis aluminium très sobre (bleu nuit) et épuré. Il pèse 1,3 kilo, poids acceptable pour un ultra portable de 13 pouces, et adopte des dimensions de 30 x 20,4 x 1,5 cm. Toutefois, le transport se montre contraignant, puisqu’en plus du chargeur, il faut aussi embarquer un clavier Bluetooth.

Vendu avec le PC, il peut se poser sur l’écran inférieur afin de servir de clavier « normal », ou alors se placer ailleurs afin de profiter au mieux des deux dalles. Le fait de pouvoir étendre l’affichage est d’ailleurs l’un des points forts de ce PC. Nous y reviendrons plus longuement dans la dernière partie.

Une fois le clavier en dur posé sur la partie inférieure, l’écran secondaire s’adapte à sa position. Par exemple, un trackpad virtuel apparaît s’il est placé contre la charnière. Ici, nous avons quelque chose qui se rapproche le plus d’un laptop tel qu’on le conçoit. En revanche, si vous le placez à l’opposé, l’écran fera apparaître deux fenêtres au-dessus pour afficher des applications ou des pages web (en sacrifiant le trackpad). Aucun souci de glisse, puisque le péripéphique est fixé via un système d'aimants. Tout se fait de manière fluide, rapide, comme il se doit. Bluffant et surtout très pratique.

Cette facilité d’utilisation est cependant desservie par une ergonomie qui laisse à désirer : le clavier Bluetooth n’est pas agréable, loin de là. La frappe est molle sous les doigts et la résistance inexistante. Nous tapons ce présent test avec (en mode portable) et il faut dire que ce n’est pas la panacée. Plus encore, nos paumes reposent sur l’écran, ce qui apporte une sensation déplaisante, surtout quand le PC se met à chauffer. Nos mains sont moites au bout de dix minutes seulement.

Mais le clavier physique, aussi médiocre soit-il, est toujours mieux que de taper directement sur l’écran. Vous pouvez faire apparaître touches et trackpad à l’envi, ce qui peut être utile quand on n’a pas le clavier sous la main. Malgré un retour haptique bien présent, travailler ainsi n’est pas optimal, c’est même agaçant par bien des aspects. Un clavier virtuel pour dépanner, pas plus. Le trackpad, pour sa part, est aussi efficace qu’un écran tactile peut l’être.

Pourtant, la partie logicielle autour de ce clavier virtuel est un exemple à suivre. Lorsque le Yoga Book est ouvert sur les deux bureaux, il suffit d’appuyer sur l’écran inférieur avec trois doigts pour instantanément faire apparaître le trackpad. Pour le clavier, il faut appuyer avec huit doigts (les deux mains sans les pouces, donc). Là encore, il apparaît immédiatement. Une idée tout simplement géniale qui fonctionne à la perfection à défaut d’offrir une frappe agréable.

Parlons maintenant des tranches. A l’image du design du capot arrière, Lenovo a misé sur quelque chose de très épuré. Nous avons des bords légèrement arrondis avec trois ports USB Type-C Thunderbolt 4 (pour la connectique et la charge), et c’est tout. Il faudra penser à investir dans un HUB avec USB Type-A. On peut aussi trouver le bouton d’allumage ainsi qu’un bouton coulissant pour activer et désactiver la webcam. On apprécie ce détail qui prend en compte notre sécurité.

Pas de capteur d’empreintes, puisque le déverrouillage se fait par la webcam IR via Windows Hello (très pratique et efficace). Elle se loge dans un petit appendice qui permet également de facilement ouvrir le PC.

Enfin, abordons un dernier accessoire inclus dans la boîte. La cover qui permet de protéger le clavier physique lors du transport ainsi que le stylet (lui aussi inclus).

Plus que ça, elle permet, grâce à un jeu au niveau des plis, de placer le Yoga Book de telle façon qu’on peut utiliser les deux écrans côte à côte ou superposés. Une vraie bonne idée, mais qui augmente l’encombrement global du produit.

Lenovo offre un PC curieux à utiliser. C’est de ses deux écrans que le Yoga Book 9i tire sa force, mais aussi ses plus grandes faiblesses. Si tout est impeccable au niveau de l’ergonomie, de la finition et de la partie logicielle, on regrette un format peu pratique en utilisation laptop. Mais c’est bien lorsqu’on utilise le produit en mode dual screen qu’il prend tout son sens. Un PC indissociable de son format hors du commun. Il faut garder cela à l’esprit lors de l’achat, car il offre une expérience tout autre qu’un ultra-portable classique.

