Test Prince of Persia The Lost Crown : la reconquête du trône
- Direction artistique très soignée
- Tout le temps fluide, même sur Switch
- Jouabilité précise et jouissive
- Le concept des fragments de mémoire, une excellente idée
- Bande originale très plaisante et toujours dans le ton
- VF de qualité, et possibilité d’utiliser le doublage “persan” !
- De multiples options d’accessibilité en pagaille
- Durée de vie étonnamment généreuse
- Tarif très attractif et modèle économique irréprochable, sans microstransactions
- Scénario et personnages peu intéressants, voire anecdotiques
- Quelques temps de chargement qui cassent l’immersion (sur Switch)
- La mécanique de “super”, seule petite faiblesse niveau maniabilité
- Peut-être un peu trop prévisible en terme de structure
- Les mécaniques basées sur le temps sont trop sous-exploitées
- Très avare en terme de voyages rapides
Prince of Persia The Lost Crown signe le retour très attendu d’une licence mythique oubliée depuis trop longtemps. Le nouveau titre d’Ubisoft Montpellier se voit offrir le privilège d’ouvrir le bal de 2024, qui plus est sur tous les supports disponibles pour se mettre le plus en valeur possible. Prince of Persia The Lost Crown est-il pour autant un retour en grâce, avec élégance et finesse comme nous pouvions l’espérer ?
Il y a quelques mois de cela, personne n’aurait misé un kopeck sur la présence de la licence Prince of Persia dans le planning des jeux vidéo de 2024, et encore moins pour le mois de janvier. Avant le Summer Games Fest de juin 2023, la franchise semblait en grande difficulté depuis l’annonce, en 2020, d’un remake de son opus le plus célèbre, Les Sables du Temps (aussi intitulé “The Sands of Time Remake”). Ce titre culte de la génération PlayStation 2 / Game Cube / Xbox devait initialement faire son grand retour en 2021 sous forme d’une version modernisée à destination des consoles de nouvelles génération, mais s’était hélas enlisé dans un développement plus que chaotique. Pas de quoi rassurer les fans d’une saga à l’arrêt depuis Les Sables Oubliés, sorti… en 2010 sur PlayStation 3, Xbox 360 et Wii.
Heureusement, la franchise signe aujourd'hui son grand retour avec un tout autre projet : Prince of Persia The Lost Crown que nous testons aujourd'hui.
Le Retour du Prince
Alors que l’un des nombreux studios d’Ubisoft connaît de grosses difficultés à concevoir le remake de l’épisode le plus notoire de la franchise, celui de Montpellier se voir confier en parallèle… la tâche plutôt réjouissante de créer un nouveau Prince of Persia 100% inédit, à défilement linéaire en 2D, bref “à l’ancienne”. Une aubaine pour des développeurs qui avaient plus qu’excellé dans le domaine de la “2D-HD” avec les deux derniers épisodes en date de Rayman, Origins (2011) puis Legends (2013). Cependant, les premiers retours du grand public étaient mitigés, aussi bien face au character design du protagoniste Sargon (qui n’est aucunement un “nouveau” Prince de Perse, mais plutôt un guerrier chargé de venir en secours à ce dernier) que du choix de la 2D. Ou plutôt, de la 2,5D, vous savez, cette représentation hybride mélangeant défilement linéaire et éléments graphiques en trois dimensions.
En optant pour ce type d’angle de vue in-game, Ubisoft n’a cependant pas l’intention de proposer ce qu’on appelle parfois vulgairement un jeu vidéo “néo-rétro” sans aucune forme de mise en scène. Il y a bien des cinématiques, dans un style plus anime que véritablement cinématographique, et Prince of Persia The Lost Crown a bien une histoire à raconter. On y incarne donc Sargon, un jeune guerrier très agile membre du groupe des Immortels, chargé de veiller sur le Prince de Perse, Ghassam. Après une introduction impressionnante aux allures de God of War en “2,5D”, Sargon et ses compagnons assistent, impuissants, à l’enlèvement du prince. Ils parviennent cependant à localiser le lieu de sa captivité : le légendaire (et mystérieux) Mont Qaf, où le temps semble déformé et agir sur l’environnement… mais aussi sur quiconque prend le risque de s’y aventurer. C’est dans ce contexte mystérieux et prometteur que se déroule cette toute nouvelle aventure 100% inédite.
