TikTok : le Sénat ouvre une enquête pour évaluer les dangers de son algorithme
C’est au tour du Sénat de se pencher sur le cas épineux de TikTok. L’institution a en effet ouvert une enquête s’intéressant au fonctionnement de l’application la plus populaire du moment, notamment son algorithme aux nombreuses zones d’ombres. L’objectif est désormais de déterminer si le réseau social respecte la législation française en matière de censure et de protection des utilisateurs.
N’importe quel utilisateur de TikTok vous le dira sans sourciller : ce qui fait la force du réseau social, c’est la précision inégalée de son algorithme. Chaque fil d’actualité est unique et, après seulement quelques heures de scrolling, colle parfaitement aux centres d’intérêt de la personne tenant le smartphone. Une telle puissance soulève nécessairement des questions sur les moyens mis en œuvre pour obtenir ce résultat, sans compter l’origine chinoise de l’application qui lui fait défaut depuis ses débuts.
Si les États-Unis affichent depuis un certain temps leur méfiance envers le réseau social, l’Europe l’a rejoint depuis peu, notamment en interdisant son utilisation aux membres de la Commission. En France, la CNIL s’intéresse également à l’utilisation que fait l’application des données personnelles de ses utilisateurs, et l’organisme de régulation n’est désormais plus seul. En effet, le Sénat a annoncé l’ouverture d’une enquête visant à déterminer les tenants et aboutissants de ce fameux algorithme.
Le Sénat va passer au crible fin l’algorithme de TikTok
Concrètement, les sénateurs ont désormais pour mission de découvrir « si ces différences de fonctionnement ont pour objet ou pour effet de servir une stratégie tendant à porter atteinte aux utilisateurs étrangers de TikTok, à la cohésion ou à la sécurité des États étrangers ». Pour ce faire, ils auront recours à plusieurs auditions d’experts sur le sujet, dont le premier, Marc Faddoul, a déjà eu l’occasion de rencontrer les enquêteurs.
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D’après le chercheur en intelligence artificielle, spécialiste des algorithmes, il est impératif de se méfier des méthodes employées par TikTok. Si les réseaux sociaux américains sont également à surveiller sur ce point, Marc Faddoul explique que le gouvernement chinois a très certainement une influence sur le fonctionnement de l’application. Et ce dernier de citer des exemples de censures survenues par le passé, notamment concernant des contenus à propos des Manifestations de la place Tian’anmen.
Ce n’est d’ailleurs pas la seule zone d’ombre de l’algorithme qui inquiète l’expert. En effet, celui-ci a également alerté les sénateurs sur le principe de « heating ». Pour rappel, il s’agit d’un procédé qui permet aux employés de TikTok de rendre n’importe quelle vidéo virale, simplement en cliquant sur un bouton. « Nous n’avons pas la preuve que des messages politiques ont été poussés ainsi, mais la fonctionnalité existe », souligne Marc Faddoul.
La France rejoint les suspicions autour de TikTok
« Nous ne sommes pas en mesure d’affirmer que TikTok n’est pas un instrument potentiel de désinformation ou de manipulation au profit de régimes non démocratiques ni que son utilisation est sûre au regard de la nécessaire protection des données », a ainsi déclaré le sénateur Malhuret.
TikTok n’a désormais plus le choix : l’application va devoir se dévoiler un peu plus auprès des autorités si elle souhaite continuer à prospérer en France, et plus généralement en Occident. À ce titre, la firme chinoise s’est lancée dans une tournée européenne afin de rassurer les organismes de régulations. Ce vendredi 10 mars, Jean-Noël Barrot, ministre de la Transition numérique, a ainsi rencontré Erich Andersen, secrétaire général de TikTok.
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Une réunion qui s’est soldée par une annonce de taille pour le réseau social, qui avance désormais avoir trouvé un partenaire chargé de veiller au respect de la législation européenne en matière de protection des données. Ce lundi, c’est Roch-Olivier Maistre, président de l’Arcom, qui a pu s’entretenir avec le porte-parole. Le compte à rebours est désormais lancé.