Voici à quoi servait le plus vieux “ordinateur” au monde, la machine d’Anticythère créée il y a plus de 2200 ans

On sait désormais à quoi servait le mécanisme d'Anticythère, considéré comme le plus ancien “ordinateur” du monde. Fabriqué au 2e siècle avant Jésus-Christ, il est resté une énigme pendant plus d'un siècle.

La machine d'Anticythere
La machine d'Anticythère / Crédits : 123RF

Ne croyez qu'il a fallu attendre le 20e siècle pour voir arriver les premiers ordinateurs. Ou plutôt calculateurs comme on les appelait à l'époque. Il y a en un qui date de bien avant notre ère puisqu'il est daté du 2e siècle avant Jésus-Christ : le mécanisme (ou machine) d'Anticythère. Ce nom vous dit peut-être quelque chose, surtout si vous avez été voir Indiana Jones et le Cadran de la destinée : il sert de base à l'objet que l’archéologue veut retrouver dans le film. À ne pas confondre avec le “grand cercle” du jeu vidéo éponyme.

La découverte de la machine par les autorités grecques remonte à 1900. Averties par des pécheurs ayant trouvé une épave romaine par 62 mètres de fond au côte nord-est de l'île d'Anticythère, elles la fouillent pendant un an et remontent notamment de nombreuses statuettes en bronze ou en marbre. En 1902, l'archéologue Valérios Stàis remarque des inscriptions et des engrenages dans un agglomérat rapporté du bateau. Après examen, on comprend qu'il s'agit d'un mécanisme oxydé dont on dénombre 3 morceaux principaux et 82 plus petits.

À quoi servait la machine d'Anticythère ? On a enfin la réponse

Depuis plus de 100 ans, les scientifiques s'interrogent sur l'utilité du mécanisme. La technologie évolue et grâce à une observation aux rayons X et une modélisation en 3D, on remarque que la présence d'orifices espacés de manière régulière. Jusqu'à présent, on estimait que la machine d'Anticythère en comptait environ 360, ce qui laissait penser qu'elle se basait sur le calendrier lunaire égyptien. Mais une recherche menée à l'Université de Glasgow remet le calcul en cause.

L'objet est trop abîmé pour que l'on puisse savoir avec une certitude absolue combien de cavités il contient. Mais grâce à la combinaison de deux méthodes, les chercheurs ont pu s'approcher d'un résultat quasi-sûr. D'abord, une analyse bayésienne a été menée. Elle permet de quantifier les orifices abîmés voire détruits. Il en ressort un total de 354 ou 355 cavités, avec une probabilité des centaines de fois supérieure à l'hypothèse des 360.

Crédits : Mathemalchemy

Ensuite, les équipes ont passé l'engin au détecteur d'ondes gravitationnelles LIGO pour déterminer l'espacement des trous. La conclusion tombe : la machine d'Anticythère se base sur le calendrier lunaire grecque et sert de calculateur permettant d’observer et de comprendre les phénomènes astronomiques. Notez que c'est déjà ce que l'on pensait depuis quelques années, sans pouvoir le démontrer avec autant de précision.

Un mécanisme qui recèle encore des secrets

L'analyse par le détecteur LIGO montre une remarquable symétrie. Sur un cercle de 77,1 mm de rayon, l'espacement moyen entre les trous est de 0,028 mm avec une marge d'erreur de 1/3 de mm environ. Joseph Bayley, co-auteur de l'étude, est assez stupéfait de ces résultats : “Cela m'a permis de mieux apprécier le mécanisme d'Anticythère ainsi que le travail et le soin que les artisans grecs ont mis à le fabriquer. La précision du positionnement des trous a dû nécessiter des techniques de mesure extrêmement précises et une main incroyablement sûre pour les percer“.

Il reste cependant une question essentielle en suspens : comment les Grecs ont-il pu construire une machine aussi sophistiquée à la main, sans l'aide des outils mécanisés dont on se sert aujourd'hui pour atteindre tel niveau de précision ?

Graham Woan, l'autre auteur de la recherche, estime que cette dernière servira de base pour répondre. “Nous espérons que nos découvertes sur le mécanisme d'Anticythère, bien que moins surnaturellement spectaculaires que celles d'Indiana Jones, nous aideront à mieux comprendre comment ce remarquable dispositif a été fabriqué et utilisé par les Grecs“.

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