Un duo d’écran perfectible

Le Lenovo Yoga Book 9i dispose deux écrans OLED de 13,3 pouces d’une définition de 2880 x 1800 pixels et avec un taux de rafraîchissement de 60 Hz. Deux ardoises tactiles identiques, mais à l’utilisation bien différente, puisque l’écran inférieur sert à la fois d’affichage et de clavier/trackpad tactile au besoin. Nous avons évidemment analysé la dalle à l’aide de notre sonde et les résultats obtenus sont moyens. OLED oblige, nous avons déjà un contraste infini, ce qui permet une vision parfaite des nuances de gris. Idéal pour regarder des séries ou jouer.

Le Yoga Book 9i ne dispose que d’un seul profil de couleurs, que ce soit dans les paramètres Windows ou dans l’application officielle du constructeur. Un choix regrettable, on aurait aimé avoir la main mise et adapter la colorimétrie selon l’usage. De plus, le profil par défaut n'est pas satisfaisant : nous avons un Delta E moyen à 5, soit élevé. Ici, ce sont les couleurs primaires qui sont exagérées pour donner du « peps » à l’image. Concrètement, les couleurs affichées sont fluo, ce qui n’est pas idéal pour travailler des photos. La température, pour sa part, est très acceptable à 6200K soit proche de la norme vidéo (6500K). L’affichage ne tire donc que très légèrement vers le rouge, ce qui est quasi-imperceptible à l’œil nu. A noter que la température peut être abaissée dans l’application Lenovo préinstallée. Bref, il y avait mieux à faire.

Concernant la partie audio, le résultat n’est pas bien brillant. Si le haut-parleur central se montre bien puissant, son format ne permet pas de délivrer un son correct. De ce fait, nous avons une distorsion très élevée et peu agréable. A cela s’ajoutent des médiums et bas médiums cruellement absents. Nous avons un son digne d’un vieil autoradio et les voix sont nasillardes. Pas terrible.

Une gestion de la chauffe qui laisse à désirer

Le PC de Lenovo est équipé d’un processeur Intel Core i7-1355U avec 16 Go de RAM (modèle unique). Il est accompagné d’un eGPU Intel Iris Xe pour donner un petit coup de pouce graphique. Sur le papier, nous avons quelque chose de très classique. Après notre habituelle session de benchmarks, un constat s’impose rapidement. Si le PC apporte une puissance suffisante pour faire de la bureautique, même un peu poussée comme de la retouche photo ou de la décompression, il reste bien en dessous des ordinateurs concurrents équipés du même CPU.

En effet, lorsqu’il est en plein travail, le Yoga Book 9i ne fait fonctionner son CPU qu’à 60% de ses pleines capacités. Un bridage nécessaire, compte tenu du format très particulier de la machine. L’air frais est aspiré par les côtés tandis que l’air chaud est expulsé par une petite aération dans la charnière. Malgré tout, le CPU reste chaud (74 degrés) et la chaleur se diffuse très rapidement sur la dalle secondaire.

La conséquence se fait immédiatement sentir : l’écran inférieur -qui est au-dessus des composants- est chaud. Si cela ne dérange pas l’utilisateur lorsqu’il déporte le clavier, cela devient vite insupportable en mode « laptop », lorsque nos poignées reposent sur la surface chaude de la dalle. Aïe. Une gestion peu optimale, donc, malgré la réduction des capacités du CPU. On se demande pourquoi Lenovo n’a pas plutôt opté pour un Core i5. Bon point, les nuisances sonores sont inexistantes, le produit restant à 37 décibels.

L’eGPU peut apporter un petit coup de pouce en termes de calcul graphique. Bien entendu, le Yoga Book 9i n’est pas un PC de jeu et il est impensable de faire tourner Baldur’s Gate 3 ou Starfield, mais l’Intel Iris Xe peut faire fonctionner des jeux peu gourmands en ressources. Par exemple, Diablo 2 Resurrected tourne à 30 images par seconde avec les graphismes au minimum (10-15 FPS avec les graphismes à fond). Encore une fois, le PC est bridé afin de ne pas faire grimper la température dans les extrêmes. Lorsqu’il est mis à l’épreuve, l’Iris Xe ne dépasse pas les 60 degrés.

Bref, un ordinateur qui fait de grandes concessions à cause de son format, mais même en bridant le processeur, la circulation de l’air laisse à désirer et la chaleur dérange. Imperceptible en usage dual screen, mais bien pénible en mode laptop.

Une autonomie qui paye les deux écrans

Deux écrans, c’est aussi plus d’énergie consommée. De fait, le Lenovo Yoga Book 9i ne dispose pas d’une autonomie incroyable, malgré une batterie de 80 Wh. En utilisant normalement le terminal avec les deux écrans activés, que ce soit pour taper (avec le clavier physique ou virtuel) ou en dual screen, nous atteignons péniblement les sept heures avant d’arriver à 0%. En lecture de vidéo en streaming, nous sommes sous la barre des six heures. C’est très juste pour un ultra-portable !

