Tim Berners-Lee, inventeur du web, est “dévasté” par ses dérives et va créer un nouvel internet
Tim Berners-Lee, l'inventeur du World Wide Web, a fait une intervention très remarquée lors du Decentralize Web Summit. Devant une audience captivée, il s'est dit “dévasté” par ce qu'est devenu le web, son bébé. À soixante-trois ans, il prépare un nouvel internet qui redonne le pouvoir aux internautes.
Les interventions de l'inventeur d'internet ne sont pas fréquentes, mais lorsqu'il s'exprime il fait sensation. Invité au Decentralize Web Summit, le britannique de soixante-trois ans est revenu sur sa vision de ce qu'est devenu internet. Il est littéralement “dévasté”. L'internet tel qu'il est aujourd'hui est bien loin de ce qu'il avait imaginé.
A l'origine, Tim Berners-Lee voyait internet comme un bien public. Au début des années 1990, il présente un projet à son employeur, l'Organisation européenne pour la recherche nucléaire (Cern). Son but : démocratiser l'accès à Arpanet mais surtout verser son invention dans le domaine public. Il parvient à convaincre le Cern. Internet est né. N'importe qui dès lors qu'il a une connexion internet peut y accéder gratuitement. Les développeurs peuvent créer des applications, blogs etc.
On changeait la distribution de la valeur de quelques médias à des milliers de sites, ce qu'on appelait à l'époque la longue traîne.
Tim Berners-Lee commet une seule erreur : il ne perçoit pas que certains acteurs vont surclasser les autres. Il ne reconnaît plus le web tel qu'il l'avait imaginé. Si le principe des réseaux sociaux est une bonne chose, l'aspect commercial et publicitaire le dévaste. La domination des géants du web ne lui plaît pas non plus. Les conséquences de leur inaction (et de celle des autorités) à des fins lucratives donne lieu à des phénomènes désastreux : manipultion des élections, surveillance, discours haineux décomplexés etc. Il soutient donc assez logiquement tous les projets visant à réguler ces dérives, notamment la RGPD.
Projet Solid : redonner le pouvoir aux internautes
Si certaines choses évoluent dans le bon sens, l'inventeur d'internet n'est pas pour autant pleinement satisfait. Pour changer les règles du jeu, il développe depuis 2016 au MIT le projet Solid. Derrière ce nom qui aurait sans doute plu à Stark Industries se cache une architecture qui découple applications et données. Plus simplement, chaque individu est propriétaire de ses données. Il choisit sa manière de les stocker : en local sur ses propres appareils, ou sur un service dans le cloud de son choix. Mais ces données sont conservées sur des sortes de capsules inviolables. Un “set de clés” lui permet ensuite de donner l'accès à certaines données aux services de son choix. Tim Berners-Lee explique :
Dans ce système, plus besoin d'être sur Flickr pour voir les photos de ses amis – il est possible d'utiliser une application concurrente pour les visionner
A l'heure actuelle, aucune date n'a été annoncée pour le déploiement de cette nouvelle architecture. Mais Tim Berners-Lee a tout de même laissé entendre que le projet Solid ne devrait plus tarder à voir le jour. Il espère proposer le premier compte d'ici quelques mois. On a hâte de voir ce que cela va donner. Et vous ?