Test Motorola Edge 30 Ultra : un smartphone aussi bon que méconnu
-
450.89€
-
496.1€
-
497.1€
-
556€
-
567.12€
-
629.99€
-
932.45€
-
934.26€
-
1017.84€
Outre le Razr 2022, le Edge 30 Ultra est le smartphone le plus ambitieux de Motorola depuis 2020. Ultra complet. Ultra puissant. Et plutôt beau garçon, le Edge 30 Ultra mériterait, comme bien d’autres modèles de la marque, d’être mieux considéré. Car, même si son prix frôle les 900 euros, il propose un rapport qualité-prix largement plus intéressant que la plupart de ces concurrents directs. Quels sont ces arguments ? Pour répondre, nous l’avons testé pendant plusieurs mois.
Le constat est dur : Motorola est une marque qui n’arrive pas à se détacher de cette image vieillissante et has-been. Et pourtant, nous ne cessons de le répéter dans nos colonnes : les produits de Motorola profitent d’une bonne construction, d’un positionnement tarifaire agressif et de fiches techniques complètes. Oui, les produits de Motorola ne sont pas irréprochables. Mais souvent, vous ne trouverez pas mieux au même prix.
Lire aussi – Test Vivo X90 Pro : des améliorations importantes, mais de grandes concessions
Nous en voulons pour preuve le Motorola Moto G200, testé fin 2021 dans nos colonnes : il était à l’époque le smartphone sous Snapdragon 888+ le moins cher du marché. Et si vous étudiez le reste du catalogue de Motorola, vous trouvez quelques perles rares : le Razr 2022, le Edge 20 ou encore le Edge 30 Pro. Voilà une belle brochette qui ne va certainement pas cesser de grandir. Le Edge 30 Ultra, le plus ambitieux des Edge à ce jour, peut-il prétendre à intégrer cette liste ? C’est ce que nous allons découvrir dans ce test complet et (très) longue durée.
Prix et date de disponibilité
Le Edge 30 Ultra est le plus onéreux des smartphones de Motorola, hors téléphone pliant. Son prix public conseillé s’élève à 899 euros, soit 100 euros de plus que le Edge 30 Pro. Il n’existe qu’une seule configuration avec 12 Go de RAM et 256 Go de stockage. Il se décline en deux coloris, noir (présenté ici) et blanc. Motorola est encore l’une des seules marques à proposer son smartphone le plus évolué sous la barre des 1000 euros.
Vis-à-vis de sa fiche technique, le Edge 30 Ultra profite d’un prix cohérent. Ses concurrents les plus directs sont le Xiaomi 12T Pro et le Xiaomi 13, le OnePlus 10T et le OnePlus 11, le Realme GT2 Pro, ou encore le Find X5 d’Oppo. Tous sont commercialisés, à configuration égale (ou proche), entre 799 euros et 849 euros, sauf le Find X5 et le Xiaomi 13 qui sont proposés à 999 euros.
Parmi eux, le plus proche du Edge 30 Ultra est le Xiaomi 12T Pro. Il est vendu 100 euros moins chers que le modèle de Motorola, mais quelques concessions, notamment au niveau photo, sont très lourdes. À tel point que le rapport entre le prix et l’expérience utilisateur est meilleur du côté de Motorola. Nous vous dirons pourquoi dans ce test.
Le Motorola Edge 30 Ultra est d’ores et déjà disponible. Vous pouvez le trouver sur la boutique officielle de Motorola (ainsi que celle de Lenovo, la maison-mère de la marque), mais également chez certaines enseignes habituelles, notamment Boulanger, Darty, Fnac, Cdiscount et Amazon.
Dans la boîte, vous retrouvez le téléphone, bien évidemment, ainsi que quelques accessoires. Une coque en plastique souple pour protéger le mobile dès sa sortie de boîte. Un câble USB-C vers USB-C pour brancher le mobile. Et un chargeur adapté à la puissance acceptée par le smartphone. C’est de plus en plus rare dans les boîtes des téléphones haut de gamme. Merci Motorola de continuer à en fournir. En revanche, nous regrettons la suppression des écouteurs filaires. Notez aussi que la boîte du Edge 30 Ultra est en carton recyclé sans film plastique.
