Test Motorola Edge 30 : quelques concessions difficiles à assumer
- Son design très fin et très léger
- La reproduction des couleurs de son écran
- Son excellente stabilité et sa bonne maitrise des températures
- Son égaliseur facile d'accès pour contrôler le codec Dolby
- Les très bons résultats du capteur photo principal
- Le mode macro associé au capteur panorama
- Le mode nuit qui sauve beaucoup de photos
- L'excellente interface optimisée
- Son prix identique à celui de son prédécesseur
- Le design de son module photo qui le rend impossible à utiliser à plat
- Une coque qui retient quand même beaucoup les traces
- La luminosité de son écran pas assez élevée en mode manuel
- Son autonomie trop juste dans les usages quotidiens
- L'abandon du zoom optique...
- ... et la faible qualité des photos du zoom numérique
- L'abandon du micro pour la captation vidéo
Après le Edge 30 Pro, Motorola propose le Edge 30 dans sa version classique. Positionné sous la barre des 500 euros dans sa version la plus légère, il se veut être un concurrent naturel du Galaxy A53 5G. Armé d’une fiche technique assez bien équilibrée, il profite d’un équipement photo largement amélioré vis-à-vis du Edge 20 et reprend cette interface à la prise en main proche d’Android stock, mais agrémentée de quelques fonctions bien pratiques. Cela suffit-il pour affronter la concurrence chinoise ? Réponse dans ce test.
Au premier semestre 2022, Motorola a présenté deux smartphones pour sa gamme Edge. Il s’agit du Edge 30 Pro, un modèle offrant un excellent rapport qualité-prix et que nous avons déjà testé dans nos colonnes, et du Edge 30. Présenté à l’occasion d’un article dédié, celui-ci est le successeur du Edge 20, un smartphone sorti en 2021 et qui nous a laissé une très bonne impression. Nous avions donc hâte de prendre en main cet héritier. En voici donc le test complet.
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Ce test du Edge 30 arrive un peu tard dans la saison. D’abord parce que les sorties ont été particulièrement nombreuses au premier semestre 2022. Ensuite parce que Motorola a choisi de séparer le lancement du Edge 30 et du Edge 30 Pro, donnant la priorité à ce dernier. De fait, la version classique a dû patienter avant d’arriver en magasin. Une arrivée également retardée par les incontournables problèmes logistiques causés par les différentes pénuries et mesures sanitaires restrictives.
Mais qu’à cela ne tienne : nous voulions tester le Edge 30. Pourquoi ? D’abord parce que Motorola revient fort depuis deux ans, avec un positionnement tarifaire agressif et un bel équilibre de la fiche technique. Ensuite parce que la concurrence est rude sur la gamme de prix adressée par la marque américaine. Realme, Oppo, Vivo, OnePlus, Xiaomi ou encore Honor veulent en découdre. Le Edge 30 a-t-il les épaules pour se mesurer à eux ? Les surpasse-t-il ? C’est ce que nous allons voir dans ce test complet.
Notre test vidéo
Fiche technique
Motorola Moto Edge 30 | |
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Dimensions | 159,4 x 74,2 x 6,8 mm |
Poids | 155 grammes |
Ecran | 6,5 pouces AMOLED Ratio 20:9 Definition Full HD+ (1080 x 2400) Résolution 405 ppi Rafraichissement 120 Hz HDR10+, DCI-P3 |
Chipset | Qualcomm Snapdragon 778G+ (6 nm) |
OS | Android 12 |
RAM | 8 Go |
Stockage | 128/256 Go |
microSD | non |
Capteur principal | Principal : 50 MP f/1.8 Autofocus omnidirectionnel Stabilisation optique Ultra grand angle : 50 MP f/2.2 angle de vue 114° Calcul des distances (portraits) : 2 MP f/2.4 vidéo 4K @ 30 ips, 1080p @ 60 ips |
Capteur selfie | 32 MP ouverture f/2.3 |
Batterie | 4020 mAh Charge rapide 33W |
5G | Oui |
Connectivité | WiFi 6e Bluetooth 5.2 NFC Ready For |
Audio | Double haut-parleur Pas de port mini jack 3,5 mm |
Biométrie | Scanner d’empreinte sur la tranche |
Résistance à l'eau | Protection contre les éclaboussures (IP52) |
Prix et disponibilité
Le Edge 30 est d’ores et déjà disponible. Il est sorti en magasin le 10 mai 2022. Le Edge 30 se décline en deux versions. Une première avec 128 Go de stockage et une seconde avec 256 Go de stockage. La première déclinaison est celle que vous retrouverez sur les étals des enseignes les plus courantes. La seconde est quant à elle exclusive à la boutique en ligne de Motorola. Rappelons que le volume de stockage n’est ici pas extensible.
