Trump tente de détruire le Bitcoin dans ses derniers jours de présidence
Aux Etats-Unis, le gouvernement de Donald Trump introduit de nouvelles régulations autour des Bitcoin et des cryptomonnaies. Il s'agit notamment de fortement limiter les transactions au-delà de 10 000 dollars tout en obligeant les détenteurs de portefeuilles à s'identifier auprès de l'administration fiscale – alors que le cours du Bitcoin atteint de nouveaux sommets.
Si vous suivez l'actualité outre Atlantique vous avez sans doute déjà un bon topo de la situation. Malgré l'élection de Joe Biden et Kamala Harris, Donald Trump s'accroche pour l'instant au pouvoir et utilise ses prérogatives présidentielles tout azimut – que ce soit pour gracier des proches, membres de la famille ou de son équipe (alors qu'ils n'ont commis aucun crime, enfin officiellement…), ou pour multiplier les mines antipersonnel politiques, histoire, visiblement, de grever autant que possible la présidence de son prédécesseur.
Dans ce contexte étrange, l'administration américaine profite de ses derniers jours pour introduire une régulation choc des cryptomonnaies, dont les Bitcoin – dont la valeur atteint en ce moment des sommets. Au moment où nous écrivons ces lignes, un Bitcoin = 19 132.18 euros. Une excellente nouvelle pour les “holders” qui ont investi très tôt dans la cryptomonnaie. Or, si la dernière initiative de l'administration Trump arrive à son terme, il se pourrait bien, en guise de cadeau de Noël, que la fête se termine subitement.
Les Etats-Unis vont limiter les transactions à 10 000 dollars
La première mesure, potentiellement la plus grave pour les détenteurs de Bitcoin, ce sont l'introduction de limites contraignantes pour les transferts et conversions en dollars ou en autres cryptomonnaies équivalents ou supérieurs à 10 000 dollars. Dans ce cas, toutes les transactions seront reportées, ce qui implique que l'administration fiscale en aura vent, et qu'il risque d'y avoir taxation – et/ou des conséquences pour leurs détenteurs qui devront s'expliquer sur ces montants. Cette seule mesure risque de fortement limiter l'intérêt des Bitcoin et leur circulation.
Ce qui n'est pas bon non plus pour les détenteurs de Bitcoin à l'étranger puisque les Etats-Unis sont un vaste marché pour les cryptomonnaies et qu'une réduction de la fluidité des échanges peut potentiellement faire baisser la valeur des cryptomonnaies. Les détenteurs de porte-monnaies devront également fournir une preuve de leur identité aux bourses d'échange pour toute transaction de plus de 3000 dollars. Ces dernières devront désormais enregistrer tous les échanges, ce qui revient à en faire des sortes de banques. Ce qui est contraire à l'esprit de base des cryptomonnaies.
En un sens, réguler les cryptomonnaies est nécessaire. Celles-ci sont en effet parfois utilisées par des criminels ou peuvent servir à financer le terrorisme. Le problème est surtout le peu de temps que se laisse l'administration pour établir un texte réellement à la hauteur des enjeux, qui puisse vraiment stimuler un développement sain de ces cryptomonnaies, sans justement en diminuer l'attrait. Avec cette nouvelle régulation, poussée au travers du Financial Crimes Enforcement Network (FinCEN), l'administration américaine ne laisse que 15 jours aux acteurs de l'industrie pour commenter et tenter d'ajuster le texte. 15 jours… si on ne compte pas les jours fériés de la période.
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Mise à sac de l'anonymat
Ce qui est à l'évidence bien trop court. Plusieurs acteurs ont ainsi exprimé leur désapprobation. C'est notamment le cas de la célèbre bourse d'échange Coinbase, mais aussi de l'Electronic Frontier Foundation, une association de défense des libertés sur internet. On peut ainsi lire dans leur dernier communiqué de presse :
“ces développements sont une atteinte à la liberté de conduire des transactions en ligne de manière privée et une tentative d'étendre la portée de la surveillance financière des institutions bancaires aux cryptomonnaies. Les enregistrements financiers [qu'il faudra désormais révéler] contiennent quantité d'informations sensibles sur la vie des personnes, leurs croyances, et affiliations”.
Le Bitcoin s'est développé à l'origine dans un contexte de crise financière, pour répondre au besoin de contourner les banques et institutions financières classiques – tout en réduisant les coûts à tous les étages. Le système financier actuel implique en effet quantité d'acteurs qui prélèvent des commissions sur les échanges. Les Bitcoin ajoutent en prime un certain degré d'anonymat qui renforce la possibilité d'utiliser ces valeurs comme de vraies alternatives aux devises nationales sans attendre une évolution de leur cadre juridique.
C'est surtout ce dernier point qui semble gêner l'administration américaine, mais il y existe évidemment beaucoup d'approches possibles pour en limiter les effets néfastes. Reste à savoir si l'initiative de Donald Trump survivra l'administration Biden. Des conditions entourent en effet la mise en place de telles mesures – les Etats-Unis encadrent la portée des décisions arbitraires et l'absence de vrai débat contradictoire ne joue pas vraiment pour sa légitimité.
Source : The Verge