Design
Ergonomiquement, le Edge 30 Ultra respire l’expérience premium. C’est un très beau téléphone, même si, comme toujours, chacun ses goûts. Et nous ne les discuterons pas. Le Edge 30 Ultra est habillé de verre minéral Gorilla Glass 5 de Corning à l’arrière, comme à l’avant, ce qui n’est pas le cas du Edge 30 Pro qui se contentait de Gorilla Glass 3 à l’avant (et toujours du Gorilla 5 à l’arrière). Ici, le verre est travaillé avec un effet irisé très sympa (qui nous rappelle Oppo Glow). Le toucher satiné est très agréable. Et ce revêtement ne retient pas les traces de doigt. En revanche il est assez glissant.
Toujours à l’arrière, vous pouvez constater que le Edge 30 Ultra ne reprend pas le module photo ovoïde du Edge 30 Pro. Il intègre un module rectangulaire plus classique, séparé en trois parties distinctes. Une première partie où vous retrouvez un énorme objectif photo. Une deuxième partie avec deux capteurs secondaires plus petits. Et une dernière partie qui flanque verticalement les deux autres où vous retrouvez le flash et quelques informations sur le capteur principal.
Deuxième grande différence avec le Edge 30 Pro, le Edge 30 Ultra profite d’un châssis (et donc de tranches) en aluminium. C’est beaucoup plus qualitatif que le polycarbonate du modèle Pro. Nous avions regretté la présence d’un tel matériau dans un smartphone dont le prix de vente frôle les 800 euros. Le faux pas est ici rattrapé, même si cela alourdit la facture. Toujours sur les tranches, le Edge 30 Ultra repositionne les boutons matériels aux bons endroits et supprime le lecteur d’empreinte digitale latéral. Le capteur biométrique est désormais sous l’écran. Expérience premium oblige !
Autre grande différence entre le Edge 30 Pro et le Edge 30 Ultra : l’écran. Sans entrer dans les détails techniques que nous verrons dans la partie suivante de ce test, cette dalle est ici incurvée et ses bordures sont quasi inexistantes. Cela change forcément la lisibilité de certains contenus. Mais cela change surtout la prise en main : le smartphone est quasiment le plus fin en largeur que son prédécesseur et pratiquement tous ses concurrents avec un écran de même taille : 73,5 mm de large pour le Edge 30 Ultra, contre 74,1 mm à 76 mm pour les autres, sauf le Find X5 qui atteint 72,6 mm. Il est également le plus petit en hauteur (162 mm). Il est l’un des plus fins (8,4 mm) et l’un des seuls de sa catégorie à ne pas dépasser les 200 grammes sur la balance.
L’écran du Edge 30 Ultra intègre aussi un poinçon pour le selfie. Il est centré sur la bordure supérieure et souligne l’écouteur téléphonique presque invisible. En outre, la surface avant du téléphone est couverte d’une protection préinstallée en usine. Le Edge 30 Ultra est donc un smartphone très agréable à regarder, mais aussi à tenir en main. Contrairement au Edge 30 Pro, les boutons matériels sont bien placés, le lecteur d’empreinte est sous l’écran, l’aluminium domine les tranches et le verre minéral est agréable sous les doigts. C’est une vraie réussite.
Écran
Entrons maintenant dans les détails de l’écran. Nous avons vu dans la partie précédente de ce test que la dalle est incurvée, réduisant la largeur du produit et réduisant considérablement les bordures. Des bordures qui sont désormais quasiment inexistantes, même en haut et en bas du téléphone. C’est assez impressionnant. Et ça change considérablement face au Xiaomi 12T Pro dont la dalle est totalement plate. Mais, techniquement, cet écran vaut également le détour.
Vous retrouvez ici une dalle P-OLED en provenance de LG Display. Les caractéristiques d’un écran P-OLED sont assez proches de celles d’un écran AMOLED : les taux de contraste sont infinis, la consommation d’énergie est maitrisée et le HDR est prononcé. La taille est 6,67 pouces, comme le Xiaomi 12T Pro (et 0,03 pouce de moins que le Edge 30 Pro). C’est une taille très confortable. D’autant que l’écran incurvé permet une utilisation à une main plus facile.
