Test Sony Xperia 5 V : un pas en arrière, deux pas en avant !

Notre avis

Un an après le Xperia 5 IV, Sony a dévoilé cet automne le Xperia 5 V. Passé quasiment inaperçu, le smartphone mérite pourtant d’y consacrer du temps. Du temps pour le découvrir. Et du temps pour l’apprivoiser. Smartphone parfois paradoxal, le Xperia 5 V doit jongler avec différents impératifs qui ne sont pas toujours compatibles. On vous explique ce que cela implique dans ce test complet.

Les smartphones de Sony sont généralement de bons produits. Ils ne sont pas parfaits, certes. Mais la qualité est généralement au rendez-vous… à partir du moment où vous prenez le temps de les apprivoiser. Car les Xperia sont des smartphones complets, mais complexes, offrant de très grandes possibilités, mais uniquement pour ceux qui maitrisent la bête. Photo, vidéo, jeu, musique, rien ne les arrête vraiment. Et c’est admirable, d’une certaine manière.

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Sauf que la stratégie de Sony n’est pas adaptée au marché actuel. Depuis l’arrivée du premier iPhone, les consommateurs ne lisent plus les manuels d’utilisation et ne veulent que des produits intuitifs. Or, en intégrant les technologies audio, vidéo et photo des autres divisions de Sony, les Xperia ont gagné en complexité, jusqu’à atteindre le paroxysme en 2022. Le Xperia 1 IV ne s’adressait plus qu’à un segment expert d’utilisateurs. Ce que nous avons vraiment regretté.

Avec les Xperia 1 V et Xperia 5 IV, Sony a fait un grand pas. La marque a retravaillé sa recette pour que ces produits soient plus accessibles aux non-experts et aux transfuges des autres marques. Et nous avons apprécié cet effort. Avec le Xperia 5 V, Sony continue son introspection. Présenté au début du mois de septembre, le smartphone se veut plus proche des propositions d’Asus et Apple, aussi bien en termes de fiche technique que de tarif. Est-ce une bonne idée ? Réponse dans notre test complet.

Prix et date de disponibilité

Le Xperia 5 V est lancé en France au prix public conseillé de 999 euros. Il est donc 50 euros moins cher que son prédécesseur. Il est assez rare, en 2023, de voir un constructeur baisser le prix de ses smartphones. Et nous verrons dans ce test quels sont les changements apportés au Xperia 5 V qui ont permis à Sony de réduire les coûts. Notez que le Xperia 5 III était également vendu 999 euros. Pour rappel, le Xperia 1 V est proposé à 1399 euros.

Le Xperia 5 V est un smartphone haut de gamme de petite taille. Plus cher que la concurrence, il se positionne face à l’iPhone 15 d’Apple (à partir de 969 euros), au Galaxy S23 de Samsung (969 euros) et au ZenFone 10 d’Asus (799 euros). Nous pourrions inclure dans ce segment l’iPhone 15 Pro d’Apple (à partir de 1229 euros), même si ce dernier est plus cher, mieux équipé et plus ambitieux. Le point commun de tous ces téléphones est d’intégrer un écran dont la taille est strictement inférieure à 6,2 pouces.

Le Xperia 5 V a été officialisé début septembre 2023. Il est officiellement commercialisé en France depuis le 29 septembre. Et vous pouvez le trouvez chez les principales enseignes et (Boulanger, Darty / Fnac, Amazon), sans oublier Orange / Sosh pour les opérateurs. Il se décline en trois coloris : argent (notre exemplaire de test), noir et un joli bleu. Il n’existe qu’une seule version en France, avec 128 Go de mémoire interne, extensible par microSDXC. La version 256 Go est proposée dans d’autres pays.

Dans la boîte, vous ne retrouvez que le téléphone. Cela fait presque deux ans que Sony a supprimé l’ensemble des accessoires. Il n’y a pas de chargeur, de câble d’alimentation, de coque ou d’outil pour enlever la carte SIM. Dans le dernier, pas de panique : il n’y en a pas besoin pour extraire le tiroir. L’emballage est en carton et est entièrement recyclable.