Le Edge 30 est commercialisé à 499 euros dans sa version 128 Go. Et il vous en coutera 549 euros pour doubler l’espace de stockage. À 499 euros, le smartphone se veut donc être un produit offrant une expérience premium à un prix abordable. Il y avait d’ailleurs, au lancement du téléphone, des offres de lancement qui abaissaient le prix de la version 128 Go à 399 euros. C’était alors une très bonne affaire. À l’heure où nous écrivons ces lignes, l’offre est finie.
À 499 euros, le Edge 30 se positionne naturellement face au Galaxy A53 5G de Samsung, un smartphone qui compte déjà une large concurrence. Si large que vous pourriez trouver un modèle équivalent chez toutes les marques du marché. OnePlus Nord 2T. Honor 50. Huawei Nova 9. Oppo Find X5 Lite. Vivo V23 5G. Xiaomi Redmi Note 11 Pro+ 5G. Voire même l’iPhone SE 5G, vendu par Apple 30 euros de plus que le Edge 30. N’oublions pas non plus le tout prochain Realme GT Neo 3T officialisé en France début juin.
Dans la boîte, vous retrouvez quelques accessoires. Un câble USB type-C, bien évidemment. Un chargeur 33 watts qui correspond à la puissance maximale supportée par le téléphone. Et une coque transparente. Pour gagner en place dans l’emballage, la coque est préinstallée sur le mobile : vous n’avez même plus besoin de la chercher !
Design
Commençons ce test sur l’extérieur du produit. Le design du Edge 30 repose en grande partie sur les acquis du Edge 20, avec quelques nuances inspirées du Edge 30 Pro. À l’arrière, par exemple, le module photo est moins carré que celui du Edge 20. Il a des angles arrondis. Mais il n’est pas biseauté comme sur le Edge 30 Pro. Il conserve une protubérance égale sur toute sa surface, qui le fait pencher et osciller… Impossible d’écrire correctement un message quand le téléphone est posé sur le dos sur une table.
Comme avec le Edge 20, Motorola semble avoir pris beaucoup de soin pour l’extérieur du téléphone (peut-être un peu plus que l’intérieur, nous y reviendrons). Le smartphone est extrêmement fin : 6,8 mm (soit 0,2 mm de moins que le Moto Edge 20). Et il est aussi très léger : 155 grammes. C’est 8 grammes de moins que son prédécesseur. Nous verrons ce que cela a comme conséquence sur la batterie (et il y a des surprises…). Le dos du mobile n’est pas incurvé comme le Edge 30 Pro : le Edge 30 est donc beaucoup plus plat.
Nous restons aussi sur des matériaux milieu de gamme. Du verre minéral (Corning Gorilla 3) à l’avant pour protéger l’écran tactile. Du polycarbonate sur les tranches et, désormais, aussi à l’arrière. Un choix logique pour gagner en poids, le plastique étant plus léger que l’aluminium (d’où la perte de poids). Le polycarbonate est ici faussement mat. En fait, seule la partie inférieure est mate, tandis que la partie supérieure est brillante. Elle retient donc les traces de doigt. Et cela se voit quand même un peu.
