WhatsApp : les Etats-Unis veulent forcer Facebook à y intégrer un backdoor
WhatsApp et plus largement Facebook sont la cible de vives critiques du département de la Justice américain qui demande dans une lettre à la firme de Mark Zuckerberg de faire une pause dans le déploiement du chiffrement de bout en bout dans ses applications. Et exige que Facebook et les autres firmes de la tech américaine incluent un backdoor dans leur application de messagerie de sorte qu'il soit possible de contourner le chiffrement sur demande de la justice.
La charge vient du ministre de la Justice américain William Barr : celui-ci est sur le point de publier une lettre ouverte conjointe avec ses homologues britannique et australien contre le chiffrement de bout en bout. Ce n'est pas la première fois que la justice américaine critique le chiffrement de bout en bout. La passe d'arme entre le département de la Justice américain et les GAFAM dure en fait depuis plus d'une décennie.
WhatsApp : et si Facebook n'avait d'autre choix que d'y intégrer un backdoor ?
Selon l'administration, le chiffrement de bout en bout limite l'action de la justice lors de certaines enquêtes criminelles. En particulier en matière terroriste. Un problème dont il se plaint régulièrement : la dernière date de 2016 – on est en plein dans l'enquête sur les attaques de San Bernardino et le DOJ demande alors à Apple l'accès aux données de l'iPhone de l'un des terroristes. La firme de Cupertino s'y refuse, forçant le FBI à dépenser une somme extravagante pour accéder à ces données.
Cette fois-ci la cible n'est plus Apple, mais Facebook, qui pousse le chiffrement de bout en bout sur toutes ses applications. Et fournit un chiffrement fort par défaut dans l'application de messagerie WhatsApp. Le chiffrement tel que mis en place par Facebook empêche le réseau social de connaitre le contenu des échanges – même en cas de demande pressante de la justice. Dans un passage de la lettre ouverte, repris par ArsTechnica, William Barr s'en émeut :
“Les entreprises ne devraient pas délibérément concevoir leurs système pour empêcher toute forme d'accès au contenu, y compris pour prévenir et enquêter sur les crimes les plus sérieux. Cela fait courir un risque pour nos citoyens et sociétés en érodant nettement la capacité d'une entreprise à détecter et répondre à des contenus et activités illégales, comme l'exploitation et l'abus sexuel d'enfants, le terrorisme, et les tentatives d'adversaire étranger de mettre en défaut les institutions et valeurs démocratiques, en empêchant la poursuite des criminels et la sauvegarde des victimes. Cela contrevient également à la capacité des forces de l'ordre à enquêter sur ces crimes ou d'autres crimes sérieux. Les risques sécuritaires pour le public que posent les propositions de Facebook sont exacerbés par le contexte d'une plateforme unique qui combinerait des services de messagerie inaccessibles avec des profils ouverts, fournissant des voies uniques aux délinquants pour identifier et s'arroger nos enfants”.
Si Facebook écoutait le ministre de la Justice, il n'aurait d'autre choix que de modifier WhatsApp en profondeur, et notamment d'y inclure une sorte de backdoor pour permettre de le contourner dès que cela semble nécessaire. Mais cela ne semble pas encore d'actualité. Des responsables du réseau social ont vite réagi à la publication es extraits de cette lettre ouverte : “nous pensons que les gens ont le droit d'avoir des conversations privées en ligne, où qu'ils soient dans le monde. Comme les gouvernements américain et britannique le savent, le CLOUD Act autorise les entreprise à fournir les données disponibles en cas de requête légalement valide et ne les oblige pas à construire des back doors […] nous nous opposons fermement aux tentatives de gouvernement visant à construire des backdoor car cela mettre en péril la vie privée et la sécurité des personnes partout dans le monde”.
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Pour l'instant le chiffrement reste donc bien en place – mais l'enjeu est de taille, car si Facebook devait se conformer aux demandes de l'administration américaine, il y a fort à parier que ce changement serait appliqué partout dans le monde. Qu'en pensez-vous ? Partagez votre avis dans les commentaires.
Source : ArsTechnica