Xiaomi blacklisté : les États-Unis ont-ils peur de la suprématie tech chinoise ?

Et encore un : après Huawei, le géant chinois de la téléphonie Xiaomi vient d'être placé sur une liste noire de la part de l'administration américaine. L'entreprise est accusée d'être proche de l'armée de la République populaire de Chine, une situation que les États-Unis jugent comme une menace. Mais derrière ce bannissement ne se cacherait-il pas des enjeux purement économiques ?

Drapeau chinois
Crédit photo : Unsplash

Coup dur pour Xiaomi qui vient de se faire ajouter à la liste noire concoctée par les États-Unis. Xiaomi, considérée comme une “compagnie militaire communiste chinoise” par l'administration Trump, n'a plus le droit de recevoir de financement de la part d'investisseurs américains à compter du 11 novembre 2021. De quoi écorner la réputation du géant chinois et d'entamer le moral des troupes, puisque l'action Xiaomi a dévissé de 11% dès l'annonce de Washington. Car le capital de l'entreprise chinoise repose sur des fonds américains, et notamment d'entreprises comme All Blue Capital ou Morgan Stanley.

Xiaomi est blacklisté, mais s'en sort un peu mieux que Huawei

Néanmoins, la situation du géant chinois de la téléphonie n'est pas aussi catastrophique que celle que connaît Huawei depuis bientôt 2 ans. Ce dernier n'a plus le droit de négocier avec les entreprises états-uniennes, ce qui l'empêche notamment de faire du commerce avec Google. En conséquence de quoi, les smartphones Huawei sont désormais privés des services Google (GMS), ce qui n'est pas sans occasionner de sérieux problèmes pour le consommateur. Ce qui peut paraître un détail constitue un frein immense pour les utilisateurs, et ralentit considérablement les ventes de l'entreprise chinoise.

Les analystes estiment d'ailleurs que Huawei va atterrir à la 7e place du marché du smartphone en 2021 et qu'il enregistrera une baisse de 73% de ventes de téléphones 5G. Et pour l'heure, ce ne sont pas des solutions alternatives comme HarmonyOS, Petal Search ou l'AppGallery qui permettent réellement de combler l'absence d'Android ou des GMS.Xiaomi

Dans le cas de Xiaomi, il s'agit d'un bannissement purement “financier”. L'entreprise va pouvoir continuer à faire du commerce avec les sociétés américaines, et notamment Google. Il lui sera donc toujours possible d'installer les GMS sur ses smartphones, ce qui ne devrait rien changer pour les utilisateurs. En revanche, ces mises sur blacklist à répétition de la part des États-Unis à l'égard des entreprises chinoises ont de quoi sérieusement intriguer ? La question avait déjà été soulevée il y a deux ans avec Huawei, elle revient sur le tapis cette fois avec Xiaomi : sans prendre position pour l'une ou l'autre des parties, les États-Unis craignent-ils réellement pour leur sécurité, ou les enjeux sont-ils purement et simplement commerciaux ? Car ce bannissement de Xiaomi survient au moment où l'on s'y attendait le moins, alors qu'aucun suspicion ne plane sur le constructeur chinois et qu'il n'y a aucune affaire d'espionnage comme cela a pu être le cas avec Huawei il y a deux ans.

Quand les géants chinois se font bannir, à qui profite le crime ?

Huawei et Xiaomi ne sont pas les seuls à être dans la ligne de mire de l'administration Trump. Au total, ce sont 11 entreprises chinoises qui viennent d'être placées sur la liste noire des États-Unis. Il y a quelques mois, c'était l'application TikTok qui faisait les frais du “courroux” américain. Son cas n'est d'ailleurs toujours pas réglé.

La plus grande puissance mondiale craindrait-elle réellement la montée en puissance de la Chine dans le monde des nouvelles technologies ? En moins de 10 ans, Xiaomi comme Huawei sont devenus des acteurs majeurs du monde de la tech. Si le grand public connaît Huawei pour ses téléphones performants et innovants, le constructeur est aussi une entreprise bien implantée dans le domaine plus large des télécommunications. On lui doit notamment le développement d'infrastructures 3G, 4G et plus récemment 5G. Quant à Xiaomi, le fabricant est présent sur tous les fronts, lui qui compte plus de 5 000 produits à son catalogue.

Outre-Atlantique, il est probable, pour ne pas dire certain, qu'on voit cette montée en puissance d'un très mauvais œil. Apple n'est “que” le 4e plus gros vendeur de smartphones au monde, malgré des ventes sans précédent de l'iPhone 11 l'année dernière. Lorsque les États-Unis interdisent tout commerce entre Huawei et Google, les utilisateurs se tournent soit du côté d'un smartphone Android concurrent (un Xiaomi, au hasard), soit du côté d'Apple. De quoi permettre à l'entreprise de Curpertino de gagner encore un peu plus de parts de marché. Et si Xiaomi venait à être écarté, il ne resterait plus grand monde sur l'échiquier à part Samsung.

Des entreprises américaines qui ont le champ libre

Même constat pour TikTok, qui appartient à ByteDance, une entreprise valorisée à plus de 100 milliards de dollars, mais non côté en bourse. La plateforme sociale de vidéo préférée des adolescents a connu en 5 ans un succès fulgurant. Mais son origine chinoise à de quoi fortement déplaire aux entreprises et aux autorités américaines. Aujourd'hui, qu'il s'agisse de YouTube avec la fonctionnalité Short, ou l'entreprise américaine reddit qui rachète Dubmash, chacun tente de s'équiper des meilleures armes pour concurrencer TikTok. Son bannissement sol américain permet de redistribuer les cartes… En faveur de compagnies états-uniennes, bien évidemment.

Maison blanche
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Rien ne dit en revanche que les entreprises américaines tirent les ficelles. Mais le constat est là : lorsqu'une société chinoise est évincée du sol américain, c'est souvent, pour ne pas dire toujours, au profit d'une entreprise américaine. Le départ de Donald Trump de la Maison-Blanche va-t-il interrompre cette hécatombe en règle ? Pas sûr pour le moment. Cinq jours avant son éviction de la Maison-Blanche, on imagine mal Donald Trump prendre des sanctions à l'égard de Xiaomi si celles-ci devaient être immédiatement levées par Joe Biden. À moins d'un extraordinaire revirement de situation, il risque de couler de l'eau sous les ponts avant que Huawei, Xiaomi et tous les autres reviennent dans les bonnes grâces de la première puissance mondiale.


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