Les éléments techniques sur les contours du smartphone sont très classiques : mise en marche (avec lecture d'empreinte digitale) et contrôle du volume sur la droite à hauteur du pouce ; port USB type-C, tiroir de SIM, haut-parleur principal, microphone principal en bas ; micro secondaire en haut. En façade, vous retrouvez une dalle totalement plate (comme à l’arrière). Les bordures sont plutôt fines, mais plates, contrairement à celles du Edge 30 Pro où elles sont arrondies et un peu plus stylisées. Le poinçon pour le capteur selfie est centré.
L’ouverture pour l’écouteur téléphonique est cachée dans l’épaisseur entre l’écran et le contour. Il semble être assez large. Mais c’est un trompe-l’œil : le haut-parleur ne couvre que la moitié gauche de « l’ouverture ». C’est esthétiquement joli, puisque cela reste équilibré. Une belle attention visuelle… qui ne reste que visuelle.
Écran
Parlons maintenant de l’écran. Avec un premier changement face au Edge 20 : il est plus petit de 0,2 pouce. Il mesure donc 6,5 pouces. Ce léger recul de la taille d’écran n’a que très peu d’impact sur l’usage. Il est tout autant possible de surfer, de consulter ses mails ou les réseaux sociaux, de regarder des films ou des séries, ou encore de jouer sur cet écran. Nous irions presque jusqu’à nous demander pourquoi l’avoir baissé hormis pour réduire l’encombrement du téléphone.
La définition reste Full HD+, bien évidemment. Puisque la taille de la dalle est plus petite, la résolution augmente légèrement, passant de 385 pixels par pouce à 393 pixels par pouce. La nature de l’écran est AMOLED et non plus OLED. Mais, une fois encore, la différence n’est pas sensible. Vous retrouvez les mêmes caractéristiques sur la fiche technique, notamment les noirs profonds, les contrastes infinis et la compatibilité HDR10+.
Le taux de rafraichissement est fixé à 144 Hz, comme pour le Edge 30 Pro, le Edge 20 et certains Moto G (le Moto G200 notamment). C’est, encore aujourd’hui, le taux le plus élevé pour un smartphone, même si nous nous doutons que cela va forcément changer un jour. Vous avez le choix entre trois réglages : 144 Hz en continu, plus énergivore, mais plus rapide ; 60 Hz en continu, moins fluide, mais moins gourmand ; et dynamique. Ce dernier permet de changer le taux en fonction du contenu. Mais, la granularité de ce mode est assez faible, autant le dire.
Côté colorimétrie, l’écran du Edge 30 affiche officiellement plus d’un milliard de nuances différentes. En outre, Motorola continue de ne proposer que deux modes qui couvrent une grande partie des besoins et des préférences : couleurs naturelles et couleurs saturées, ce dernier étant configuré par défaut. Nous avons demandé à notre sonde comment ces deux modes affichent les couleurs et la réponse n’est pas très surprenante : avec le mode naturel, le résultat est très bon, tandis qu’il est plus « pétillant » avec le mode saturé.
Les chiffres parlent d’eux même. Le Delta E moyen de cet écran en mode naturel atteint 1,7 seulement. La température moyenne est presque parfaite, à 6540°. Le gamme E moyen est à 2,1. Voilà donc un écran maitrisé, offrant de belles couleurs. À l’inverse, le mode saturé joue davantage dans la démesure : Delta E moyen de 4,2 et température moyenne à 7334°. Si vous aimez ce type de réglage, ne changez donc rien aux paramètres par défaut.
Finissons cette partie du test sur une note légèrement négative : la luminosité. Elle est un peu faible. Les réglages manuels ne dépassent pas les 500 cd/m2 : 454 cd/m2 en mode naturel et 480 cd/m2 en mode saturé. Bien sûr, le mode automatique peut dépasser ces limites dans certaines conditions (sous le soleil en plein jour notamment). Mais, justement, la visibilité est parfois un peu juste. Cela reste heureusement assez rare.