Design

Commençons comme toujours avec l’aspect extérieur du smartphone. Avec une première remarque : il y a comme une évidence que le Xperia 5 V est signé Sony. Nous y retrouvons le langage ergonomique habituel, très épuré et minimaliste. Les faces et les tranches droites et plates. Le verre et le métal utilisé de façon prépondérante. Le module photo vertical. Le bouton de mise en marche qui cache le lecteur d’empreinte digitale. Le port jack 3,5 mm et les haut-parleurs en façade. Le châssis étanche. Les fans sont en terrains connus.

Le Xperia 5 V ressemble autant au Xperia 5 IV qu’au Xperia 1 V. Du premier, il reprend les tranches et le déclencheur photo. Ces derniers ne sont pas texturés, mais lisses. Il reprend aussi l’encombrement, même si les dimensions du nouveau modèle sont légèrement différentes : 2 mm de moins en hauteur, 1 mm de plus en largeur et 0,4 mm de plus en épaisseur. Sur la balance, le Xperia 5 V pèse 10 grammes de plus, sans que cela se justifie au niveau de la fiche technique.

Du Xperia 1 V, il reprend le nouveau langage design du module photo. Si ce dernier est toujours vertical et coincé dans le coin supérieur gauche du dos, il est désormais plus protubérant. Il n’est plus en verre minéral avec un contour en métal, mais uniquement en métal (avec une protection en verre pour chaque capteur). En outre, il est assorti à la couleur du smartphone, alors qu’il était auparavant uniquement noir. Enfin, dernier détail : il intègre le flash et le microphone dédié à la captation vidéo. Ce qui n’était pas le cas.

À l’avant, les bordures autour de l’écran restent assez épaisses, conséquence de la volonté de Sony de ne pas implémenter de poinçon dans ses dalles OLED. Celle du dessus est suffisamment large pour intégrer le capteur selfie, lequel est légèrement excentré sur la gauche. Ces bordures hébergent également les haut-parleurs frontaux. La face avant est protégée par du verre minéral signé Corning. Il s’agit ici de Gorilla Victus 2, en remplacement du Gorilla Victus 1. Ce verre résiste mieux aux aléas du quotidien : les rayures, les chutes, etc.

Écran

Restons à l’extérieur du smartphone et intéressons-nous à la façade avant. L’écran du Xperia 5 V s’appuie très largement sur les acquis de son prédécesseur. La taille est identique. La définition est identique. Les technologies embarquées semblent également identiques. Bien sûr, tout cela cache peut-être quelques changements sur la colorimétrie et sur la luminosité. C’est ce que nous allons découvrir.

Rappelons avant cela les principales caractéristiques officielles de cet écran :

Nous retrouvons donc un écran à la taille modérée facile à utiliser à une seule main. Nous retrouvons un affichage précis et fluide, parfait pour tous les usages : web, films et séries, jeu, etc.  Nous retrouvons le ratio 21/9e que Sony apprécie tant, supprimant les bandes noires lors du visionnage d’un film. Nous retrouvons un écran OLED avec des taux de contraste infinis.

Nous retrouvons aussi un taux de rafraichissement adaptatif. Attention, activer l’option « taux de rafraichissement élevé » bloque une grande partie du système à 120 Hz, même quand ce n’est pas nécessaire. En outre, ce réglage n’est pas prioritaire sur le mode jeu. Offrir davantage de granularité serait appréciable, surtout sur un téléphone de petite taille.

Nous retrouvons enfin un très bon niveau de luminosité. En mode manuel, la luminosité maximale atteint 600 nits en mode normal et 660 nits en mode créateur. Ce sont des chiffres assez proches de ceux du Xperia 5 IV. Il est très probable que la luminosité peut grimper beaucoup plus haut en mode automatique, localement et quand vous êtes en extérieur, en plein soleil.

S’agit-il donc du même écran ? Non. Notre sonde le confirme. La colorimétrie est moins bien maitrisée selon nos mesures. Le Xperia 5 V propose deux modes : normal et créateur, le premier activant le second avec certaines applications compatibles (Bravia Core, Netflix). Le mode Créateur est le plus fidèle aux échantillons colorimétriques. Le Delta E moyen atteint 3 et la température moyenne monte à 6991°. Ces deux chiffres sont bien au-dessus de ceux proposés par le Xperia 5 IV. Le mode normal atteint respectivement 3,6 et 7750°. Heureusement, Sony propose plusieurs outils pour contrebalancer ces petits défauts d’affichage.