Plus modeste, donc plus efficace ?
Si la perspective de voir Prince of Persia renouer avec la 2D l’ayant propulsé sur le devant de la scène était plutôt réjouissante, nous pouvions cependant nous inquiéter face au possible manque d’ambition de ce titre. Habitué aux productions de type “triple A”, de grande envergure et avec le budget qui va avec, Ubisoft a envoyé un message étrange à l’industrie en dévoilant The Lost Crown. Commercialisé à “seulement” 49,99€ sur toutes les plates-formes du moment, Nintendo Switch et consoles “ancienne génération” (PlayStation 4 et Xbox One) comprises, au lieu des tarifs habituels de l’éditeur, le premier Prince of Persia inédit depuis 14 ans avait de quoi donner l’image d’un “petit jeu” commandé en urgence par l’éditeur pour satisfaire les fans mécontents du traitement de Sands of Time Remake. Cependant, ce n’est même pas le cas, puisque le développement de Prince of Persia The Lost Crown a débuté il y a quatre ans, bien avant que l’éditeur et ses projets ne se trouvent dans la tourmente constante qui semble tristement faire office de quotidien depuis deux ans.
Ubisoft sort d’une période un peu délicate et il n’était de fait pas illogique de le voir proposer un titre d’apparence moins ambitieux, à l’image de Assassin’s Creed Mirage, que nous avions trouvé plutôt honnête et qui remplissait plutôt bien son contrat pour un titre “de transition” facturé à prix doux. Avec Prince of Persia The Lost Crown, le concept semble un peu similaire : proposer une expérience à moindre coût, carrément optimisé pour la Nintendo Switch et des PC à configuration très basique qui aille à l’essentiel.
Une certaine forme d'indépendance
Afin d’offrir une expérience de gameplay en 2D suffisamment dense et collant à l’esprit des Prince of Persia originaux, Ubisoft Montpellier a opté pour un type de jeu très en vogue chez les développeurs indépendants depuis une bonne dizaine d’années : le Metroidvania. Ce mot-valise se compose des noms de Metroid et Castlevania, deux célèbres séries nées en 1986, avant même la sortie du tout premier Prince of Persia. Basé sur de la plate-forme en deux dimensions, le Metroidvania a pour but de faire évoluer le joueur dans un labyrinthe connectant de multiples biomes ayant chacun leur identité propre (faune, flore, bestiaire spécifiques). L’accès à chaque zone se fait soit en explorant naturellement, soit en résolvant des énigmes basées la plupart du temps sur des objets ou des pouvoirs spéciaux… généralement cachés à l’autre bout de la carte, parfois au prix d’un combat contre un boss.
Très populaire depuis que les développeurs indépendants sont en mesure de proposer eux-mêmes des titres complexes et ambitieux, et ce sans avoir à trop avoir à se préoccuper de modéliser des environnements en trois dimensions, le Metroidvania est cependant un genre auquel ne se frottent pas du tout les éditeurs majeurs de l’industrie. Certes, Nintendo continue de faire honneur au genre avec la série-mère qui lui a donné son nom, mais même l’excellent Metroid Dread ne ressemble pas vraiment à un titre d’un éditeur de son envergure, surtout au vu de quoi il est capable avec Metroid Prime.