Il faudra donc penser à se trimballer le chargeur avant de partir pour une journée de travail. Celui-ci se montre petit, à peine plus gros que celui d’un smartphone, et est doté d’une puissance de 65 Watts. Il recharge entièrement le PC en un peu plus d’une heure et demie. C’est correct, mais on aurait préféré plus d’autonomie.

Le double écran, une fausse bonne idée ?

Il est maintenant temps de se poser la question qui tue : le format avec deux écrans a-t-il réellement un intérêt ? Le Yoga Book 9i apporte-t-il quelque chose en plus sur le marché et surtout, vaut-il son prix XXL ? Si le constructeur chinois tente des choses intéressantes et les réussit, il n’arrive malheureusement pas à convaincre pleinement.

Il faut déjà saluer une chose : la partie logicielle épouse parfaitement le hardware. Comme nous le signalions plus haut, chaque manipulation avec le clavier physique est accompagnée par Lenovo. On le place sur l’écran du bas et hop, il fait apparaître instantanément le trackpad ou les fenêtres supplémentaires. On place le PC debout, avec les écrans en mode paysage et Windows comprend immédiatement ce qu’il se passe. On place huit doigts sur la dalle et le clavier apparaît… Tout est simple, bien pensé, intuitif, c’est une réussite à ce niveau. Mais c'est bien l'usage qui pèche.

Trois utilisations se dégagent avec le Yoga Book 9i. La première est l’usage « classique » laptop, avec ou sans le clavier physique. Il faut être clair : si vous cherchez un PC à utiliser exclusivement de cette manière, passez votre chemin. Là-dessus, il vaut mieux opter pour un format normal, beaucoup plus pratique, puissant et endurant.

La deuxième, c’est l’utilisation dual screen. Grâce au pied fourni, il est possible de placer les deux écrans côte à côte avec la charnière dépliée à 180 degrés. Ici, il faut obligatoirement utiliser le clavier physique pour naviguer… mais aussi brancher une souris (le trackpad n’étant pas disponible). Il est vrai qu’il est agréable de bosser avec deux affichages en mode nomade et c’est dans cet usage que le Yoga Book 9i prend tout son sens.

Enfin, la troisième utilisation est simplement le mode tablette, les deux dalles pouvant se replier sur elles-mêmes. Plus besoin de clavier physique dans ce cas, juste de vos doigts… ou du stylet fourni dans la boîte. Ce dernier se montre réactif et efficace.

De ces trois usages, seul celui exploitant le double écran a réellement un intérêt, et encore. Il se montre en effet assez contraignant, ne serait-ce que par le fait de devoir transporter le chargeur et le clavier à part. Mais une fois installé, il est plaisant d'avoir un affichage plus large. Lors de notre semaine de test où nous nous sommes servis du Yoga Book comme notre PC principal, moins du quart de notre temps a été utilisé dans ce mode. En réalité, c'est bien le format laptop classique qui s'impose naturellement, plus flexible et pratique pour bosser. Brancher un écran externe sur votre PC portable et vous obtenez le même résultat, en mieux. Pour finir, nous signalerons que nous n'avons pas regretté le Yoga une fois le test terminé, étant même satisfaits de revenir à un format “normal”. Constat cruel pour un PC à presque 3000 euros.

Bref, le Lenovo Yoga Book 9i est rempli de bonnes idées et il les applique soigneusement. Cependant, le format particulier a du mal à convaincre pleinement, encore trop expérimental et trop contraignant pour le travail ultra nomade. A réserver à ceux qui veulent réellement un double affichage partout, tout le temps, et qui ne craignent pas de transporter tout leur matériel avec eux.

Lenovo Yoga Book 9 13IRU8 - Ordinateur Portable 2x13.3'' 2.8K (Intel Core i7-1355U, RAM 16Go, SSD 1To, Intel Iris XE Graphics, Windows 11 Home) Digital Pen 3 + Clavier AZERTY Français - Bleu
Notre Verdict

Le Lenovo Yoga Book 9i est techniquement un bon ordinateur. Il sait tirer profit de son curieux format et propose quelque chose de vraiment différenciant par rapport à la concurrence. Si ses deux écrans représentent sa plus grande force, c’est aussi sa plus grande faiblesse. Il est compliqué de conseiller cet ordinateur plutôt qu’un autre au format classique, tant il est difficile à utiliser comme ultra-portable nomade. Il faut aussi prendre en compte le prix, 2700 euros, ce qui fait cher l’expérimentation. Reste un ordinateur intéressant, original, uniquement dédié à ceux qui veulent deux écrans partout, tout le temps.

Voir les commentaires
Ailleurs sur le web