Interface

Le Xperia 5 V est sorti sous Android 13, version de l’OS sous laquelle nous avons effectué ce test. Il ne fait aucun doute que le smartphone profitera d’une migration vers Android 14 (que vous pourrez peut-être installer dès la sortie de la boîte à l’achat du téléphone). Voire vers Android 15 fin 2024. Mais il ne faudra pas s’attendre à ce que le téléphone passe sous Android 16. C’est l’un des points faibles des Xperia : la période de maintenance est assez faible chez Sony. Heureusement, la marque déploie plus longtemps des mises à jour de sécurité.

Android 13 est ici assorti de la désormais habituelle surcouche de Sony, Xperia UI. Une interface sobre et élégante, prônant l’efficacité et la clarté. Bien sûr, vous avez une trentaine d’applications installées par défaut, dont celle de Google et de Sony. Mais la marque choisit de ne pas tout placer sur les deux écrans d’accueil de l’interface, mettant en exergue les logiciels multimédias pour la création et le visionnage, aussi bien en photo, en vidéo ou en audio. Il y a trois partenaires commerciaux seulement : Facebook, LinkedIn et Tidal.

Lors de la phase d’initialisation, l’interface vous propose une grande brochette d’applications optionnelles à installer. Des logiciels de Google principalement, quelques-unes de Sony et, très rarement, des applications tierces (Booking et Amazon). Toutes sont cochées par défaut (alors que la règle est plutôt à l’opt-in). Et trois seulement ne peuvent pas être décochées. Même si ce chiffre est peu élevé, nous aurions préféré que Sony joue le jeu à 100 % et permette à chaque utilisateur de choisir les applications qu’il trouve utiles.

Nous retrouvons dans l’interface de Sony les quelques spécificités habituelles rencontrées dans tous les Xperia précédemment testés. La barre de recherche Google accessible en permanence en bas de l’écran. Le menu Détection latérale avec les raccourcis et l’affichage multifenêtre. Le tiroir des applications activé par défaut (contrairement à Huawei ou Xiaomi). La notification permanente du statut du son et de l’écran. Si nous regrettons parfois que Sony n’évolue pas sur certains sujets, nous louons ici la volonté de la firme japonaise à ne pas changer une recette qui fonctionne.

Nous avons une dernière remarque à propos de l’interface et plus spécifiquement sur la photo. Contrairement à Samsung, Sony ne développe pas une « galerie » pour gérer et retoucher les photos. Tout passe par Google Photos. D’un côté, c’est très pratique puisque vous retrouvez l’ensemble des clichés que vous avez déjà pris avec un autre smartphone (à condition d’avoir activé la synchronisation et de disposer de l’espace nécessaire sur Google Drive).

De l’autre, cela réduit le nombre d’outils de retouche disponible par défaut. Si les fonctions standard (recadrage, la balance des blancs et le réglage des ISO, etc.) sont « offertes », la gestion du flou d’arrière-plan et l’application du HDR nécessitent maintenant de s’abonner à Google One. Ce n’est pas le cas chez les concurrents. C’est un défaut important, notamment pour la gestion du bokeh. Et notamment dans un smartphone à pratiquement 1000 euros qui s’adresse aux photographes amateurs et experts.

Performance

Une fois n’est pas coutume, nous avons choisi de tester le Xperia 5 V après son lancement commercial et non avant. Pour une raison simple : notre unité de test est un produit commercial et non un prototype. Cela veut dire qu’il est possible d’y installer nos benchmarks. Cela veut dire aussi que les résultats de nos tests techniques reflètent ceux dont vous devriez profiter aussi. Nous avons donc, pour la première fois depuis plusieurs générations de Xperia, la possibilité de tester tous nos benchmarks habituels.

Petit rappel avant d’entrer dans le détail des chiffres, le Xperia 5 V fonctionne sur le Snapdragon 8 Gen 2, le SoC haut de gamme dévoilé par Qualcomm fin 2022. Il équipe tous les smartphones haut de gamme commercialisés en France depuis le début de l’année. Cela comprend le Xperia 1 V testé il y a quelques mois. Oui, certains téléphones avec son successeur, le Snapdragon 8 Gen 3, ont été annoncés ces dernières semaines, notamment le Xiaomi 14. Mais ils n’arriveront en France qu’en début d’année prochaine. Le Xperia 5 V est également pourvu de 8 Go de RAM, comme son prédécesseur, contre 12 Go de RAM sur le Xperia 1 V.