La définition est Full HD+ pour une résolution très légèrement inférieure à 400 pixels par pouce. Il est vrai que nous sommes habitués à des résolutions supérieures à 400 pixels par pouce. Mais, au quotidien, cela suffit vraiment pour profiter de tous les contenus, qu’ils soient audiovisuels, photographiques, sociaux ou ludiques. L’écran est compatible HDR10+. C’est un standard bien implanté dans le haut de gamme. Nous aurions bien aimé la compatibilité avec Dolby Vision. Mais ce n’est pas pénalisant.
Le taux de rafraichissement peut atteindre les 144 Hz au maximum, ce qui est très bien, notamment pour le gaming et le surf sur le web. Vous avez trois réglages possibles : 144 Hz en permanence, 60 Hz en permanence (pour économiser de la batterie) ou automatique (pour conjuguer autonomie et fluidité). Ce dernier dispose de deux paliers intermédiaires supplémentaires : 90 Hz et 120 Hz. Mais il ne peut passer sous la barre des 60 Hz pour les images fixes. Et c’est dommage.
Côté couleur, le Edge 30 Ultra propose deux modes : couleurs naturelles et couleurs saturées. La colorimétrie est plutôt bien respectée dans le premier mode avec un Delta E de 1,9 seulement. La température moyenne des couleurs est quasi idéale, à 6530°. À quelques degrés, c’est le score parfait ! En passant dans le second mode, les couleurs sont plus vives. Le Delta E passe à 4, ce qui n’est pas très bon (mais c’est un symptôme de ces modes qui privilégient le bleu et le vert pour flatter les yeux). La température frôle les 7465°, pour un blanc qui tire vers le bleu.
Finissons avec la luminosité. En mode automatique, en extérieur, sous le soleil, Motorola promet des points de lumière à 1250 nits. C’est dans la moyenne du haut de gamme en 2022/2023. Sur l’ensemble de la dalle, attendez plutôt 1000 nits en extérieur et en automatique. En réglage manuel, les modes « couleurs naturelles » et « couleurs saturées » proposent la même luminosité maximale à 550 nits. Nous considérons que c’est bien à partir du moment où la dalle est capable de passer au-dessus des 500 nits. Et c’est le cas ici.
Interface
Comme toujours chez Motorola, le Edge 30 Ultra fonctionne avec une version dont l’ergonomie n’a été que très peu altérée. Cela veut dire que Motorola reprend ici environ 95 % de l’interface Android pure. À part les Pixel, aucune autre marque de smartphone ne respecte autant les prérequis de la firme de Mountain View. Ce qui apporte de la fluidité, de la stabilité, une grande compatibilité et de la simplicité.
Une simplicité qui s’exprime par le nombre restreint d’applications préinstallées. Un exemple concret : il n’y a pas de galerie chez Motorola, contrairement à Oppo, Xiaomi ou Samsung. La marque préfère installer Google Photos. Il y a seulement deux applications commerciales ici : TikTok et Facebook. Un choix intéressant : Motorola cible les jeunes, mais n’oublie pas les moins jeunes, ceux qui ont connu « Moto » à la grande époque.
Simplicité, certes, mais complétude également, puisque l’interface du Edge 30 Ultra, comme celle des autres téléphones de la marque, profite de quelques ajustements discrets, mais non négligeables. Nous retrouvons « Ready For », l’application pour transformer le téléphone en ordinateur (comme Samsung DeX), « Moto », un accès unique pour paramétrer l’interface, les performances et l’interactivité du mobile, « Jeux », un logiciel pour adapter le comportement du téléphone quand vous jouez, etc.
Vous retrouvez aussi tous les paramètres supplémentaires d’accessibilité, comme la division de l’écran pour afficher deux applications simultanément, la mise en marche de la lampe torche en un mouvement de poignée, la capture d’écran à trois doigts, la personnalisation des touches matérielles selon certains scénarios, etc. De nombreux outils sont donc disponibles pour personnaliser l’expérience du Edge 30 Ultra.
Le smartphone ayant été annoncé en septembre 2022, le Edge 30 Ultra fonctionne sur Android 12. Depuis, le téléphone a bénéficié de nombreuses mises à jour, comprenant notamment tous les patchs de sécurité. À l’heure où nous écrivons ces lignes, les signatures de février 2023 ont été déployées sur le Edge 30 Ultra. Motorola suit donc plutôt bien les versions d’Android.