Vous l’aurez compris, on associe énormément le Metroidvania aux jeux indépendants, et ce n’est pas un hasard si des Ori and the Blind Forest (2015) ou Hollow Knight (2017) ont été maintes fois primés, pour ne citer qu’eux. En suivant l’exemple de Metroid Dread, Ubisoft tient à prouver avec Prince of Persia The Lost Crown que non, le Metroidvania n’est pas l’apanage des développeurs indépendants. Mieux encore, l’objectif du titre est non seulement de moderniser la formule, mais aussi et surtout de montrer qu’il est complètement possible de proposer une expérience de jeu vidéo immersive et réussie sans chercher à viser le photoréalisme ni de plonger le joueur dans un monde ouvert aux proportions démesurées. Un comble de la part d’un éditeur comme celui des Assassin’s Creed, Far Cry ou plus récemment, de Avatar: Frontiers of Pandora.
Top of the PoP
Si nous avons mis autant de temps à vous expliquer les tenants et les aboutissants du gameplay de Prince of Persia The Lost Crown, c’est tout simplement parce qu’en comprenant ce qu’est un Metroidvania et comment cela se joue, vous aurez déjà pratiquement toutes les bases. Certes, Ubisoft Montpellier va partir du principe (assez légitime) que vous n’êtes pas familier avec ce genre de jeu, et même s’il ne dira jamais son nom, il vous en expliquera le fonctionnement à travers des tutoriels toujours efficaces et placés au moment opportun. La progression est naturelle, fluide, et surtout, le titre d’Ubisoft est incroyablement plaisant manette en main. Décrit comme un véritable athlète hors du commun, Sargon est effectivement d’une agilité redoutable et si vous avez joué à Metroid Dread, et que vous tentez l’expérience Switch pour ce nouveau Prince of Persia, vous ressentirez une étrange sensation de filiation avec Samus Aran et ses dernières aventures.
En progressant dans Prince of Persia The Lost Crown, c’est vraiment ce qui nous a le plus frappé : Ubisoft Montpellier a absolument tout compris aux codes du Metroidvania, récitant une partition peut-être un peu trop connue des amateurs du genre, mais qui séduira très probablement les novices et les curieux. Du saut mural au dash (sorte de projection horizontale permettant de franchir des précipices) en passant par la glissade et les diverses formes de téléportation, la maniabilité de Sargon est aussi intuitive que jouissive. Certes, son arsenal de base (deux épées) n’évolue que très peu, s’agrémentant juste rapidement d’un arc et d’un chakram (une arme sous forme d’anneau en métal) pour offrir une belle diversité d’attaques. La diversité du gameplay est cependant ailleurs, tout d’abord dans les éclats d’Athra, ces pouvoirs spectaculaires et puissants utilisables en remplissant une jauge au fil des coups portés aux ennemis… et qui peut baisser au gré des dégâts subis. Elle réside aussi dans l’utilisation des amulettes, qui permettent au joueur de totalement personnaliser Sargon à sa guise et de varier les builds en fonction des situations.
À l’instar des charmes de Hollow Knight, Prince of Persia The Lost Crown dispose d’un système d’amulettes à équiper autour du cou du héros, que l’on ne peut interchanger qu’au pied des arbres Wak-Wak (qui font office d’abri où sauvegarder et se régénérer). Il s’agit de bonus plus ou moins passifs qui améliorent la résistance du personnage, la quantité de dégâts face à certains types de blessures (feu, poison), mais aussi la puissance de ses attaques, d’une arme précise… en sachant que toutes ne peuvent être équipées simultanément et qu’il faudra faire des choix. À noter que l’effet de ces amulettes peut être amélioré auprès d’une forgeronne, moyennant évidemment des cristaux du temps (la “monnaie” récupérée sur les ennemis abattus, dans des coffres ou en explorant des recoins cachés) ou des pièces rares à l’effigie du célèbre roi perse Xerxès.
