Test Poco M4 Pro 5G : tout juste ce qu’il faut

Notre avis

Avec le Poco M4 Pro, Xiaomi livre un smartphone à moins de 300 euros qui mise sur un design “détonnant” et un SoC livrant des performances honorables dans cette gamme de prix. Mais cela suffira-t-il pour en faire un appareil abordable exempt de tout défaut, notamment en termes de photos et d'autonomie ? Nous avons testé le Poco M4 Pro et vous proposons un compte-rendu complet au terme de 2 semaines d'utilisation.

Xiaomi a récemment levé le voile sur le Poco M4 Pro, un smartphone vendu dans sa plus grosse configuration à 270 € et offrant un SOC Dimensity 810 épaulé par 6 Go de RAM et 128 Go de stockage. Avec ce modèle, on est clairement sur le haut du panier de l'entrée de gamme (ou le tout début du milieu de gamme, c'est selon). Cependant la marque joue sur un design affirmé pour tromper les détracteurs. Alors, le Poco M4 Pro arrive-t-il à faire illusion ? Est-il suffisamment performant au quotidien ? Nous avons testé l'appareil sous toutes les coutures durant deux longues semaines et vous livrons toutes nos conclusions.

Notre test complet du Poco M4 Pro 5G

Prix et disponibilité

Le Poco M4 Pro est disponible en trois coloris : jaune, bleu glacier et noir. Ces trois coloris offrent également deux configurations différentes :

À noter qu'une promotion est actuellement proposée, réduisant de quelques euros le prix des deux configurations, respectivement de 219,99 € et 239,99 €. Vous pourrez retrouver le Poco M4 pro directement sur le site officiel de Xiaomi / Poco, mais également chez Amazon ou AliExpress.

Design et prise en main

Côté unboxing, pas de grandes nouveautés. Xiaomi reste sur le contenu habituel de ses boîtes. Pour 270 € vous aurez accès à un kit somme toute très complet, qui comprend le smartphone bien entendu, mais également un câble USB A vers USB C blanc, ainsi qu'un adaptateur secteur capable de délivrer 33W pour une recharge rapide. On trouve également un kit de documentation, un éjecteur de tiroir à carte nano-SIM et Micro-SD, une coque transparente en plastique souple et une petite planche de stickers Poco. L'un des stickers montre clairement le leitmotiv de ce M4 Pro, puisqu'il affiche la mention « everything you need, nothing you don't », que l'on peut littéralement traduire par « tout ce dont vous avez besoin, uniquement ».

Le Poco M4 Pro mesure 163,56 mm de hauteur, 75,78 mm de large et 8,75 mm d'épaisseur. Le tout faisant un poids tout juste en dessous de la barre des 200 grammes. L'appareil pèse très exactement 195 grammes. Un beau bébé, dont la face avant ne se démarque pas particulièrement des autres propositions du marché. On y retrouve un grand écran LCD de 6,6  pouces poinçonné en haut pour y loger la caméra selfie. Comme à l'accoutumée sur les smartphones Android d'entrée et de moyenne de gamme, le cadre de l'écran est composé de trois bords relativement fins et d'un menton sensiblement plus épais. Une formule dont on a l'habitude et qui reste très fonctionnelle.

Un petit tour des tranches de l'appareil nous permet de découvrir l'ensemble des boutons et connexions disponibles sur ce Poco M4 Pro. À droite, on peut retrouver les habituels boutons de gestion de volume, ainsi que les boutons de mise sous tension et de mise en veille. Ce dernier offre également le moyen de déverrouiller l'appareil via l'empreinte digitale du propriétaire. Notons que ce même bouton semble souffrir d'un certain “jeu” par rapport à la coque : le bouton bouge donc énormément et émet un son de cliquetis à chaque fois que l'on pose ou prend l'appareil, ou lorsqu'on déverrouille ce dernier.

