Un vendeur de logiciel espion propose de “savoir si votre fils est gay”
Le vendeur du logiciel espion a un argument béton pour vous vendre sa solution : sans ciller il propose de “savoir si votre fils est gay”. La page suscite depuis une vague d'indignation jusqu'à celle de Marlène Schiappa, secrétaire d'Etat à l'égalité homme-femmes. Elle a été depuis supprimée de la version française du site. Mais reste disponible dans d'autres langues.
Il y a certains précédés commerciaux qui donnent la nausée. L'entreprise Fireworld vend sa solution de logiciels espions en optimisant au maximum sa position dans les moteurs de recherches – une technique bien connue qui s'appelle le SEO. Jusqu'ici rien de bien choquant : il s'agit de comprendre ce que les gens cherchent dans Google, et tenter de se placer dans les pages correspondantes de résultats.
Un éditeur propose de “savoir si votre fils est gay”
Sauf que certaines questions sont loin d'être innocentes, et ils ont créé sans la moindre hésitation une page “Comment savoir si mon fils est gay” – histoire d'être sûrs d'apparaître dans les résultats de recherche de Google. Malgré le caractère homophobe, stigmatisant (et accessoirement illégal) de la proposition. Et ce n'est pas tout : un bon contenu SEO est bien entendu accompagné de texte. Voici ce qu'on pouvait lire sur la page en question :
La priorité, c'est la famille. L'orientation sexuelle de votre progéniture vous est donc très importante, puisqu'ils seront directement responsables de la continuité de votre famille
S'ensuit des parties qui expliquent comment épier votre fils gay, donc : “surveiller s'il fréquente des forums pour les gays”, “voir s'il est gay en piratant un compte Facebook”, et bien sûr, “espionner ses messages avec un logiciel espion”. Pour cette dernière solution, Fireworld propose un keylogger, qui permet d'enregistrer la moindre touche pressée sur le clavier et donc retrouver ses mots de passe.
Evidemment, lorsque cette page a été découverte par le compte Twitter de l'association Amical Jeunes Refuge, qui accueille des personnes LGBT parfois maltraités par leurs parents à cause de leur orientation sexuelle, on comprend que ça ait fait rapidement scandale. Et de relever également qu'ils ne parlent que d'homosexualité masculine, ce qui est “assez révélateur”. L'affaire a enflé sur Twitter, jusqu'à remonter aux oreilles de Marlène Schiappa, secrétaire d’État à l’égalité entre les femmes et les hommes.
Elle estime que l'affaire “démontre qu'homophobie et sexisme prennent racines dans les mêmes stéréotypes de genre”. Bien sûr, il faut savoir que si vos parents s'adonnaient à ce genre de petit jeu à votre encontre, vous êtes en position de force : ces derniers s'exposent à des sanctions pénales. Car “l'enregistrement de parole sans le consentement” ou encore “la violation du secret de la correspondance” sont très sévèrement punis par la loi – passibles d'une peine d'un an de prison et d'une amende de 45.000 euros.
https://twitter.com/AmicaleRefuge/status/899675392516255746
https://twitter.com/AmicaleRefuge/status/899677724217937920