Concernant le système de combat, s’il est rudimentaire en apparence, il peut s’avérer bien plus subtil qu’il en a l’air, en grande partie parce que les approches sont multiples grâce à la grande variété de coups dont dispose Sargon. Une zone d’entraînement (qui peut rapporter des cristaux du temps, qui plus est !) vous révélera l’étonnante subtilité de sa panoplie de mouvements, et on s’étonne de la fluidité de l’ensemble une fois en combat. Seuls les “super”, accompagnés de micro cinématiques un peu à la Dragon Ball Z, déçoivent un tout petit peu : si leur exécution est stylée et efficace, la manière de les activer constitue le seul moment où la jouabilité est prise à défaut. Il arrive régulièrement de les lancer par erreur, ou du mauvais côté (et donc à l’opposé de la cible), et on rage d’avoir gâché une jauge entière d’Athra pour rien. Heureusement, on peut la remplir assez vite, surtout avec les builds les plus agressifs réservés aux combattants les plus précis. En augmentant la difficulté, les combats de boss peuvent devenir carrément hardcore tant ils sont vifs et nerveux, mais le véritable challenge résidera encore et toujours dans les phases de plate-forme, jamais véritablement effrayantes mais quand même relevées bien comme il faut.
Le Prince qui perce
Comme dans tout Metroidvania qui se respecte, l’exploration est récompensée dans Prince of Persia The Lost Crown. Les amulettes et la monnaie permettant de les améliorer ne se récoltent qu’en prenant le temps de compléter une carte très dense, ainsi qu’en remplissant des objectifs secondaires assez peu nombreux, mais qui ont le mérite de ne pas être invasifs et de se multiplier à l’excès. Cela ne l’empêche pas de disposer d’une durée de vie généreuse qui fait franchement plaisir, surtout qu’il y avait légitimement de quoi redouter un jeu trop court au vu de sa politique tarifaire (couplée à un modèle économique exemplaire qui plus est, sans aucune microtransaction douteuse). Heureusement, il n’en est rien ! Alors que terminer la trame principale prend 15 à 20 heures, même pour les joueurs les plus chevronnés ayant l’habitude de ce genre de jeu, on peut aisément envisager que le compléter à 100% requiert le double.
La carte du Mont Qaf et de ses nombreux biomes, aussi variés que parfois carrément surprenants, est immense et très plaisante à parcourir, bien que manquant un peu de points de téléportation. Alors que les arbres Wak-Wak permettant de sauvegarder et se soigner sont légion, les emplacements des voyages rapides sont vraiment rares et forçant quelque peu les aller-retours, rallongeant assez artificiellement la durée de vie de quelques heures au final. Ce n’est pas foncièrement déplaisant tant le jeu est agréable à parcourir, mais on n’aurait pas été contre davantage de voyages rapides dans un jeu qui nous fait faire énormément d’aller-retour. En revanche, on saluera le concept de fragments de mémoire, consistant à intégrer sur la carte une capture d’écran (accessible d’un seul bouton prévu à cet effet) des lieux où l’on est bloqué. Cela permet de rajouter un marqueur sur la carte associé à un visuel permettant de savoir ce qui s’y trouve et pour quelle raison on l’a mis de côté : un concept original, qui manque à beaucoup de Metroidvania, et fait office de petite révolution du genre. Merci Ubisoft !
D’une manière générale, Prince of Persia The Lost Crown fait étalage d’un certain talent quand il s’agit de nous perdre dans les méandres de son univers. Les récompenses que promet une exploration poussée sont certes une excellente raison de tout fouiller et de s’aventurer comme le jeu l’exige. Cependant, sa capacité à ne pas trop nous guider (à moins de le souhaiter, ce que les nombreuses options d’accessibilité permettent avec intelligence) est une grande force, couplée à une ambiance de grande qualité. D’un point de vue sonore tout d’abord, la bande originale est variée et partagée entre deux artistes aux influences différentes. La musique accompagnant l’exploration provient de la compositrice iranienne Mentrix, se montre envoûtante, discrète et se fond à merveille dans le décor, tandis que les thèmes de boss sont beaucoup plus rythmés, voire épiques, et nous viennent de Gareth Coker, auteur notamment des bandes son des Ori et du dernier Halo.