Et la marque améliore aussi le support des mises à jour. Le Edge 30 Ultra est le premier smartphone haut de gamme de Motorola à supporter 3 ans de mise à jour d’Android. Même le Razr 2022 ne profite pas de cela. Mais attention, il y a une subtilité. En effet, vous aurez remarqué que le Edge 30 Ultra est lancé sous Android 12. Et à l’heure où nous écrivons ces lignes, la mise à jour n’a pas été poussée. La concurrence a déjà poussé Android 13 sur ses flagships. Il y a donc un décalage d’expérience.
Trois ans de mise à jour, cela veut dire que, théoriquement, le Edge 30 Ultra profitera de 3 versions majeures d’Android. Mais ce n’est qu’une théorie, compte tenu de la date de lancement du Edge 30 Ultra. Nous pensons qu’Android 13 et Android 14 sont assurés d’y être poussés. Mais il est possible qu’Android 15 ne le soit pas. Ce qui serait décevant. Pourquoi ? Parce que les marques concurrentes promettent de plus en plus quatre ans de mise à jour. C’est le cas de Samsung (sur les S23) et d’Oppo (sur le Find N2 Flip).
Performances
Passons à l’intérieur du téléphone et étudions la plate-forme du Edge 30 Ultra. Le smartphone est équipé du tout puissant Snapdragon 8+ Gen 1. Bien sûr, ce n’est plus le plus puissant des processeurs Qualcomm, puisqu’il a été remplacé par le Snapdragon 8 Gen 2 que vous retrouvez dans la série Galaxy S23, le Xiaomi 13 Pro ou le OnePlus 11. Mais, comme nous l’avons vu précédemment, la différence entre les deux n’est pas très importante (elle n’est pas négligeable non plus).
Et cette puissance suffit largement pour tous les usages modernes : il n’y a en effet pas eu de grande révolution, même dans les jeux vidéo, pour justifier un abandon aujourd’hui de tous les smartphones haut de gamme avec une puce plus ancienne que le Snapdragon 8 Gen 2. La seule vraie grande différence pour les jeux entre les deux dernières générations de SoC Qualcomm : le support matériel du ray-tracing. Et aucun jeu ne supporte encore cette technologie.
Les benchmarks montrent que la plate-forme du Edge 30 Ultra est robuste, même selon les standards de 2023. La différence avec un Galaxy S23, par exemple, est de 10 % sur AnTuTu et 13 % sur Geekbench. Sur 3DMark, la différence est un peu plus marquée : 20 % en moyenne (cela varie de 15 % à 25 % en fonction des tests). Et sur PCMark, le Edge 30 Ultra, grâce à sa ROM Android très légère, parvient à un meilleur score encore que les plates-formes testées dans nos colonnes sous Snapdragon 8 Gen 2. Même le S23 Ultra. Auriez-vous besoin de ce surplus de puissance ? Non. Même pour jouer.
Alors, est-ce un problème d’acheter en 2023 un smartphone sous Snapdragon 8+ Gen 1 ? La réponse n’est pas si simple. En effet, le Snapdragon 8 Gen 2 n’est pas supérieur à son prédécesseur que sur la partie performance, mais aussi sur la partie gestion de l’énergie. Pour une tâche identique, le SD 8 Gen 2 consomme moins d’énergie. Et ça, c’est un plus indéniable. Cela veut dire aussi que, dans le même jeu, le Snapdagon 8 Gen 2 va moins chauffer.
Pour éviter une surchauffe éventuelle du Snapdragon 8+ Gen 1, Motorola (avec Qualcomm) a sécurisé le SoC. Dans les stress tests, la plate-forme ne montera pas plus haut que 40°C. Et la chute de performance est brutale quand la limite est atteinte. Le processeur perd d’un coup entre 45 % et 50 % de puissance. Après cette première chute, les performances restent assez stables, même si elles sont moins élevées.