Interface
Allumons le smartphone et observons l’interface proposée par le Edge 30. Comme pour le Edge 30 Pro et ses précédentes générations de smartphones, Motorola choisit d’offrir une interface épurée, très proche de la vision originelle de Google pour Android 12. Le Edge 30 offre une prise en main logicielle assez proche de celle des Pixel. Et la marque américaine est la seule à s’en rapprocher autant. Il s’agit bien évidemment d’un héritage du passage de Motorola au sein de Google. Mais nous félicitons, une fois encore, Lenovo qui a conservé ce choix après le rachat de la marque.
Vous retrouvez donc dans l’interface de Motorola tous les atouts d’une interface Android 12 pure. Tous les écrans et tous les volets habituels sont présents par défaut. Vous n’aurez donc pas besoin d’activer le tiroir des applications si vous en avez l’habitude. Et si votre habitude est davantage une gestion type iOS ou EMUI, vous pouvez aussi désactiver le tiroir. Il y a bien évidemment quelques petites retouches exclusives à cette interface pour enrichir l’expérience. Certaines ont été présentées dans le test du Edge 30 Pro. Nous ne saurions trop vous conseiller d’y jeter un œil.
L’une d’entre elles est le menu pour adapter l’interface selon vos gouts (comme la couleur des aplats des réglages rapides, par exemple). Pour y accéder, vous ne pouvez pas passer par le menu « Paramètres ». Deux solutions. Soit ouvrir l’application « Moto ». Soit effectuer un appui long sur un endroit vide de l’interface ouvre un menu contextuel où il faut choisir « Personnaliser ». Là, vous retrouvez toutes les options habituelles (dont Material You), même si la présentation est légèrement différente d’Android 12 stock.
L’un des atouts les plus importants de l’interface Motorola est le nombre d’applications préinstallées dans le téléphone. Vous retrouvez bien évidemment une belle brochette signée Google. Contrairement à d’autres constructeurs, Motorola a supprimé les doublons entre les applis de Google et les logiciels système. Pas de double navigateur. Pas de galerie. Pas de client mail. Vous avez Chrome, Google Photos et Gmail pour ça.
Vous avez également quelques applications de Motorola, mais elles concernent pour la plupart des sujets liés à la personnalisation et la prise en main : Aide Appareil, Notifications Motorola, Fonds d’Écran (dont la fonction est évidente). Vous avez aussi Dolby Atmos (dont nous reparlerons dans la partie audio de ce test), Jeux (qui reprend les fonctions des modes jeux chez les concurrents, dont le volet in-game) et enfin Ready For qui permet de transformer le mobile en ordinateur de bureau (il faut avoir la connectique et les accessoires optionnels pour bien en profiter).
Il est vraiment très plaisant de constater que Motorola ne s’appuie pas sur des partenaires commerciaux pour financer le développement de ses smartphones. Exit donc les Amazon, Booking, Facebook, TikTok et autre Linkedin que vous retrouvez partout ailleurs. Et en plus tout reste très fluide… Ça c’est bon !
Performances
La fluidité de l’interface n’est pas uniquement due à l’absence de fonctions et d’applications alourdissant le système. Cela vient également du processeur. Sous le capot, nous retrouvons le Snapdragon 778G+, un composant qui joue le rôle à la fois de successeur et de déclinaison améliorée du Snapdragon 778G. Vous retrouvez ce dernier dans de nombreux téléphones : Edge 20, Honor 50, Realme GT Master Edition, Galaxy A52s 5G ou Xiaomi 12 Lite. Le Snapdragon 778G+ devrait arriver dans le Nothing Phone (1) ou encore le Honor 70. C’est la première fois que nous le testons dans nos colonnes (mais ce ne sera évidemment pas la dernière).