Quant à la direction artistique du jeu, inspirée de la mythologie perse, elle s’avère élégante et parfois surprenante, notamment lorsqu’entrent en jeu les pouvoirs spéciaux de Sargon et/ou les déformations liées au temps (dont on regrettera que les mécaniques associées soient si peu exploitées en comparaison des autres aptitudes du héros). Certaines zones sont particulièrement inattendues et témoignent d’un grand niveau d’inspiration de la part des artistes d’Ubisoft Montpellier. Nous reviendrons plus bas sur l’aspect plus technique de sa réalisation, mais dans son style si particulier, Prince of Persia The Lost Crown dispose d’un certain cachet qui renforce l’immersion et le sentiment d’aventure. Et s’il ne racontait (presque) rien, comme du temps du tout premier opus sorti en 1989, cela ne changerait honnêtement pas grand-chose…
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Mythes élémentaires
Jusqu’ici, nous ne nous sommes pas vraiment étendus sur l’aspect narratif de Prince of Persia The Lost Crown, et ce pour une bonne raison. Là encore, le titre d’Ubisoft Montpellier est un Metroidvania modèle, dans le sens où il ne nous inonde pas de cinématiques, celles-ci étant réservées aux (rares) moments clés de l’intrigue, lorsque Sargon accède à des lieux stratégiques de la carte où un événement important va se produire. Les PNJ ne sont pas légion, et on s’attachera davantage aux marchands voire aux donneurs de quêtes qu’aux compagnons du héros, aux motivations et aux destinées assez vite expédiées et sans grand relief. La trame de base offre certes son petit coup de théâtre qui fait mouche et donne un peu plus de corps à la quête de Sargon, mais l’ensemble reste un peu anecdotique : comprenez par là que ce n’est pas à travers son scénario que brille Prince of Persia The Lost Crown. S’il n’est pas ridicule ou raté, il confine hélas à l’anecdotique, et on en retiendra surtout sa mise en scène spectaculaire lors de cinématiques très réussies.
Cependant, et c’est une spécificité du genre, chaque micro événement est davantage un prétexte qui sert l’exploration qu’une véritable motivation à s’intéresser à l’histoire principale. En évoluant dans ce nouveau Prince of Persia, on se rend rapidement compte que la narration est davantage d’ordre environnemental, basée sur les objets de collection disséminés dans les innombrables recoins de la carte. Il revient davantage au joueur de s’intéresser à cet univers dessiné en pointillés, et à reconstituer par soi-même (notamment avec une quête secondaire en fil rouge aussi intéressante qu’énigmatique), que de se voir tout livré sur un plateau. Sur ce point, Prince of Persia The Lost Crown est également l’anti-triple A par excellence, loin des habitudes d’Ubisoft qui nous a tant habitués à nous noyer sous les informations, les marqueurs de quête et les objectifs dans tous les sens. Bon, cela dit, vous pouvez grandement vous faciliter la tâche en activant les bonnes options, mais ça ne dépendra que de vous.
Solides specs
Contrairement à certains triple A pourtant classifiés PEGI 18 que nous ne nommerons pas, Prince of Persia The Lost Crown a l’immense intelligence de n’assister le joueur que s’il en fait la demande. Ici, point de réflexions à voix haute du protagoniste qui empêchent le joueur de réfléchir lui-même à comment résoudre une énigme. Si vous souhaitez savoir où se situent vos objectifs sur la carte, il relève de votre responsabilité d’activer l’option idoine dans les paramètres du jeu, où vous pourrez également personnaliser la difficulté à votre guise. De nombreux détails de gameplay sont réglables à l’envi via des curseurs plutôt précis, sous forme de multiplicateurs de dégâts reçus et/ou infligés aux ennemis, ou encore la puissance de l’effet des éclats d’Athra. En vérité, avant même d’acquérir des améliorations de vos pouvoirs in-game, vous pouvez déjà en moduler les effets par vous-mêmes dans les menus du jeu… et ce n’est qu’une partie des nombreuses options d’accessibilité qui s’offrent à vous !