Rappelons que les stress tests sont des logiciels exigeants qui poussent les SoC dans leurs retranchements. Il ne s’agit pas de conditions « normales ». Au quotidien, le Snapdragon 8+ Gen 1 était, en 2022, un très bon SoC. Pour les applications usuelles. Et pour les usages exigeants, notamment le gaming. Oui, vous pouvez jouer avec le Edge 30 Ultra à tous les jeux du Play Store. Et le téléphone ne chauffera pas. L’expérience est plutôt bonne, même si les hardcores gamers pourraient préférer une plate-forme plus stable.
Autonomie
Avec un tel SoC, la gestion de l’énergie est toujours critique. Et ça l’est d’autant plus sur le Edge 30 Ultra, parce que Motorola a eu une mauvaise idée : la capacité de la batterie est en baisse par rapport au Edge 30 Pro. Et ça, c’est vraiment dommage. La différence n’est pas considérable : 190 mAh, pour atteindre les 4610 mAh. Mais elle est importante. D’abord parce qu’il est toujours un peu décevant de voir une autonomie baisser. Ensuite parce que de nombreux smartphones ont atteint une capacité de 5000 mAh. Voire plus. Nous encourageons dans nos colonnes les constructeurs à tendre vers cette caractéristique.
Bien sûr, baisser la capacité d’une batterie ne veut pas forcément dire qu’une autonomie sera en berne. Voire mauvaise. Cela dépend aussi de toutes les optimisations que le constructeur a prévues pour baisser la consommation d’énergie de la plate-forme, du modem ou de l’écran. Dans le cas du Edge 30 Ultra, l’autonomie est bonne, meilleure qu’avec d’autres téléphones dont la capacité de la batterie varie entre 4500 et 4800 mAh. Selon PCMark, la batterie pourrait tenir deux jours environ en usage standard. C’est mieux que le OnePlus 10T et le Find X5 qui ont chacun une batterie de 4800 mAh. Et c’est mieux que le Edge 30 Pro.
Pour le jeu, le Edge 30 Ultra propose une autonomie comprise entre 4 et 6 heures en fonction de la qualité des graphismes du jeu. C’est un score dans la bonne moyenne du marché, ni plus ni moins. Notez que vous avez quelques réglages dans l’application « Jeux » qui vous permettent d’optimiser l’autonomie de la batterie ou, au contraire, de fluidifier l’expérience. Ces réglages agissent sur la puissance du SoC, sur la définition d’affichage et sur le taux de rafraichissement de l’écran. Ces réglages sont à définir pour chaque jeu gourmand, comme Genshin Impact ou Diablo Immortal, par exemple.
Une fois le smartphone déchargé, il faut passer par la case recharge. Et, comme pour le Edge 30 Pro, vous avez le choix. D’une part la charge filaire, le smartphone acceptant une puissance pouvant monter jusqu’à 125 watts. C’est vraiment beaucoup. En plus, le chargeur est intégré dans la boîte, ce qui est de plus en plus rare. Quand vous utilisez cet accessoire avec le Edge 30 Ultra, vous pouvez recharger le téléphone, de 0 % à 100 % (à partir du téléphone éteint), en 25 minutes seulement. Si vous n’avez que 15 minutes devant vous, vous atteignez 63 %.
Et d’autre part la charge sans fil. Motorola a longtemps été critiqué pour sa lenteur quant à l’intégration de la charge sans fil dans ses modèles haut de gamme. Avec la gamme Edge 30, Motorola rattrape le coup. Et plus encore sur le Edge 30 Ultra, puisqu’il accepte une puissance pouvant monter jusqu’à 50 watts. Vous noterez donc que la puissance acceptée par le Edge 30 Ultra est plus élevée que celle du Edge 30 Pro, que ce soit en charge filaire ou en charge sans fil, pour une expérience premium qui justifie en partie la hausse de prix.
Si la forte puissance de la charge vous inquiète, sachez que Motorola a inclus plusieurs technologies pour préserver la batterie. D’abord, la charge optimisée, qui charge le téléphone jusqu’à 80 % et adapte la charge du reste de la batterie en fonction de vos habitudes. Ensuite, la protection contre les surcharges qui va limiter la charge de la batterie à 80 % quand le téléphone est branché à son chargeur pendant une trop longue durée. Nous aurions bien aimé la charge limitée pour choisir la capacité à charger (80 % ou 90 %) et/ou la charge bridée pour choisir la puissance de charge. Peut-être avec Android 13 ?
