Test du Nuraphone : tout simplement le meilleur casque audio du moment !
- La qualité du son produit !
- La sensation d'immersion
- La qualité de fabrication
- Le processus de création d'un profil
- L'autonomie électrique
- L'aspect intra-auriculaire + circum-aural pourra en gêner certains
- Application non traduite en français
L’été est désormais bien installé et la rédaction se croit déjà en vacances. Certains d’entre nous rêvent plages ensoleillées, de victoire de la France lors de la Coupe du Monde ou de cocktails exotiques. D’autres s’évadent en pilotant des drones, en écoutant de la musique ou en se livrant à de saines activités. Pourquoi ne pas partager avec vous nos expériences estivales, forcément un peu différentes du traditionnel test de smartphone ? Nous avons donc décidé de vous présenter durant l’été quelques produits hi-tech ludiques ou originaux. Coup de bol, le casque audio Nuraphone rentre dans ces deux catégories : on n’allait donc pas se priver de vous en parler !
La rédaction de PhonAndroid, comme toutes les rédactions de la planète, est composée d’individus ayant des parcours très variés. Pour des raisons de style et de cohérence journalistique, j’ai choisi tout au long de ma carrière de ne jamais rédiger mes articles et enquêtes à la première personne. Et voilà qu’un casque audio m’oblige à renoncer le temps d’un paragraphe à ce principe ! Avant d’exprimer ce que j’ai ressenti lors du test de Nuraphone, je dois préciser que je ne suis pas exactement un débutant en matière d’audio. Cela fait vingt ans que je teste des casques, enceintes et autres dispositifs sonores pour les publications auxquelles j’ai collaboré. Et durant ces deux décennies, aucun casque ni écouteur ne m’ont procuré un son aussi abouti et un tel plaisir d’écoute. Fin du « je » et retour au style journalistique :)
Otoémission, mon amour !
Conçu par deux passionnés de musique, Nuraphone exploite l’otoémission acoustique. Ce phénomène a été théorisé en 1948, mais son existence n’a pu être prouvée qu’au cours des seventies, lorsque les progrès techniques ont permis de le mesurer réellement.
Afin d’être transmis au cerveau, les sons doivent être transformés en impulsions électriques. L’oreille humaine utilise pour cela un ensemble de mécanismes très sophistiqués que nous n’allons pas décrire ici en détail. Nous nous contenterons de signaler qu’après avoir franchi le tympan, l’onde sonore passe par la cochlée (que l’on peut décrire comme un amplificateur) où se trouvent les cellules ciliées. Celles-ci sont stimulées par l’onde et la transforme en un signal électrique, interprétable par le cerveau. Les cellules ciliées émettent en retour un son très faible, sorte d’image du signal sonore perçu. Et quand on vous dit qu’il est très faible, on ne plaisante pas puisqu’il est 10 000 fois moindre que l’onde d’origine.
Ce « signal retour » n’est pas exactement une copie miniature de l’original, mais l’empreinte de ce qui a été perçu par l’appareil auditif. Si un dispositif balance dans les oreilles d’un individu un ensemble de fréquences calibrées, puis récupère pour chacune le son retourné par les cellules ciliées, il devient possible de dresser un profil très précis de sa perception sonore. C’est en gros ce que font les médecins désirant mesurer avec précision l’état du système auditif d’un nourrisson (incapable de s’exprimer et donc d’attirer l’attention sur son éventuelle surdité).
Dragan Petrović et Luke Campbell, tous deux dingues de musique et détenteurs de diplômes prestigieux (PhD d’ingénierie électrique pour Dragan, PhD en science de l’audition et en chirurgie auditive pour Luke), ont eu l’idée d’exploiter l’otoémission acoustique afin d’adapter le rendu sonore d’un casque audio à son utilisateur. Si l’idée tenait la route, il restait malgré tout quelques menus problèmes à régler : comment miniaturiser toute l’électronique nécessaire ? Comment capter le retour otoacoustique de façon fiable sans passer par un équipement coûtant à la fois un rein et un bras ? Et comment rendre son utilisation assez simple pour qu’il ne nécessite pas un diplôme d’ingénierie pour être utilisé ?
Excellente fabrication
Après quelques années de recherche et de crowfunding, Dragan et Luke ont réussi à concrétiser cet exploit avec Nuraphone, premier casque de la start-up australienne Nura. Comme souvent lors du lancement d’une nouvelle technologie, le modèle que nous testons ici est un produit haut de gamme. Non pliable, il bénéficie d’une construction que nous osons qualifier d’irréprochable.
Et comme le Paradis est dans les détails, ses concepteurs se sont fait plaisir en employant des matériaux nobles : acier japonais réputé pour sa solidité et sa souplesse, silicone haut de gamme hypoallergénique, mécanisme de réglage des oreillettes à la fois souple et résistant. Ajoutez à cela l’absence totale de touches mécaniques ou de voyants (ce que certains pourraient regretter) et vous aurez une vague idée de ce que nous voulons dire.
