Uptobox : le site de téléchargement pourrait bientôt faire son retour, ce que l’on sait

Uptobox a fonctionné pendant plus d'une décennie, offrant aux utilisateurs un moyen facile de télécharger, de stocker et de partager des fichiers en ligne. Après avoir été forcé à fermer récemment, il pourrait finalement bientôt renaître de ses cendres.

En septembre 2023, le service d'hébergement de fichiers dans le nuage Uptobox s'est brusquement éteint après que plusieurs grandes sociétés de divertissement ont obtenu une ordonnance du tribunal pour saisir ses serveurs. Aujourd'hui, sept mois plus tard, les propriétaires d'Uptobox se battent pour remettre la plateforme en ligne et permettre aux utilisateurs de récupérer leurs données stockées.

Cependant, la plateforme a longtemps attiré l'attention des détenteurs de droits d'auteur qui prétendaient qu'Uptobox facilitait le piratage à grande échelle de films, d'émissions de télévision et d'autres contenus. La situation a atteint son paroxysme en septembre dernier, lorsqu'une alliance de studios hollywoodiens (Paramount, Warner Bros, Disney) et de géants de la diffusion en continu (Apple et Amazon) a convaincu un tribunal français d'accorder des pouvoirs de saisie étendus.

Uptobox a été forcé de fermer ses portes

Forts de cette décision de justice, les ayants droit se sont rendus dans deux centres de données de la région parisienne où ils ont physiquement débranché et confisqué les serveurs exploités par Uptobox. L'Alliance for Creativity and Entertainment (ACE), le groupe anti-piratage à l'origine de l'opération, a révélé que les “opérateurs criminels” étaient deux ressortissants français qui géraient la plateforme depuis Dubaï.

Au cours des six derniers mois, Uptobox est resté au purgatoire numérique alors que sa société mère Genius Servers Tech Fze, basée à Dubaï, se battait pour reprendre le contrôle et remettre le service en ligne, ne serait-ce que pour permettre aux utilisateurs de récupérer leurs fichiers personnels. Finalement, ce mois-ci, Genius Servers a plaidé sa cause pour la première fois devant un tribunal.

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Uptobox n’a pas dit son dernier mot

Lors d'une audience à Paris, l'avocat de Genius Servers, Thomas Chalanset, a fustigé la sévérité des saisies de serveurs effectuées à l'encontre d'Uptobox. Il a fait valoir que la mise hors service de l'ensemble de la plateforme sans avertissement constituait un abus, d'autant plus qu'aucune allégation d'activité illégale n'avait été portée contre Uptobox auparavant.

Chalanset a affirmé que cette action agressive menaçait d'”asphyxier” Uptobox en l'accablant de frais de serveur massifs de 75 000 dollars par mois, alors que la procédure judiciaire pourrait durer des années. Il a demandé au tribunal d'autoriser le retour d'Uptobox afin que les utilisateurs puissent au moins récupérer les données personnelles conservées sur les serveurs.

Cependant, le combat n’est pas encore gagné. L'avocat du studio a rétorqué qu'Uptobox allait bien au-delà de la simple location d'un espace de stockage dans le nuage, comme Google Drive. Selon eux, l'activité d'Uptobox était centrée sur la fourniture de fonctions spéciales destinées à faciliter le téléchargement de contenus piratés par l'intermédiaire de la plateforme.

Les avocats ont également affirmé que les fichiers supprimés par Uptobox à la suite de notifications DMCA étaient automatiquement restaurés dans les heures qui suivaient, ce qui suggère une facilitation délibérée du piratage. Ils ont également cité des rapports estimant que 84 % de tous les fichiers hébergés sur Uptobox contenaient du matériel protégé par le droit d'auteur.

Pour Uptobox, les contenus illégaux sont marginaux sur sa plateforme

Pour sa part, Uptobox a admis que certains utilisateurs se livraient certainement au piratage par l'intermédiaire de la plateforme. Mais elle affirme qu'il ne s'agit que d'une infime partie d'entre eux qui cherchent à gagner suffisamment de points “Premium” pour payer l'abonnement mensuel de 5 dollars.

L'équipe juridique d'Uptobox a présenté ses propres rapports d'experts pour contrer l'affirmation de 84 % de piratage. Une analyse a révélé que 73,5 % des fichiers hébergés n'ont jamais été téléchargés ou visionnés.

Crédits : 123RF

Ils ont également critiqué la méthodologie des studios consistant à visiter des sites pirates publics pour trouver des liens Uptobox illicites. Selon eux, cette approche fausserait naturellement les données en ne capturant que les fichiers illégalement partagés, et non le contenu privé ou non contrefait qui n'apparaîtrait pas sur de tels sites.

En fin de compte, Uptobox s'est positionné comme n'étant pas différent des fournisseurs de stockage sur le cloud, tels que Dropbox ou Google Drive, qui ont des utilisations légitimes, mais peuvent aussi héberger par inadvertance des contenus illicites. Des pirates avaient notamment réussi à utiliser le service de Google pour diffuser gratuitement des blockbusters en streaming illégal.

Surtout, la plateforme a déclaré qu'elle était toujours prête à répondre aux demandes de retrait lorsqu'elles lui étaient notifiées. Le tribunal doit maintenant déterminer si l'aveuglement présumé d'Uptobox en matière de piratage a justifié la confiscation musclée des serveurs, ou si une approche plus mesurée aurait pu permettre d'éviter la fermeture de l'ensemble de la plateforme et la mise en péril des données non contrefaites des utilisateurs.

Une décision est attendue dans deux mois pour savoir si les propriétaires d'Uptobox à Dubaï auront une chance de ressusciter le service, ou si cette décision marquera sa fin définitive. Sur X, Uptobox s’est voulu confiant : « Nous ne vous avons pas abandonné, nous poursuivons notre combat pour qu’une justice équitable et juste soit rendue. Nous portons vos intérêts très à cœur et faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour récupérer nos serveurs et restaurer l’accès à vos données, ainsi que rétablir notre image et notre réputation ».

Source : L'informé

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