À gauche, on peut retrouver le tiroir à cartes au format combo : il permet soit d'intégrer deux cartes  Nano-SIM, soit une carte Nano-SIM et une carte Micro-SD. La ranche supérieure laisse place à un haut-parleur, un émetteur infrarouge et un micro permettant la réduction de bruit lors des appels. Quant à la tranche inférieure, elle offre un micro, un port de recharge et de synchronisation USB-C, un haut-parleur et pour finir, une prise JACK TRRS en 3,5 mm.

C'est cependant par son dos que l'appareil se différencie. Un smartphone « designed by Poco » qui joue le bi-ton. Rappelons que trois coloris sont disponibles : noir, jaune et ce bleu glacier que nous avons en test. Mais difficile de ne pas passer à côté de cet “énorme” bloc photo affublé du logo de la marque qui, au premier regard, rappelle les codes designs que l'on peut retrouver sur le Xiaomi Mi 11 Ultra. En revanche, comme il s'agit d'un modèle beaucoup moins onéreux, le Poco M4 Pro n'offre que deux capteurs photo.

Si le design du Poco M4 Pro 5G est à l'appréciation de chacun, il est difficile de comprendre ce choix qui vient alourdir grandement le dos du smartphone. Sur les 5 « zones » où l'on pourrait s'attendre à trouver des capteurs, seulement 2 sont utilisées, les autres ne servant qu'à l'équilibre. On y retrouve néanmoins le flash, un point rouge et la mention « AI ».

Dès la prise en main, le soufflet retombe. Nous sommes bien sur un smartphone d'entrée de gamme. Si, dans l'absolu, les boutons tombent bien sous les doigts et le smartphone est bien équilibré, la sensation du dos en plastique brossé rend l'expérience assez désagréable, presque repoussante pour qui est un peu sensible au toucher.

Un autre souci, induit par cet effet de plastique « brossé », réside dans le fait que le smartphone a la fâcheuse propension à glisser des mains. Il convient donc de le tenir fermement, afin de s'assurer de ne pas le faire tomber sous peine d’abîmer la machine. Cependant, cette texture offre au moins un bon point : l'absence de traces de doigts au dos du smartphone. Après des heures d'utilisation, aucune marque d'empreinte digitale n'est visible.

Écran

Le Poco M4 Pro offre une grande dalle LCD en technologie DotDisplay de 6,6 pouces, proposant une définition Full HD+ de 2400 x 1080 pixels, pour une densité de 399 pixels par pouces. Côté rafraîchissement, la dalle dispose d'une fréquence de 90 Hz à l'affichage et de 240 Hz d'échantillonnage tactile.

La navigation se révèle fluide et rapide dans la majorité des cas, offrant une expérience de visionnage très agréable. Côté affichage, les détails sont précis pour de la FHD+. Les couleurs sont vives et chatoyantes et le ratio de contraste est très convaincant, si bien qu'il a fallu y regarder à deux fois pour savoir si la dalle était OLED ou LCD (de l'OLED à ce prix aurait été surprenant, mais tout est possible avec Poco). Cependant, les blancs sur le calibrage d'usine ont une fâcheuse tendance à tirer vers le bleu. Un tour dans les réglages de l'appareil permet de corriger rapidement le souci et de rééquilibrer les blancs. Au-delà de ça, la dalle offre une large couverture de la gamme DCI-P3 avec 99% de couverture.

Point négatif : côté luminosité, l'écran est un peu terne et sombre, même en luminosité maximale. Avec seulement 500 nits, et lorsqu'on est habitué à des écrans bien plus lumineux, la différence en est presque choquante. Attention donc aux journées ensoleillées.

Son

Le Poco M4 Pro offre un son stéréo. Si ce point est assez rare pour un smartphone d'entrée de gamme, autant vous le dire tout de suite, c'est l'un des moins bons que l'on peut trouver sur un smartphone. Si l'équilibrage est simplement absent, les basses le sont aussi. Les fréquences sont mal restituées et l'impression d'écouter à travers une boite de conserve est omniprésente. Dès qu'on atteint les 50% du volume, le son grésille dans les hauts médiums et les aigus, et une distorsion sévère vient entacher l'écoute. Heureusement, Xiaomi a doté l'appareil d'une prise jack et de la norme Bluetooth, qui vous permettra de connecter un casque ou une enceinte.