Bonne ergonomie
Non pliable, Nuraphone est livré dans un magnifique étui rigide. Il est globalement un peu plus encombrant qu’un casque traditionnel, mais guère plus qu’un modèle haut de gamme (190 x 170 x 88 mm pour 329 g). Quitte à faire hurler les puristes, il a délibérément été conçu pour fonctionner sans fil à l’aide d’une connexion Bluetooth.
Bien sûr, on pourra toujours le relier à un smartphone ou à un appareil audio grâce à un câble optionnel (jack 3,5 mm, micro USB, USB-C ou Lightning). Ses concepteurs assurent toutefois que le son obtenu sera moins bon qu’en Bluetooth, le casque étant équipé d’un DAC optimisé. Nuraphone est accompagné d’un câble USB se branchant sur le connecteur propriétaire afin de le transformer en casque USB pour ordinateur ou de recharger sa batterie non extractible.
Celle-ci lui assure en théorie une autonomie d’une vingtaine d’heures en utilisation à volume raisonnable. Dans les faits, on dépasse allègrement les 18 heures si l’on pousse un peu le volume. L’absence du moindre voyant d’état sur le casque rend difficile l’évaluation de la charge de la batterie. Pour cela, il faudra impérativement passer par l’app de gestion que l’on installe sur un smartphone Android ou un iPhone : nous y reviendrons un peu plus loin.
Intra et Circum sont dans un casque
Généralement, un casque audio est intra-auriculaire (logé à l’entrée du conduit auditif), supra-aural (posé sur les oreilles) ou circum-aural (recouvre complètement les oreilles). S’il est doté de coussinets, il peut être de conception fermée (l’air extérieur ne filtre pas du coussinet), ouverte (une grille d’aération sur la face externe du coussinet autorise la libre circulation de l’air) ou semi-ouverte (compromis entre les deux).
Isolé, mais pas au frais
Effet bénéfique immédiat de l’association circum-aural/intra-auriculaire, une isolation phonique passive très performante puisque l’on ne perçoit quasiment aucun son du monde extérieur. On déconseillera donc vivement l’emploi du casque au volant ou simplement en tant que piéton dans la rue. Le port du casque offre une sensation étonnante puisque l’oreille est littéralement submergée par chaque oreillette. Dans notre cas, nous n’avons pas ressenti de gêne lors d’une écoute prolongée, la partie intra ne nous dérangeant pas le moins du monde. Ce n’est pas le cas des différentes personnes à qui nous avons prêté le casque, certaines n’aimant pas le côté intrusif de l’intra. L’oreille étant entièrement recouverte, une sensation d’échauffement arrive après une période d’écoute et nous avons ressenti le besoin de retire Nuraphone pour quelques dizaines de secondes toutes les heures. Pour en finir sur l’aspect ergonomie, précisons que chaque oreillette dispose sur sa face externe d’une zone tactile programmable.
Calibration
Afin de créer le profil acoustique nécessaire à Nuraphone, il faut impérativement télécharger l’application compagnon sur son smartphone Android ou iOS. Celle-ci, actuellement non traduite en français, comporte un assistant qui vous guidera pas à pas durant l’opération.
Pas de panique si vous ne comprenez rien à l’anglais : les différentes étapes sont illustrées par des animations et vidéos qui rendent finalement inutile sa connaissance. Avant toute chose, le casque doit être positionné sur les oreilles. Ne cherchez pas à le mettre sous tension : vous n’y arriveriez pas. Nuraphone est équipé de détecteurs de proximité et se réveille dès qu’il est placé sur vos oreilles. Une voix suave, mais synthétique (sûrement la meilleure qu’il nous ait été donné d’entendre dans un casque) murmure alors un chaleureux « Welcome ». Afin d'économiser la batterie, il passe en veille dès qu'il est retiré.
La création du profil ne pose pas de problème particulier si l’on suit scrupuleusement les consignes de l’assistant. Le plus complexe reste le positionnement initial du casque et notamment de la partie intra-auriculaire. Après quelques essais on y arrive finalement, la performance étant là aussi saluée par un suave « Good job! »
Vient ensuite la phase de calibrage proprement dite, où l’on entend une série de fréquences plus ou moins proches et où un cercle symbolisant votre spectre auditif apparait peu à peu à l’écran, parsemé de bosses et creux de différentes couleurs. Il s'agit en fait d'une représentation circulaire du spectre de fréquences telles que vos oreilles les capte. Seule contrainte pendant la petite minute que dure l'opération : ne pas parler ni trop bouger. Enfin, les données collectées sont envoyées vers un serveur de Nura afin d’être traitées, les smartphones actuels n’étant tout simplement pas assez puissants pour réaliser l’opération rapidement.
