Une pénurie mondiale de puces pourrait bientôt avoir lieu, voici pourquoi
Alors que la visite de Nancy Pelosi à Taiwan hier a provoqué un séisme dans les relations internationales, le monde a les yeux fixés sur la situation critique en Asie, puisqu’elle pourrait bien provoquer une pénurie mondiale de semiconducteurs.
Nancy Pelosi,la présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, s’est récemment rendu à Taiwan hier, une visite suivie de près en ligne puisque plus de 300 000 personnes étaient présentes pour suivre le vol sur FlightRadar24. Pékin interprète cette visite, une première en 25 ans, comme un signe que les États-Unis s'opposent à la politique de la « Chine unique », et les relations entre les deux pays sont désormais au plus bas.
Une guerre en Asie pour le contrôle de Taiwan pourrait non seulement mettre à mal les relations mondiales, mais surtout provoquer une pénurie mondiale sans précédent de semiconducteurs. Le marché de la technologie serait alors paralysé bien plus fortement que ce que nous avons connu ces deux dernières années à cause de la pandémie de COVID-19. Pour rappel, le marché des smartphones est en chute libre, les ventes de la PS5 de Sony déçoivent et les cartes graphiques commencent seulement à retrouver des tarifs intéressants.
TSMC met en garde contre les risques d’une guerre entre la Chine et Taiwan
Le président de la Taiwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC), Mark Liu, a averti que les économies des deux côtés du détroit de Taiwan plongeraient dans la tourmente si la Chine envahissait Taiwan. En effet, dans une interview, Liu a déclaré que si la Chine envahit Taiwan, l'usine de fabrication de puces ne pourra pas fonctionner, car elle dépend des chaînes d'approvisionnement mondiales.
« Personne ne peut contrôler TSMC par la force », a déclaré Liu. « Si vous prenez une force militaire ou une invasion, vous rendrez l'usine TSMC inopérante ». « Comme il s'agit d'une usine de fabrication de pointe, elle s'appuie sur une communication en temps réel avec le monde extérieur, avec l'Europe, le Japon et les États-Unis, qu'il s'agisse de matériaux, de produits chimiques, de pièces ou de logiciels d'ingénierie et de diagnostic », a-t-il annoncé.
Selon lui, comme dans toutes les guerres, il n'y aurait « aucun gagnant » si un tel conflit se produisait, la Chine, Taiwan et l'Occident étant tous perdants. Ce scénario aurait des conséquences allant au-delà de l'industrie des semiconducteurs, entraînant la « destruction de l'ordre mondial fondé sur des règles ». L'année dernière, Taïwan a fabriqué plus de 60 % des semiconducteurs du monde. Liu a donc exhorté toutes les parties à trouver des moyens d'éviter la guerre afin que le « moteur de l'économie mondiale puisse continuer à tourer ».
La Chine n’aurait pas intérêt à déstabiliser TSMC, puisque le pays dépend également du fondeur. Selon l’entreprise, la Chine représente 10 % de son activité. Le président a précisé que TSMC ne travaille qu'avec le marché de consommation de la Chine, et non avec son armée. On espère que la situation géopolitique va s’apaiser dans la région.
Un conflit entre la Chine et Taiwan retarderait la sortie des prochains smartphones
Comme vous l’aurez compris, si TSMC devait arrêter sa production, de nombreux pays, dont la Chine, constateraient que soudainement, leurs composants les plus avancés ne seraient plus disponibles. Le monde ferait alors face à une pénurie de puces sans précédent, qui retardera ou annulera la sortie de plusieurs smartphones.
Parmi eux, on peut notamment citer tous les smartphones qui devaient utiliser des composants fabriqués par TSMC. C’est notamment le cas des Xiaomi 13, dont notamment le Xiaomi 13 Ultra qui arrivera en France en 2023, ou encore des Galaxy S23, qui ne devraient utiliser que le prochain Snapdragon 8 Gen 2 de Qualcomm.
En cas de guerre, Qualcomm devra confier la production de la puce à Samsung, mais les consommateurs pourraient bien ne pas apprécier cette décision. En effet, les smartphones Android haut de gamme de 2021 équipés d’un Snapdragon 8 Gen 1 avaient beaucoup tendance à chauffer à cause de la gravure de Samsung.
Quoi qu’il en soit, les États-Unis espèrent désormais délocaliser une partie de la production de TSMC en dehors de Taiwan. À cet égard, le Congrès américain a adopté la semaine dernière une loi de financement de 52 milliards de dollars, qui devrait aider TSMC et le géant des puces Intel Corporation à étendre leurs activités de fabrication en Amérique.