Hardware et performances

Pour faire tourner le Poco M4 Pro, Xiaomi s'est basé sur un SOC Dimensity 810 gravé en 6 nm, combinant une partie CPU octo-core capable d'atteindre une fréquence de 2,4GHz et d'un GPU ARM Mali-G57. Le tout est assisté de 4 ou 6 Go de RAM en LPDDR4. Côté stockage, que ce soit dans la version 64 Go ou 128 Go, vous aurez droit à de la mémoire UFS2,2. Pour notre version, c'est une version dotée de 6Go de RAM et de 128 Go de stockage qui nous a été fournie.

À l'usage, le Poco M4 Pro s'en sort plutôt bien, même si on peut noter çà et là quelques ralentissements à l'ouverture des applications, ou lors du lancement du panneau de gestion des applications ouvertes en arrière-plan. Pour une utilisation standard (comprenez “sans jeux 3D trop gourmands”), le téléphone réussira à satisfaire vos attentes. Pour vous donner un point de comparaison, dans la majorité de nos benchmarks, le Poco M4 Pro arrive à atteindre des scores légèrement supérieurs à ceux d'un Samsung Galaxy A22. On observe donc un score GeekBench 5 de 592 en Single Core, et de 1790 en multi-core.

N'espérez donc pas jouer à Genshin Impact en qualité maximale, mais vous pourrez tout de même apprécier le titre en qualité graphique « très faible » de façon fluide, ce qui est assez rare pour être noté. Call of Duty mobile offrira une expérience agréable avec des graphismes réglés en médium, même si quelques ralentissements se font ressentir de temps à autre. Pour finir, Asphalt 9 offre des sessions de jeu convaincantes.

On s'en doutait, le Poco M4 pro est loin d'être le plus performant, mais il réussit là où d'autres échouent. Genshin Impact constituant un benchmark à lui tout seul. Rares sont les téléphones d'entrée de gamme permettant d'offrir un jeu fluide, même avec les graphismes au plus bas. Le Poco M4 Pro lui, y arrive assez bien pour que le titre de MiHoYo soit jouable. Ce dernier offre donc un combo SOC+RAM équilibré et dont la symbiose permet des performances très appréciables au regard du prix pratiqué.

Notez cependant que le constat risque d'être sensiblement inférieur si vous choisissez la version équipée de 4 Go de mémoire vive uniquement. Nous vous recommandons grandement de vous orienter vers le modèle équivalent à celui que nous avons testé.

Batterie et autonomie

Pour alimenter le Poco M4 Pro, Xiaomi a choisi un accumulateur de 5000 mAh, qui vous offrira une autonomie respectable de deux jours avec une utilisation économe. Si vous avez tendance à beaucoup utiliser votre téléphone dans la journée, comptez une journée complète, pas plus.

Le bloc de charge délivrant 33W vous permettra de recharger 50% de la batterie en une trentaine de minutes, et il faudra une heure et quart pour charger complètement le téléphone de 0% à 100%. On se retrouve donc avec un téléphone qui se place dans la moyenne par rapport à la concurrence. Il n'en fera ni moins ni plus.

Réseau et connectivité

Le Médiatek Dimensity 810 permet une connectivité 5G, vous pourrez donc profiter de l'ensemble des bandes de fréquences Sub-6 disponibles en France. Vous retrouverez également une compatibilité Wi-Fi 5 (802,11ac), du Bluetooth 5,1 et une puce NFC.

Pour ce qui est des appels, lors de nos tests, nous avons constaté que la réduction de bruit affectait parfois la voix, la rendant un peu saccadée dans des zones urbaines très bruyantes. En revanche, dans un environnement plus calme, les communications sont de bonne qualité.