Dernière étape, l’écoute d’un morceau de musique test. Dire que le résultat est spectaculaire lorsqu’on active le profil précédemment généré tient du doux euphémisme ! Bien sûr, le fichier musical (un extrait de View2 de Sasha) a été soigneusement choisi afin de bien mettre en exergue la différence de son. L’application vous proposera enfin de régler le niveau d’immersion dans l’écoute afin de l’ajuster définitivement à votre gout.
Petite précision : le profil est sauvegardé dans le casque, ce qui permet de le connecter ensuite à une source audio autre qu’un smartphone (télévision, console de jeux, etc.) Trois profils peuvent être créés afin de partager le casque avec ses proches.
Enthousiasmant !
Bien sûr, nous ne nous sommes pas contentés de de ce morceau de test et nous avons passé de longues heures à écouter tout ce qui nous tombait sous l’oreille. Nuraphone fait un sans-faute et propose une expérience d’écoute ahurissante quel que soit le style de musique écoutée. Au lieu d’avoir l’impression d’être face à un orchestre ou à un groupe comme le proposent la plupart des casques dotés d’une bonne spatialisation, Nuraphone vous installe au centre de la formation musicale ! Outre cette immersion spectaculaire, la qualité sonore est au rendez-vous grâce à quelques technologies audio sur lesquelles les fondateurs de Nura restent discrets.
Nous avons mené nos tests avec des services de streaming hifi comme Quobuz, mais aussi avec Spotify, Deezer et Apple Music sans éprouver la moindre déception quant à la restitution sonore. Même constat avec des MP3 de bonne qualité (256 Kbps et au-delà) ou des fichiers sans perte sur un smartphone conventionnel. Bref, un vrai régal et tout nos casques nous ont semblé un peu fades après avoir testé Nuraphone pendant trois semaines.
Excellent, mais…
Aussi convaincant soit-il, Nuraphone n’est pas parfait. Notre principal reproche ne vient certes pas de la qualité du son (à l’exception des appels téléphoniques, le micro ne faisant alors pas un boulot extraordinaire), mais de la sous-exploitation des deux touches tactiles logées sur les oreillettes.
Actuellement, chacune ne peut recevoir qu’une fonction prédéterminée (activation de l’immersion, pause/lecture, avance rapide, retour rapide). Impossible d’utiliser une pression multiple afin d’affecter à chaque touche plusieurs rôles comme le font de nombreux constructeurs (Bose par exemple).
Seuls les utilisateurs d’iPhone peuvent bénéficier d’un contrôle plus précis en optant pour une connexion filaire, une télécommande étant logée sur le câble. Aucun contrôle de volume n’est prévu sur le casque. Là aussi, l’une des deux zones tactiles aurait pû être mise à contribution pour cela. Nura est conscient de ces petits défaut et promet de corriger ces problèmes « dans le futur ». Impossible en revanche de savoir si cette promesse s’appliquera à ce modèle au travers d’une mise à jour du logiciel ou seulement à un futur produit.
Prix et disponibilité
Nuraphone est disponible depuis janvier dernier au prix de 399 €. Cela peut sembler cher (et ça l'est), mais il s'agit ici d'un produit haut de gamme implémentant une technologie inédite dans un produit audio destiné au grand public. Et pour tout dire, une simple écoute vous fait rapidement oublier son prix!
Pour acquérir Nuraphone, il faut pour l'instant passer par le site web de la start-up. Nura travaille actuellement à la distribution de son produit au travers d'enseignes européennes (y compris en France), mais aucune date n'est pour l'instant communiquée quant à une disponibilité effective dans un réseau de distribution. Précisons pour finir que Nura compte sur le bouche-à-oreille afin de faire connaitre son produit. Ainsi, tout possesseur d'un Nuraphone peut parrainer un futur acheteur afin de le faire bénéficier d'une réduction de 20%. Mieux encore : si vous parrainez six acheteurs, Nura vous offre un exemplaire gratuit du casque. Pas mal pour se faire connaitre…
Difficile de ne pas tomber sous le charme du son produit par Nuraphone : immersif et d'excellente qualité, il fait rapidement oublier l'absence de traduction de l'application compagnon en français et les quelques petits défauts ergonomiques que nous avons constaté. Son prix est élevé mais le met au niveau des casques audio haut de gamme de la concurrence. Bref, ce premier essai est une belle réussite et l'on attend avec impatience les prochains produits de Nura.
- La qualité du son produit !
- La sensation d'immersion
- La qualité de fabrication
- Le processus de création d'un profil
- L'autonomie électrique
- L'aspect intra-auriculaire + circum-aural pourra en gêner certains
- Application non traduite en français