Le SoC est accompagné ici de 8 Go de mémoire vive, qu’il est possible d’étendre jusqu’à 10 Go grâce à la fonction Extension de RAM (à retrouver dans le menu Paramètres, puis les rubriques Système et Performance). Par défaut, la RAM virtuelle est désactivée. Nous avons choisi de conserver ses réglages par défaut pour effectuer nos tests (de même pour le taux de rafraichissement, calé sur « Dynamique »). Vous pouvez retrouver ci-dessous les résultats de nos benchmarks.
Dans l’ensemble, le Edge 30 offre des résultats satisfaisants. Nous attendions des performances proches des autres smartphones milieu de gamme du marché et ce fut le cas. En comparaison du Snapdragon 778G, le Snapdragon 778G+ atteint des scores plus élevés, que ce soit sur la partie CPU ou la partie GPU. En comparaison du MediaTek Dimensity 1300, les scores CPU sont assez proches. En revanche, sur la partie GPU, ils sont moins élevés. Et en comparaison de l’Exynos 1280 que vous retrouvez dans le Galaxy A53, le Snapdragon 778G+ est plus performant.
Des performances qui permettent potentiellement de jouer, même s’il ne faut pas attendre une expérience digne d’un smartphone haut de gamme, soyons honnête. Vous pouvez jouer à Genshin Impact par exemple, même si vous expérimenterez quelques petits ralentissements. Le jeu se positionne par défaut sur les graphismes faibles, comme pour le Snapdragon 778G. Relativisons cette information : les mobiles avec Snapdragon 8 Gen 1 ne bénéficient que du réglage moyen et les iPhone sous A15 Bionic du réglage élevé (et non très élevé).
La puissance brute n’est pas le seul indicateur important à prendre en compte avec les composants pour smartphones. La stabilité et la température en sont deux autres. Et dans les deux cas, le Edge 30 profite d’un comportement exemplaire. La stabilité atteint 99 %. Vous ne perdez que 1 % de puissance entre le début de votre partie de jeu et la fin, même si celle-ci dure plus d’un quart d’heure. Et la température globale ne dépasse jamais les 40°. De façon très localisée (sur les CPU ou le GPU), la température peut effectivement monter au-dessus des 50°. Mais nous avons vu bien pire.
Autonomie
Parlons maintenant autonomie, un domaine où le Edge 30 ne se débrouille pas aussi bien qu’espéré. En effet, compte tenu de la maitrise proposée en stabilité et en température, nous pensions que le Edge 30 offrirait un comportement énergétique similaire à celui des Dimensity de MediaTek. Et ce n’est pas tout à fait le cas. Le Snapdragon 778G+ consomme un peu plus.
Un constat aggravé par un autre point déjà soulevé dans la partie design de ce test : le smartphone est extrêmement fin. Cela sous-entend que la batterie est fine. Donc la capacité est en dessous de la moyenne du marché. Elle n’est « que » de 4020 mAh, soit 20 mAh de plus que le Edge 20. Le Edge 30 Pro, dont l’autonomie dépasse les deux jours, propose une batterie de 4800 mAh. Et le Galaxy A53 culmine à 5000 mAh.
Batterie plus petite et consommation plus élevée font un cocktail détonnant en autonomie. Et cela se confirme avec les benchmarks. Le test d’endurance intégré à PC Mark nous indique que le smartphone perd 65 % de sa batterie en 8 heures et 40 minutes. Une règle de trois nous permet donc d’évaluer l’autonomie du téléphone à 13 heures environ, que nous traduisons en une journée et demie en usage classique (streaming, surf sur Internet, réseaux sociaux, messagerie, etc.).
Une journée et demie, cela nous parait très juste, parce que cela veut dire que le smartphone tiendra la journée complète si vous ne le sollicitez pas à outrance. Attention également aux usages qui consomment beaucoup d’énergie, comme Google Maps : écran allumé en permanence, géolocalisation active, affichage d’une interface 3D, c’est l’exemple typique d’une application qui draine la batterie sans que vous vous en rendiez compte.