Audio
Côté audio, le Edge 30 Ultra n’a pas à rougir face à la plupart des concurrents. Notamment ceux qui s’appuient sur une configuration standard avec deux haut-parleurs asymétriques : un en haut, caché dans l’écouteur téléphonique et un en bas, bien visible sur la tranche du téléphone. Nous incluons dans le lot les Galaxy S23, les iPhone 14, les Xiaomi 13, etc. Les ROG Phone et les Xperia, d’Asus et Sony respectivement, sont parmi les seuls à opter pour une configuration symétrique, offrant une bien meilleure expérience auditive.
Sur le Edge 30 Ultra, cette configuration asymétrique est plutôt bonne. Elle suffit bien pour regarder une vidéo, une série ou un film. Les médiums et les voix sont bien mis en valeur. Et les distorsions ne sont pas trop présentes, même quand le volume est au maximum. Pour écouter de la musique, en revanche, la qualité n’est pas suffisante. Les basses sont peu présentes et les aiguës perdent en précision. Préférez un bon casque pour cela.
L’un des points positifs du Edge 30 Ultra est la prise en charge de Dolby Atmos, comme avec le Edge 30 Pro. D’une part, cela améliore le rendu, que ce soit avec les haut-parleurs ou avec des écouteurs quand ils sont compatibles. Le codec est accompagné par une application dédiée très complète, permettant d’adapter le rendu audio en fonction du contenu. Vous disposez de quatre profils distincts : musique, film, jeu et podcast. Chacun de ces profils est personnalisable. Et changer les paramètres a vraiment un impact sur la qualité d’écoute.
Ensuite, vous avez un profil audio intelligent, qui passe d’un profil à l’autre en fonction de l’application et du contenu. Enfin, vous avez un profil personnalisé qui permet de choisir finement le rendu audio grâce à un égaliseur complet. Vous pouvez toujours passer par des réglages semi-automatiques (voix, basse et aiguë) ou mettre les mains dans le cambouis et choisir la puissance de la dizaine de bandes de fréquence proposées.
En revanche, nous sommes déçus de ne pas voir d’écouteurs filaires dans la boîte. Suite au vote d’une loi autorisant les marques de téléphones à retirer les kits mains libres des emballages, Motorola était l’un des seuls à persévérer avec le Edge 30 Pro. Ce n’était pas le meilleur accessoire audio de tous les temps, bien sûr. Mais ces écouteurs sont corrects, avec de belles rondeurs dans les médiums et des basses qui ne sont pas inexistantes. En plus, ils permettent de profiter du codec Dolby Atmos.
Autre petit point négatif, le Edge 30 Ultra abandonne le micro secondaire dédié à la captation vidéo. Cet élément est présent dans le Edge 30 Pro. Et il disparait ici. On se contentera donc du micro principal pour gérer l’ambiance sonore des vidéos réalisées avec le Edge 30 Ultra. Motorola n’est pas la seule marque à faire cette économie, même sur le haut de gamme. Nous espérons qu’il reviendra plus tard.
Photo
Passons à la dernière partie du test : la photo. Une partie dans laquelle le Edge 30 Ultra offre une expérience qualitative, même si elle n’est pas aussi poussée que chez Apple, Samsung ou Huawei. En revanche, face à ses concurrents directs (OnePlus 11, Xiaomi 12T Pro, Find X5), le Edge 30 Ultra n’a pas à rougir, malgré quelques petits faux pas que nous allons détailler ici. Mais avant de démarrer, faisons le tour du propriétaire :
- Principal : capteur Samsung 200 mégapixels, taille du pixel à 0,64 micron, objectif ouvrant à f/1.9, autofocus à détection de phase, stabilisateur optique
- Ultra grand-angle : capteur 50 mégapixels, taille du pixel à 0,64 micron, objectif ouvrant à f/2.2, angle de vue 114°
- Téléobjectif : capteur 12 mégapixels, taille du pixel à 1,22 micron, objectif ouvrant à f/1.6, zoom optique 2x, autofocus à détection de phase
- Selfie : capteur 60 mégapixels, taille du pixel à 0,61 micron, objectif ouvrant à f/2.2.
