Voitures électriques : l’installation des bornes vire au cauchemar en Europe et on sait qui est le coupable
Si en France, le développement du réseau de bornes de recharge se poursuit sans accroc, les choses sont plus compliquées en Europe, la faute notamment aux pénuries d'énergie et aux administrations des différents pays. Explications.
Comme vous le savez peut-être, le Parlement européen et les différentes Etats membres de l'UE ont signé un accord en mars 2023 qui prévoit notamment d'intensifier le développement des infrastructures de recharge électrique.
Ce dispositif affiche de grandes ambitions, avec un objectif principal : proposer au moins une borne de recharge tous les 60 km sur les principaux axes autoroutiers du Vieux Continent. Sur ce point, la France fait partie des meilleurs élèves. En effet et comme l'a révélé un rapport de l'Avère-France en juillet 2023, 99 % des aires d'autoroutes hexagonales sont maintenant équipées de bornes de recharge rapide pour les voitures électriques.
Dans le reste de l'Europe en revanche, les opérateurs de recharge sont confrontées à de nombreux problèmes qui transforment ce chantier en parcours du combattant. C'est en tout cas ce qu'expliquent nos confrères de Reuters dans un nouvel article. D'après l'agence de presse, les opérateurs rencontrent des difficultés croissantes pour réaliser des travaux ou tout simplement pour alimenter en énergie les bornes déjà existantes. La faute aux pénuries d'électricité qui touchent certains pays, mais aussi aux administrations.
L'installation des bornes vire au cauchemar administratif
Ainsi, l'Espagne fait partie de ces territoires où le déploiement des bornes a viré au cauchemar. Reuters rapporte le cas ahurissant du réseau Repsol. Alors que la société est à la tête d'un réseau de 1 600 bornes, seulement la moitié est opérationnelle. Les autres sont dans l'attente d'un raccordement au réseau électrique.
“Bien que les travaux d'installation d'une borne de recharge rapide et ultra-rapide ne nécessite que deux à trois semaines de travail, en raison des différentes exigences administratives en Espagne, l'ensemble du processus peut durer de un à deux ans”, affirme Repsol.
Ce constat est partagé par d'autres opérateurs de bornes de recharge. Selon eux, le délai pour installer une borne est passé de six mois en moyenne (permis de construire, liaison au réseau électrique, travaux, etc.) à deux ans aujourd'hui. “C'est Kafka qui répond à la transition énergétique. Nous avons tellement de choses qui jouent contre l'Europe, mais nous pourrions résoudre ce problème”, estime Lucie Mattera, secrétaire générale de ChargeUp Europe.
L'Allemagne aussi présente son lot de situations extravagantes, à l'image de cette station de recharge dont l'installation est restée au point mort pendant 10 mois à cause… d'un arbre (il s'agissait d'un espèce protégée). L'installation d'une autre station sur une autoroute très fréquentée a également pris 10 mois de retard, à cause d'une évaluation du bruit réalisée tardivement.
Un besoin urgent de standardisation
Pour les opérateurs de recharge, il est urgent que la Commission européenne légifère pour imposer des solutions standardisées entre les différents pays. L'idée étant de faciliter le processus d'installation des bornes. Pour vous donner un exemple, BP, un acteur majeur qui compte installer plus de 100 000 bornes en Allemagne, doit interagir avec plus de 800 fournisseurs d'énergie… Un véritable casse-tête.
“Beaucoup ont des exigences individuelles qui peuvent entraver considérablement les progrès. Il existe un besoin évident de plus de standardisation”, clame Stefan Van Dobshuetz, vice-président de BP Pulse Europe.
Source : Reuters