Pour les joueurs, l’autonomie du Edge 30 est moins catastrophique. Oui, le jeu consomme beaucoup d’énergie, mais, en comparaison d’autres téléphones, le Edge 30 ne s’en sort pas si mal, parce qu’il maitrise la production de chaleur. Avec ce mobile, vous avez une autonomie maximale comprise entre 3 et 6 heures en fonction de la qualité des graphismes du jeu. Genshin Impact, calé sur les graphismes par défaut (c’est-à-dire faible), consomme 5 % de batterie seulement. D’autres téléphones, avec des batteries 25 % plus généreuses, ne font pas mieux.
Une fois la batterie vidée, nous passons à la phase recharge. Le Edge 30, contrairement à sa déclinaison Pro, ne profite pas de la charge sans fil. Comme le Edge 20, vous vous contentez donc de la charge filaire dont la puissance acceptée peut monter jusqu’à 33 watts, c’est-à-dire la puissance délivrée par le chargeur fourni dans la boîte. Si vous utilisez ce dernier, ainsi que le câble USB qui l’accompagne, vous rechargez entièrement le téléphone en 65 minutes. Ce n’est pas un très bon score, mais cela reste acceptable. La charge est relativement linéaire : 30 minutes permettent d’atteindre les 55 % et 45 minutes sont nécessaires pour atteindre les 75 %.
Enfin, Motorola n’intègre pas d’outils pour augmenter la durée de vie de la batterie (ou limiter son usure). Vous ne retrouvez qu’une charge nocturne optimisée qui va laisser la batterie se remplir jusqu’à 80 %, s’arrêter ensuite pour éviter la surcharge et finir le cycle le matin pour être prêt à votre réveil. C’est un outil relativement classique. Ne pas le proposer est un point négatif. Mais cela ne suffit pas pour être un point vraiment positif.
Audio
Parlons maintenant audio. Le Motorola Edge 30 offre ici une expérience positive. Et ce même si son équipement matériel est très sommaire. En effet, le téléphone n’est pas équipé d’un port jack 3,5 mm pour y brancher un casque. Nous avons bien deux haut-parleurs, mais dans une configuration asymétrique. Il n’y a pas de microphone pour la captation vidéo, contrairement au Edge 20. Il n’y a pas de convertisseur audio hi-fi (contrairement au Edge 30 Pro). Donc, en théorie, le Edge 30 n’a rien de plus que les autres.
Il y a cependant un élément audio qui nous a plu dans ce smartphone : la gestion du codec Dolby Audio. Elle a été retravaillée par Motorola pour créer une expérience plus complète et plus qualitative. Tout d’abord, comme nous l’avons remarqué dans la partie « interface » du test, la gestion du codec profite d’une application dédiée et non un simple sous-menu perdu dans les paramètres du téléphone.
Ensuite, en entrant dans l’application, vous pouvez choisir l’un des profils audio préinstallés ou choisir un mode « dynamique » qui adapter l’égaliseur selon le contenu. Pour chaque profil créé, vous pouvez modifier son comportement : accentuer les voix, les graves ou les aigus, niveler le son ou encore émuler un effet surround. Il est dommage de ne pas pouvoir créer son propre profil et régler plus finement l’égaliseur. Mais l’idée est bonne et accessible à tous, même aux néophytes.
Quelques mots enfin sur les haut-parleurs qui sont plutôt corrects, malgré la configuration asymétrique. Le haut-parleur principal, sur la tranche inférieure, est assez puissant et offre des basses fournies. Le haut-parleur secondaire est très logiquement moins puissant. Il s’intéresse davantage aux médiums et aux aigus. À défaut d’une grande richesse sonore, vous avez de la rondeur et quelques jolis détails. Cela suffit largement pour regarder un film ou écouter un podcast.