Nous retrouvons donc ici plusieurs éléments provenant du Edge 30 Pro : le module ultra grand-angle et le module selfie. À cela s’ajoutent le grand capteur principal 200 mégapixels, déjà croisé dans le Xiaomi 12T Pro, et un objectif équivalent à 50 mm pour les portraits. Les zooms sont pris en charge en partie par le capteur portrait et le capteur principal. Il remplace le disgracieux module macro du Edge 30 Pro. Face au Xiaomi 12T Pro, même si le capteur principal offre des résultats similaires, les trois autres modules réalisent des photos LARGEMENT meilleures. Et ça, c’est top.
Quels sont les résultats offerts par cette configuration ? Ils sont dans l’ensemble franchement très sympas, quel que soit le capteur que vous utilisez à l’arrière. Le Edge 30 Ultra se distingue par deux atouts importants. D’abord la bonne reproduction des couleurs, sans exagération du HDR. Les photos sont éclatantes, tout en restant naturelles. Ensuite, nous remarquons un très bon niveau de détail des clichés. Par défaut, les clichés sont produits en 12,5 mégapixels (au format 4/3). Une option « haute résolution intelligente » va améliorer plus encore le niveau de détail. Et vous avez évidemment un mode additionnel qui permet de monter en 200 mégapixels.
Les contre-jours sont plutôt bien gérés, avec une bonne reproduction des détails et un bon équilibre. Nous remarquons quelques aberrations optiques dues à quelques reflets de la lumière dans les lentilles. Parfois, leur apparition améliore la composition de la photo. Mais ce n’est pas systématiquement le cas, comme ci-dessus la photo du pont : remarquez le léger arc-en-ciel sur la gauche et le trait de lumière qui barre la route. Ce sont des artefacts dus à une mauvaise gestion de la réfraction des lentilles.
En soirée, le capteur principal continue de produire de bonnes photos. Et vous n’avez même pas besoin du mode nuit pour cela. Dans ces conditions, les couleurs sont bonnes. Les textures également. Les détails sont nombreux. Et la lumière est équilibrée. Avec le mode nuit, les photos sont plus claires et les contrastes moins francs. Mais vous gagnez considérablement en détail, en netteté et même en maitrise de la lumière. Parfois, il font jongler entre les deux pour avoir le résultat voulu. Sachez que le mode automatique propose un mode nuit que vous pouvez désactiver à partir du menu de l’application photo.
Le capteur principal a un gros point faible : c’est la mise au point. Non seulement elle n’est pas toujours précise, avec quelques zones floues dans les photos, notamment en proximité, mais l’autofocus se trompe aussi parfois de cible. Notamment sur les sujets en mouvement. Voilà qui peut être décevant.
Le capteur avec objectif panoramique est lui aussi surprenant de couleur, de contraste et piqué. Les photos sont de très bonnes qualités. Et cela fait plaisir. Remarquez aussi comme les distorsions dans les coins sont très bien gérées. La nuit, en revanche, il va perdre en qualité, notamment sur l’affichage des couleurs et sur le contraste. Il va aussi perdre en netteté. C’est bien dommage. Ce capteur est également en charge des macros, avec des résultats plutôt bons la journée et un peu moins bons en soirée.
Même chose pour le capteur avec téléobjectif : les rendus sont globalement bon, notamment la journée. Et en soirée, il va perdre en contraste et en netteté. Le zoom numérique peut monter jusqu’à 16x, ce qui est largement suffisant compte tenu du rapport de zoom optique ET de la définition native du capteur. En effet, à partir du rapport 10x, le bruit est trop important pour réaliser de bonnes photos, même si cela peut rester exploitable pour les réseaux sociaux. Nous vous conseillons de ne pas dépasser 5x en journée (voir 10x si les conditions de lumière sont bonnes) et 2x en soirée.
Les portraits sont l’un des exercices favoris du Edge 30 Ultra. Ils sont détaillés. Ils sont naturels. Ils sont nets. Ils sont élégants, avec un bokeh qui est prononcé (mais qui peut évidemment être modifié pendant ou après la prise de vue) et un détourage précis. Les résultats sont bons aussi bien avec le capteur principal qu’avec le capteur zoom optique (que vous activez aussi bien avec le réglage “50 mm” ou “85 mm”). Celui-ci est, dans de nombreuses situations, le plus pertinent pour les portraits, parce qu’il est le plus lumineux (ce qui est assez rare).