Entrons maintenant dans le vif du sujet : le Xperia 5 V est, au niveau des performances, un smartphone haut de gamme, bien évidemment. En comparaison de tous les smartphones sous Snapdragon 8 Gen 2, le Xperia 5 V se positionne dans la moyenne haute, que ce soit sur Geekbench, PCMark ou AnTuTu. C’est donc un smartphone qui supporte parfaitement tous les usages les plus gourmands. Bien sûr, il ne pourra affronter frontalement les smartphones sous Snapdragon 8 Gen 3 dont la sortie est attendue dans les prochaines semaines. Mais il peut tenir tête à un téléphone développé pour le gaming, comme un ROG Phone par exemple.

La dissipation de la chaleur est bien maitrisée. Les stress tests ont bien évidemment fait monter la température interne du téléphone, avec des pointes comprises entre 41° et 45°. Sur les tranches, vous sentez cette chaleur. Et elle est parfois un peu gênante. Compte tenu de l’encombrement du téléphone, et donc de la place à l’intérieur disponible pour dissiper cette chaleur, nous nous attendions à une surchauffe plus intense.

La chaleur est plutôt bien gérée par le smartphone. Et cela ne se fait pas au détriment de la stabilité des performances, laquelle s’établit entre 70 % et 80 % en fonction des tests. Ce sont de bons scores, notamment pour un smartphone de cette taille. Rappelons aussi que les benchmarks poussent les téléphones dans leurs derniers retranchements : à l’usage, un jeu tel que Honkai Star Rail fonctionne parfaitement.

Batterie

En 2022, nous avions été plutôt impressionné par la capacité de la batterie intégrée au Xperia 5 IV. Elle était aussi importante que celle du Xperia 1 IV, alors que le téléphone est vraiment plus petit. Un an plus tard, Sony reprend cette même batterie de 5000 mAh. Et c’est une excellente nouvelle. D’autant que la firme japonaise ne fait pas non plus de concession sur la charge sans fil que les consommateurs semblent apprécier. Le tout dans un format compact. C’est fort !

C’est d’autant plus fort que l’autonomie du smartphone est vraiment bonne. Le Xperia 5 V atteint un score de 23 heures d’utilisation continue sur le test PC Mark. Cela correspond à trois jours d’utilisation standard (web, streaming audio et vidéo, réseaux sociaux, messagerie, appel, casual gaming, etc.). Peu nombreux sont les téléphones qui sont capables d’atteindre un tel score, notamment sur le segment des petits formats. L’iPhone 15 et le ZenFone 10 dépassent les deux jours.

Pour les gamers, le Xperia 5 V est également un bon choix, puisque le téléphone est capable d’absorber quasiment 6 heures de Honkai Star Rail avec les graphismes par défaut (réglages élevés et 30 images par seconde) et les paramètres par défaut du téléphone (taux de rafraichissement 60 Hz, luminosité automatique). Si vous montez les graphismes au maximum et passez à 60 images par seconde, le smartphone tient quasiment 4 heures.

Une fois la batterie totalement déchargée, il faut passer par la case recharge. Dans ce domaine, Sony offre deux choix : la recharge filaire, qui accepte une puissance maximale de 30 watts ; et la charge sans fil (compatibilité avec la norme Qi). Si vous optez pour la première solution, rappelons que chargeur et câble USB sont absents de la boîte. Vous devez donc recycler un autre chargeur (et un autre câble) en espérant qu’il soit compatible PPS ou PD 3.0. Et vous pouvez aussi acheter un chargeur officiel. Dans les deux cas, avec un chargeur compatible, vous rechargez le Xperia 5 V assez lentement : plus d’une heure et demie pour passer de 0 à 100 %. Voici nos mesures :

La durée de charge n’est évidemment pas un problème si vous êtes habitué à recharger votre mobile la nuit. Dans ce cas, l’interface Xperia UI propose plusieurs outils d’entretien : la charge programmée (qui va finir la charge complète juste avant votre réveil), la charge adaptative (qui va adapter le temps de charge selon vos habitudes) et la charge bloquée (qui va charger le téléphone jusqu’à 80 % ou 90 % selon votre choix).