Photo
Terminons ce test avec la photographie. Avec une bonne et une mauvaise surprise. La bonne : la configuration à l’arrière est quasiment intégralement reprise du Edge 30 Pro, dont l’IMX766 de Sony en capteur principal. Voilà qui est rassurant. À l’avant, vous retrouvez le capteur selfie du Edge 20, lequel était aussi très correct.
La mauvaise nouvelle est l’abandon du zoom optique du Edge 20. Nous comprenons un peu mieux comment Motorola a réussi à équilibrer l’équation économique du Edge 30. Et cela augure une baisse de qualité sur les clichés avec zoom. Regardons cette configuration de plus près :
- Principal : capteur IMX766 50 mégapixels ; objectif ouvrant à f/1.8 ; autofocus omnidirectionnel ; stabilisateur optique
- Panorama : capteur 50 mégapixels ; objectif ouvrant à f/2.2 ; autofocus à détection de phase ; angle de vue 118°
- Profondeur : capteur 2 mégapixels ; objectif ouvrant à f/2.4
- Selfie : capteur 32 mégapixels ; objectif ouvrant à f/2.3
Quels sont les résultats ? Le capteur principal fait, sans surprise, de belles photos la journée, dans de nombreuses situations, même en contre-jour où de nombreux détails restent parfaitement visibles. Sans trop accentuer sur le HDR, le traitement de l’image est équilibré. Si la colorimétrie est globalement bonne la journée, le travail sur les flous d’arrière-plan est parfois trop appuyé, dégradant certains détails. Attention également aux ombres où certains détails vont disparaitre. Nous le voyons en journée : il y a une légère perte de grain. Et cela s’accentue quand les conditions lumineuses sont plus difficiles.
C’est le cas la nuit par exemple. Sans mode nuit, de nombreux détails sont effacés par le grain plus grossier. Il y a une perte de piqué sensible et un lissage des textures. Heureusement, le mode nuit (qui s’active en mode automatique, mais qu’il est possible de désactiver) est là. Il redonne beaucoup de lumière (voir trop), tout en maitrisant les sources de lumière. Avec d’autres smartphones équipés de l’IMX766, la différence entre le mode automatique et le mode nuit n’est pas flagrante. Autant, ici, elle est évidente.
Vous remarquerez parmi les options de prise de vue proposées le « mode vision nocturne ». C’est un mode très spécial qui a pour but de capturer des photos en très basse luminosité. Pour l’activer, il suffit de se rendre dans les menus secondaires. C’est un mode qui peut dénaturer les couleurs, les rendre plus ternes tout en augmentant considérablement le contraste. Vous pouvez réaliser des photos étonnantes selon les conditions. Mais la qualité ne sera pas toujours au rendez-vous. Vous trouverez ci-contre quelques exemples.
Une autre fonction intéressante dans les modes secondaires : le filtre couleur. Vous choisissez une couleur qui sera la seule à apparaitre, les autres seront en niveau de gris. C’est un mode très facile à utiliser et très ludique, de jour ou de nuit. Le capteur principal est chargé de réaliser les portraits. Avec le mode dédié, vous obtenez de bons clichés, que ce soit le jour ou la nuit. Le bokeh est bien prononcé. Le détourage est précis. Et les textures sont préservées. Ce sont vraiment d’excellents résultats.
Le capteur principal et également chargé du zoom numérique, dont le rapport peut monter jusqu’à 10x. Contrairement aux portraits, le capteur principal n’est pas très à l’aise ici. Les couleurs sont un peu ternes. La luminosité baisse et les détails disparaissent. Cela manque de précision, et ce dès le rapport 2x. C’est d’autant plus vrai la nuit quand les conditions sont plus difficiles. Les résultats obtenus avec les rapports 5x et 10x sont malheureusement mauvais.