Environnement

Le Poco M4 pro est basé sur Android 11 avec la surcouche habituelle de chez Xiaomi, MIUI, ici en version 12.5. On ne présente plus cette interface qui reste agréable à utiliser dans l'ensemble. Cette dernière est visuellement soignée et l'on retrouve un centre de contrôle au design proche de celui d'iOS très agréable et compréhensible.

Le tiroir des applications offre une organisation automatique des applications par type (jeux, divertissement, médias, photo, etc.), qui simplifie la recherche d'apps et la navigation. Cependant, il y a encore trop de bloatwares : pas moins d'une trentaine si l'on compte les applications livrées par Xiaomi, les réseaux sociaux et services de VOD et les jeux préinstallés. C'est beaucoup trop, et toutes ces applications entachent grandement l'effet de propreté qui est agréable au premier allumage.

Photographie

Comme pour le son, ne vous attendez pas au photophone de l'année. Le Poco M4 Pro offre deux capteurs dorsaux :

Pour finir, vous retrouverez une caméra selfie de 16 Mpx ouvrant à f/2,45. Malgré le faible nombre de capteurs photo, on salue cependant l'intégration d'un ultra grand-angle sur la gamme Poco M, qui vient remplacer la caméra macro de 2 Mpx sur l'itération précédente.

Photo prise avec le capteur principal.

Rentrons dans le vif du sujet avec le capteur principal. Si les clichés qui en ressortent restent tout à fait corrects, on est très loin de ce que sait proposer Xiaomi sur ses photophones. Ce n'est de toute façon pas la prétention du M4 pro. Les photos bénéficient d'un boost de saturation des couleurs afin de redonner un peu de vie à des clichés qui n'ont rien d'époustouflant.

Photo prise avec le capteur principal.

On remarque d'emblée une perte de détails dans les zones où la couleur est « unie » à cause d'un lissage logiciel un peu trop présent, un HDR qui a du mal à tenir le cap et une distorsion présente sur les bords de l'image. Il est également à noter que la stabilisation se révèle presque absente, offrant dans la quasi-majorité des cas des clichés un peu flous. En intérieur ou en extérieur, les clichés semblent sombres et ternes (NDLR : pour sa défense, la luminosité générale et la météo actuelle n'aident malheureusement pas).

Photo prise avec le capteur principal.

L'ultra grand-angle ne viendra pas remonter le niveau, ce dernier proposant une ouverture moins grande. Il captera inévitablement moins de lumière, et les photos prises avec ce dernier vous le rappelleront directement. Elles seront plus ternes et plus sombres qu'avec le capteur principal. Également, on pourra noter dans les 4 coins de l'image une légère distorsion de l'image. Tout comme avec le capteur principal, le lissage logiciel est trop présent, offrant donc des clichés sans piqué et très plats. On retrouvera également des aberrations chromatiques sur les lignes verticales.

Photo prise avec le capteur principal.

En mode nuit, le Poco M4 souffre de l'ensemble des soucis cités précédemment, auxquels il faut ajouter que vous aurez du mal à obtenir des clichés exploitables. Le temps de pose relativement long rend le maintien du cadre difficile et amène donc inévitablement à un flou et une perte de détail. Citons également l'apparition d'un grain sur l'ensemble du cliché, montrant à quel point les capteurs atteignent leurs limites.

Photo prise avec le capteur ultra-grand-angle.

Un point sur la caméra selfie de 16Mpx : celle-ci offre cependant des photos de bonne facture sans être impressionnantes. La faute à un autofocus qui peine à faire son travail. Le HDR est rapidement en difficulté lors de grandes différences de lumières dans une scène, et des pertes d'informations dans ces conditions sont à prévoir dans les zones les plus claires ou les plus sombres de l'image.

Photo prise avec le capteur avant (selfie).

Notre Verdict

Le Poco M4 Pro est un téléphone d'entrée de gamme. Il ne sera le meilleur ni sur le son délivré par les haut-parleurs, ni même sur la partie photo. Mais il offre tout de même une dalle de 6,6 pouces d'excellente facture, couplée à des performances honorables au regard de son prix.

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