Audio

Parlons maintenant de l’audio. Le Xperia 5 V propose une expérience plutôt complète dans ce domaine. Premier élément important : le port jack 3,5 mm situé sur la tranche du haut. La conservation de cette connectique est une excellente nouvelle. Nous regrettons toujours qu’il soit situé sur la tranche supérieure, parce que le câble d’un casque peut parfois passer devant l’écran et gêner quand le téléphone est tenu à la verticale. Mais c’est un détail bien insignifiant.

Ensuite, vous retrouvez le double haut-parleur frontal qui fait la renommée des Xperia depuis de longues années. Certes, la configuration est légèrement asymétrique, puisque le haut-parleur caché dans l’écouteur téléphonique est plus petit. Mais la stéréo est de bonne qualité. Le son est détaillé, même en montant au-dessus de la moitié du curseur. Et grâce à l’orientation des haut-parleurs, vous ne perdez aucun détail. Sony est aujourd’hui la dernière marque à proposer des haut-parleurs frontaux. Bravo !

Troisième détail important, le Xperia 5 V profite, comme tous ses prédécesseurs, d’un bel éventail de fonctions logicielles. Nous retrouvons la compatibilité LDAC et Dolby. Ce dernier intègre plusieurs profils audio spécifiques selon les contenus, ainsi qu’un profil personnalisé comprenant un égaliseur complet et une gestion des effets. Ces profils concernent les accessoires audio externes, mais aussi les haut-parleurs du téléphone. Le Xperia 5 V est également compatible DSEE Ultimate pour améliorer les contenus standard et audio spatial (360 Reality Audio).

Autre détail intéressant du Xperia 5 V : l’arrivée d’un micro pour la captation vidéo. Il est situé entre les deux modules photo, à droite du flash. Ce micro améliore vraiment la qualité de la prise de son quand vous faites des vidéos. Cet équipement manquait beaucoup à l’arsenal de Sony dans les générations précédentes du Xperia 5. Rappelons que le Xperia 1 V est également le premier smartphone de Sony à disposer de ce micro dorsal.

Photo

Finissons ce test avec la photographie, un sujet extrêmement paradoxal pour Sony. En effet, la firme japonaise, experte de la discipline tant sur les boîtiers reflex avec la gamme Alpha que sur la conception de capteurs avec les Exmor, ne parvient plus à s’imposer dans les classements des photophones. En cause ? Principalement la stratégie de la marque vis-à-vis de l’interface utilisateur. Il y a encore peu, il existait une dichotomie dans les Xperia : une appli appelée « Photo Pro » reprenant l’interface des DSLR experts et une appli « basique » directement reprise d’Android Stock.

La première prend de chouettes photos, à partir du moment où vous savez la maitriser. La seconde prend de belles photos dans des situations faciles, mais décroche dès que cela devient plus compliqué. Les deux applications ont ensuite fusionné. Et, en théorie, l’intention était bonne : réunir les experts et les néophytes autour d’une même interface. Sauf que ça ne marche pas. Si les habitués des Alpha s’y retrouvent toujours grâce aux modes experts, les néophytes sont perdus dans les réglages, tandis que le mode basic produit des photos un peu plates. Depuis le Xperia 5 IV, Sony retravaille les algorithmes du mode basic, améliorant petit à petit ses performances. Et c’est tant mieux.

Présentation du matériel

Avec le Xperia 1 V, un double travail a été fait. Au niveau logiciel, pour améliorer le mode basic. Et au niveau matériel, Sony suivant, avec plusieurs années de retard, la stratégie d’Apple sur la définition des capteurs. Fini les capteurs 12 mégapixels très lumineux, mais très limités. Bienvenue aux capteurs 48 mégapixels avec Pixel Bining, conjuguant détails, lumière et contrastes. Un changement dont hérite évidemment le Xperia 5 V. Et ça, c’est la bonne nouvelle.