Continuons avec le capteur panorama. C’est un capteur qui n’est pas inintéressant. D’abord parce qu’il fait de belles photos le jour (même si la gestion des distorsions n’est pas toujours très précise, notamment quand des objets sont proches. Très belles couleurs et bon équilibre. C’est très sympa. Ensuite parce que ce capteur est équipé d’un autofocus, améliorant significativement le piqué des clichés. Enfin parce qu’il est en charge des macros. Et il se débrouille vraiment très bien dans cet exercice, surtout la journée, mais aussi la nuit.
Comme de nombreux congénères, la nuit est le point faible de ce type de capteur, notamment pour les paysages. La lumière manque et la précision de la mise au point faiblit considérablement. Ici, le mode nuit fait vraiment des merveilles. Il rééquilibre la lumière. Il accentue le contraste. Il ravive les couleurs. Il augmente considérablement le piqué. La différence entre une photo avec et sans mode nuit est très impressionnante.
Parlons enfin du capteur selfie, dont les clichés sont également bons. Et plus particulièrement la journée, que ce soit avec ou sans mode portrait. La nuit, les résultats sont moins homogènes. Le mode automatique et le mode portrait dénaturent les teintes, lissent les textures et réduisent le piqué. Ici aussi, le mode nuit, héros du Edge 30, va corriger certains défauts : couleurs plus contrastées, balance des blancs plus naturelle, piqué plus élevé et détails plus nombreux.
Conclusion
Le Edge 30 de Motorola est un smartphone plaisant, offrant une bonne expérience globale, malgré quelques faux pas. Un design fin et maitrisé. Un écran à la colorimétrie très juste. Une plate-forme offrant de belles performances pour les usages courants. Une expérience photo assez positive, et bien sûr cette superbe interface garantie sans bloatware, mais enrichie de fonctions utiles. Nous retrouvons là quasiment tout ce que nous avions aimé dans le Edge 20. D’autant que le Edge 30 ne subit pas d’inflation.
Certains défauts ne sont pas gênants en soi. Oui, le téléphone penche et sa coque est salissante. Oui, le zoom optique nous manque terriblement. Oui, la recharge aurait pu être plus rapide, notamment avec une batterie de 4020 mAh. Oui, la luminosité de l’écran est un peu juste. Mais, jusque-là, rien de vraiment pénalisant. En revanche, l’autonomie que nous avons constatée est plus gênante : elle est à peine supérieure à une journée en usage standard.
Comme son prédécesseur, le Edge 30 reste un smartphone plaisant. Et son positionnement tarifaire nous parait assez juste. Mais nous trouvons que, face à d’autres modèles de Motorola, le Edge 30 Pro, le G200 ou encore la série Edge 20, la proposition est moins radicale. Et le rapport qualité-prix du Edge 30 est moins bien affuté.
Un an après le Edge 20 qui nous a laissé une très bonne impression, le Edge 30 propose une belle expérience. Mais quelques petites erreurs chagrinent. La principale est l'autonomie qui n'est pas équivalente à la concurrence. Mais nous pourrions aussi citer la luminosité de l'écran, le design bancal ou encore la suppression inexplicable du zoom optique. Un choix aggravé par des résultats brouillons en zoom numérique. Heureusement, tout cela est contrebalancé par de vraies belles qualités, autant esthétiques que techniques, autant matérielles que logicielles.
- Son design très fin et très léger
- La reproduction des couleurs de son écran
- Son excellente stabilité et sa bonne maitrise des températures
- Son égaliseur facile d'accès pour contrôler le codec Dolby
- Les très bons résultats du capteur photo principal
- Le mode macro associé au capteur panorama
- Le mode nuit qui sauve beaucoup de photos
- L'excellente interface optimisée
- Son prix identique à celui de son prédécesseur
- Le design de son module photo qui le rend impossible à utiliser à plat
- Une coque qui retient quand même beaucoup les traces
- La luminosité de son écran pas assez élevée en mode manuel
- Son autonomie trop juste dans les usages quotidiens
- L'abandon du zoom optique...
- ... et la faible qualité des photos du zoom numérique
- L'abandon du micro pour la captation vidéo