Côté selfie, le résultat n’est pas aussi bon qu’avec les capteurs principaux. D’abord les couleurs sont plus froides et les contrastes sont moins francs. Les teintes sont retravaillées. Et le lissage du visage est beaucoup plus accentué, supprimant de nombreux détails et dénaturant les textures. Cela manque tout de suite de naturel, que ce soit la journée ou en soirée. En comparaison des portraits produits par le capteur principal ou le téléobjectif, les selfies sont moins éclatants.
Finissons avec un petit mot sur la vidéo. Le Edge 30 Ultra est plutôt bien loti avec de nombreux modes (jusqu’à 8K en 30 images par seconde ou jusqu’à 4K en 60 images par seconde). Il y a la fonction HDR10+, bien sûr, mais jusqu’en 4K. De même pour la stabilisation optique : elle est limitée en 4K (pas de stabilisation possible en 8K). Et la stabilisation d’horizon est limitée en Full HD. Les résultats sont plutôt bons, à la hauteur des résultats en photo. Attention cependant aux artefacts disgracieux et au lissage intensif quand vous zoomez.
Conclusion
Le Motorola Edge 30 Ultra est vraiment plaisant. Son design est haut de gamme, élégant et moderne, avec un dos très agréable au regard et au toucher. Son écran est bien calibré. Sa plate-forme est puissante. Son interface est à la fois complète, fluide et accessible. Son autonomie est très correcte. La charge est rapide. Et il se défend plutôt bien en photo. Ce n’est pas le photophone du siècle, c’est vrai. Pour preuve, il ne fait pas partie des 50 premiers modèles dans le classement de DxO Mark. Mais cela ne veut pas dire qu’il ne réalise pas de bons clichés.
Le Edge 30 Ultra n’a pas de vrai gros défaut. Le seul vrai reproche que nous pourrions avoir est de ne pas avoir eu l’ambition de concurrencer les modèles ultra haut de gamme. Dans l’ensemble, le Edge 30 Ultra fait 95 % du chemin. Mais il lui manque les 5 % restant : le taux de rafraichissement variable jusqu’à 1 Hz, la batterie à 5000 mAh, le téléobjectif périscopique avec stabilisateur optique, l’autofocus sur l’ultra grand-angle, etc. En offrir un peu plus tout en restant plusieurs centaines d’euros moins chers que les concurrents, Motorola aurait pu frapper un grand coup.
Le Edge 30 Ultra est smartphone. Sa coque est très agréable à utiliser et à regarder. Sa construction est qualitative. Son écran est bien calibré. Sa puissance est suffisante pour jouer, mais elle n'est pas débridée au point de surchauffer. Son autonomie est très correcte. Sa recharge est rapide. Et sa configuration photo est qualitative. Ce Edge 30 Ultra aurait certainement mérité un peu plus de soin sur l'écran, sur ses capteurs photo ou sa batterie. Mais, au quotidien, l'expérience offerte est très qualitative. Et pour 900 euros, vous avez presque aussi bien qu'un téléphone à 1300 euros. Voilà qui fait réfléchir.
- Le prix vraiment très agressif face à la concurrence
- La coque à l'arrière vraiment réussie et étanche
- Les performances maitrisée, sans surchauffe
- L'écran très bien calibré et bien lumineux
- La compatibilité Dolby Atmos et l'égaliseur complet
- Les belles photos des trois capteurs principaux de jour et de nuit
- Le très bon mode portrait avec le capteur principal et le téléobjectif
- La bonne autonomie
- La recharge très rapide et le chargeur fourni dans la boîte
- Android 12 préinstallé... et pas de mise à jour vers Android 13 six mois après
- La disparition des écouteurs dans la boîte
- La stabilité des performances en dent de scie
- La capacité de la batterie un peu faible face aux concurrents
- Le taux de rafraichissement de l'écran pas assez variable
- Le lissage trop appuyé sur les portraits
- Le manque de rapidité de l'autofocus