La mauvaise, parce qu’il en a une mauvaise évidemment, c’est la disparition du module téléobjectif présent chez tous ses prédécesseurs. Un choix économique, pour réduire le coût du Xperia 5 V. Et un choix stratégique, les concurrents directs (iPhone 15, Galaxy S23, Xiaomi 14, ZenFone 10) étant dépourvus d’un tel équipement. Alors, pourquoi vouloir se différencier, n’est-ce pas ? Il s’agit là de la seule concession faite par Sony sur le Xperia 5 V. Un changement radical d’attitude de la part de la firme qui, jusque très récemment encore, préférait encore augmenter le prix de ses téléphones plutôt que de céder à une quelconque pression économique.

Voici la configuration du Xperia 5 V :

Côté logiciel, vous avez toujours Photo Pro. Ce dernier propose un mode basic assez chiche, puisque les modes que vous retrouvez habituellement chez les concurrents (nuit, portrait, macro, etc.) sont absents. Et vous y retrouvez aussi les modes experts hérités des boîtiers Sony Alpha. Les habitués seront donc en terrain connu. D’autant qu’ils permettent de débrayer totalement le module photo, notamment avec le mode M. Côté vidéo, vous pouvez choisir d’utiliser le mode basic de Photo Pro ou le mode complet de Video Pro.

Résultats des tests

Avant de démarrer, signalons que nos tests portent principalement, mais pas entièrement, sur le mode basic, puisque c’est celui qui est le plus pratique à utiliser tous les jours. Nous évoquerons les modes experts dans trois exercices distincts : la photo de jour, la photo de nuit et le portrait. De même, nous évoquerons Video Pro, équivalent de Photo Pro pour la captation vidéo, mais n’entrerons pas dans les détails.

Capteur principal, mode basic
Capteur principal, mode basic
Capteur principal, mode basic

De jour, le Xperia 5 V offre des résultats très naturels en journée. Le piqué est précis. Les couleurs sont belles. La plage dynamique est très large, avec de beaux détails dans les ombres. Et le niveau de détail est excellent. Et ce même en mode basic. Et ça, ça fait vraiment très plaisir. Pas besoin ici de passer sur les modes experts pour réaliser des clichés détaillés et lumineux. Et si vous trouvez que le HDR n’est pas assez prononcé ou que la colorimétrie est trop froide ou chaude, vous avez les styles créatifs accessibles directement dans l’interface.

Capteur ultra grand-angle à gauche, capteur principal à droite, mode basic
Capteur principal, mode basic

En soirée, il n’y a pas de mode nuit dédié. Vous avez simplement un bouton virtuel avec une petite lune. Par défaut, ce bouton est « activé » : automatiquement, le Xperia allonge la durée de la prise de vue pour augmenter la luminosité. En appuyant sur ce bouton, vous pouvez désactiver le mode. L’atout de cette solution est qu’elle s’adapte bien à la lumière ambiante : s’il y en a assez, le mode nuit ne s’active pas. Et vous conservez des clichés nocturnes naturels. L’inconvénient est d’être tributaire de la reconnaissance de scène : vous n’avez aucun contrôle sur le temps de pause.

Capteur principal, mode basic
Capteur principal, mode basic

Ce niveau de détail et ce naturel, nous le retrouvons dans les portraits qui sont très détaillés, naturels et bien équilibrés. Le détourage est précis (même si en soirée il y a quelques imperfections). Et les textures sont préservées. Comme toujours chez Sony, l’interface ne propose pas de « mode portrait ». Le bokeh, désactivé par défaut, s’active grâce à la touche dédiée de l’interface et un curseur permet de réduire ou augmenter son intensité. Même chose du côté selfie : les résultats sont bons, même si la colorimétrie du capteur dédié est un peu plus froide.

Capteur principal, mode basic, bokeh activé
Capteur principal, mode basic, bokeh activé

Le mode basic est devenu une vraie alternative aux modes experts. Voyez ci-dessous un comparatif entre le premier et deux modes experts : mode Auto et mode P. Et force est de constater que le mode basic se défend plutôt bien. Encore faut-il choisir avec soin l’endroit le Xperia fera ses réglages automatiques (ISO, balance des blancs, mise au point).