D’une manière générale, à l’instar de sa composante Metroidvania ultra maîtrisée (jusqu’à en devenir parfois caricaturale), Prince of Persia The Lost Crown donne l’impression d’un jeu vidéo bien réalisé, à la production léchée et sans heurts, ce qui a tendance à se raréfier dans l’industrie. Bien qu’ayant rédigé ce test à partir d’une version 1.0 envoyée par l’éditeur, nous n’avons pas constaté de bugs (dans un triple A, ça fait plaisir !) et cerise sur le gâteau, la version Nintendo Switch est plus que recommandable. Nous n’avons pas eu l’occasion de tester le jeu sur d’autres supports que sur la console hybride de Nintendo, mais nous étions plutôt optimistes quant à la qualité de finition de cette version puisque Ubisoft Montpellier semblait initialement avoir eu l’intention de l’optimiser spécifiquement pour elle.
Alors certes, il n’est pas trop surprenant qu’un jeu au déroulement en deux dimensions tourne comme un charme sur une console comme la Switch, mais on appréciera que les 60 images par seconde soient tenues en permanence, les ralentissements se montrant très rares pour ne pas dire inexistants. On peut à la rigueur déplorer, si l’on veut se montrer exigeant, la longueur de quelques temps de chargement entre des changements de zone qui cassent un tout petit peu le rythme et l’immersion, mais ce n’est vraiment jamais long ou pénible et on s’en accommode très bien. Sur cette machine qui va quand même souffler sa septième bougie en mars, les promesses du 1080p en mode TV et du 720p en mode nomade sont tenues, et nous ne saurions que trop vous recommander d’apprécier la beauté du niveau de détail des décors sur un écran OLED dans les deux cas. Parce que, oui, n’ayons pas peur des mots, Prince of Persia The Lost Crown est un beau jeu en plus d’être terriblement agréable à jouer, et on lui pardonnera avec aisance la relative faiblesse de sa narration. Après tout, ce n’est pas trop pour ça qu’on avait hâte d’y jouer, mais plutôt pour s’évader, redécouvrir un univers fascinant, et vivre une belle expérience manette en main ; et ça, Ubisoft Montpellier l’a compris, nous a écoutés, et offre un très beau retour à une licence qui le méritait.
Avec Prince of Persia The Lost Crown, Ubisoft nous livre une copie aussi séduisante qu’inattendue dans un domaine qu’on ne l’imaginait pas spécialement explorer. Cet enfant illégitime de Metroid Dread et de God of War, aux vagues airs de Hades par moments, est une agréable surprise même si, on le sent, l’éditeur français n’a finalement pas pris tant de risques que cela. En appliquant à la lettre toutes les règles du Metroidvania idéal, Prince of Persia The Lost Crown fait honneur au genre et montre que les grands noms du jeu vidéo peuvent aussi se frotter à un style jusqu’ici un peu trop connoté “jeu indépendant”. Sans rien révolutionner ou presque, ni hélas proposer de trame narrative captivante, le jeu d’Ubisoft Montpellier remplit néanmoins son contrat à merveille en faisant renaître de ses cendres une licence qu’il est plaisant d’enfin retrouver, surtout à travers un titre aussi jouissif durant lequel on ne voit pas le temps passer.
- Direction artistique très soignée
- Tout le temps fluide, même sur Switch
- Jouabilité précise et jouissive
- Le concept des fragments de mémoire, une excellente idée
- Bande originale très plaisante et toujours dans le ton
- VF de qualité, et possibilité d’utiliser le doublage “persan” !
- De multiples options d’accessibilité en pagaille
- Durée de vie étonnamment généreuse
- Tarif très attractif et modèle économique irréprochable, sans microstransactions
- Scénario et personnages peu intéressants, voire anecdotiques
- Quelques temps de chargement qui cassent l’immersion (sur Switch)
- La mécanique de “super”, seule petite faiblesse niveau maniabilité
- Peut-être un peu trop prévisible en terme de structure
- Les mécaniques basées sur le temps sont trop sous-exploitées
- Très avare en terme de voyages rapides