Capteur principal, mode basic (gauche), mode Auto (centre), mode P (droite)

Nous remarquons encore quelques petits points faibles, même en journée. D’un côté l’autofocus manque de précision et de réactivité. Les sujets en mouvement sont parfois flous et le Xperia ne réussit pas à capturer le bon moment. De même, en soirée, les sujets de certaines photos sont simplement flous. Attention donc aux portraits de nuit ! De l’autre, les contre-jour manquent de luminosité. L’appareil ne parvient pas encore à rééquilibrer l’afflux en provenance du soleil. En outre, nous constatons quelques aberrations optiques. Mais elles sont rares.

Capteur principal, mode basic

En l’absence de téléobjectif, le capteur principal se retrouve en charge des zooms. C’est un retour en arrière triste. Ici, vous êtes bloqué au zoom numérique 6x (soit l’équivalent d’un objectif 144 mm). Mais il sera difficile de zoomer au-delà du rapport 4x en journée et 2x en soirée sans subir un bruit prononcé qui va lisser les textures et les détails. En outre, en soirée, la luminosité perçue par le capteur est plus faible (puisque cela désactive le pixel bining). Le mode nuit automatique va parfois augmenter le temps de prise de vue, mais pas à 100 %.

Capteur principal, mode basic, zoom 2x
Capteur principal, mode basic, zoom 2x
Capteur principal, mode basic, zoom 2x (haut), 4x (bas gauche) et 6x (bas droite)
Capteur principal, mode basic, zoom 2x

Parlons également du capteur ultra grand-angle. De jour, il offre des résultats très similaires à ceux du capteur principal, une vraie prouesse. La colorimétrie est naturelle. La luminosité est maitrisée. Et le HDR n’est pas trop prononcé. Le redressement des distorsions est correct, mais pas parfait, notamment en soirée. La plage dynamique est légèrement moins étendue que celle du capteur principal. Le soir, le mode nuit va pratiquement toujours s’activer, révélant de nombreux détails. La gestion de la lumière est plus précaire. Mais le résultat est bien plus satisfaisant qu’avec d’autres modules ultra grand-angle.

Capteur ultra grand-angle, mode basic
Capteur ultra grand-angle, mode basic
Capteur ultra grand-angle, mode basic

Et si vous voulez faire un peu de photo de proximité, vous devez composer avec ce que vous avez sous la main. Nous vous conseillons d’utiliser le capteur principal avec léger zoom numérique (rapport 2x, c’est largement suffisant). Cela vous permet de profiter de la luminosité de son objectif et du piqué du capteur. Et vous éludez le problème de la longueur focale minimale de la mise au point.

Capteur principal, mode basic, zoom 2x
Capteur principal, mode basic

Enfin, en vidéo, le mode basic offre un résultat proche de celui de la photo. Vous pouvez filmer jusqu’en 4K à 120 images par seconde sur le capteur principal, le capteur selfie et le capteur ultra grand-angle. Vous avez un mode ralenti, bien sûr. Les filtres créatifs sont également présents. Vous pouvez choisir d’utiliser le micro arrière seul ou avec le micro principal pour un effet stéréo. Et le mode portrait est également disponible. C’est très complet, malgré les apparences.

Conclusion

Le Xperia 5 V est un bon smartphone. Belle alternative à un iPhone 15, un Pixel 8, ou un ZenFone 10, il tente de se distinguer de la concurrence grâce aux atouts de la maison « Sony ». Une vraie appétence pour le cinéma, la musique et la photo. Voire le jeu vidéo, même s’il est toujours étrange de constater que PlayStation a une si petite place dans l’écosystème! Le Xperia 5 V profite de belles améliorations et des ajouts qui valent le coup : le nouveau capteur photo 48 mégapixels du Xperia 1 V, le micro dédié à la captation vidéo et surtout la qualité photo du mode basic. Ce qui en fait un très bon téléphone. Mais un téléphone qui n’est pas encore parfait. Il manque encore certaines fonctions importantes, comme le support du LTPO, une vraie charge rapide, un période de mise à jour plus longue ou encore l’intégration de 12 Go de RAM. Et nous sommes peinés par la disparition du module téléobjectif.

Sony Xperia 5 V - Ecran 6.1 Pouces 21:9 CinemaWide HDR OLED - 120Hz - Triple Longueur Focale (avec capteur Nouvelle génération & ZEISS) - Android 13 - Noir
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